A retenir cette effroyable boucherie commise samedi soir par l'armée d'occupation israélienne et qui a coûté la vie à 37 personnes d’une même famille à Jabaliya, au nord de la Bande de Ghaza. Il s’agit de la famille de Jamal Eddine Salim Abu Aïta, propriétaire d’une laiterie.
Hier, dimanche, en pleine «célébration» du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, les forces d’occupation sionistes ont continué à semer sauvagement la mort à Ghaza. Un acharnement encouragé par le veto américain, vendredi, à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un «cessez-le-feu humanitaire immédiat». Et voilà l’espoir d’une pause humanitaire qui s’effondre, et le peuple de Ghaza qui n’aura décidément guère le temps de souffler et de panser ses plaies béantes.
Ghaza transformée en nécropole géante. Entre bombardements hystériques, campagnes d’arrestation massives, hôpitaux submergés, froid, peur, maladies, spectre de la famine, villes en ruines et quête désespérée d’un abri sûr au milieu de ces paysages dévastés, le quotidien des Ghazaouis est chaque jour un peu plus cauchemardesque. Et cela dure maintenant depuis soixante-cinq jours.
Le dernier bilan de l’agression sioniste livré ce samedi soir par le ministère palestinien de la Santé fait état de 17 674 morts et 49 300 blessés. 17 400 morts ont été enregistrés à Ghaza et 274 en Cisjordanie occupée, précise la même source.
Ce dimanche, «des avions de combat soutenus par des unités d’artillerie ont ciblé diverses zones de la Bande de Ghaza», indique l’agence Wafa. «D’après des sources médicales, 45 martyrs ont été accueillis par l’hôpital Chouhada El Aqsa au centre de la Bande de Ghaza depuis samedi soir» précise la même source. «Les avions militaires de l’occupant ont mené des raids concomitants dans les camps de Nuseirat, Al Maghazi et Zoueida, au centre de la Bande de Ghaza, tandis que d’autres raids ont ciblé Haï Ettoufah, Al Shujaiya, à l’est de la ville de Ghaza ainsi que plusieurs zones au nord.»
37 membres d’une même famille tués à Jabaliya
Il faut rappeler aussi qu’un déluge de feu s’abat depuis plusieurs jours sur la ville de Khan Younès. «L’aviation de l’occupant et son artillerie ont continué à pilonner Khan Younès, plus précisément la partie est de la ville, en utilisant des missiles et des obus, de façon intensive» rapporte l’agence palestinienne d’information.
L’on apprend par ailleurs que «dix citoyens, majoritairement des enfants, ont été tués à l’aube de ce dimanche, et des dizaines d’autres ont été blessés, et d’autres encore sont portés disparus, suite au bombardement d’une maison
appartenant à la famille Abdelwahab, à l’ouest de Khan Younès». Des unités d’artillerie ont même visé l’enceinte de l’hôpital européen de Khan Younès.
A retenir également cette effroyable boucherie commise samedi soir qui a coûté la vie à 37 personnes d’une même famille à Jabaliya, au nord de la Bande de Ghaza. Il s’agit de la famille de Jamal Eddine Salim Abu Aïta, propriétaire d’une laiterie.
Selon l’agence Wafa, il a péri dans un bombardement aveugle qui a touché sa maison et sa laiterie qui se trouvent rue Salah Eddine, à Jabaliya. Outre le père de famille, la frappe aérienne a tué son épouse, ses enfants et petits-enfants. Samedi soir toujours, des dizaines de morts et de blessés ont été enregistrés suite à des bombardements qui ont pulvérisé différentes zones d’habitation.
A Deir El Balah, un site densément peuplé, les raids meurtriers ont ciblé une maison où vivent plusieurs familles, faisant au moins 4 morts. A El Maghazi, 3 morts sont à déplorer, à El Breidj, 7 morts, et 3 autres au camp de Nuseirat. Tout au sud, des navires de guerre ont pilonné la plage de Rafah. Parallèlement à ces attaques, des arrestations massives continuent de cibler de nombreux Palestiniens en Cisjordanie.
D’après Wafa, 27 personnes ont été arrêtées tôt ce dimanche par des soldats israéliens. Ces arrestations sont intervenues dans les villes de Tubas, El Khalil, Beit Lahm, Adhahiriya, Naplouse et dans le camp de Qalandiya. Selon des associations qui suivent le dossier des détenus, plus de 3700 Palestiniens ont été arrêtés par l’armée d’occupation sioniste depuis le 7 octobre.
Nous le disions : le veto américain a fourni un blanc-seing à Benyamin Netanyahu pour poursuivre son entreprise exterminatrice. Plus indécent encore : en plus du veto, l’administration américaine a approuvé la vente à Israël de près de 14 000 obus équipant les chars Merkava, indique l’AFP.
Et alors qu’Antònio Guterres regrette que le Conseil de sécurité soit «paralysé par des divisions géostratégiques», Doha poursuit son travail de médiation en coulisses dans l’espoir d’arracher une deuxième trêve.
Le Qatar reconnaît toutefois que les bombardements israéliens acharnés «réduisent les possibilités» d’un accord. Le spectre d’une deuxième Nakba reste la hantise des Palestiniens qui s’accrochent courageusement à leur terre, malgré l’apocalypse. Ils sont plusieurs milliers, dans Ghaza-ville, à avoir trouvé refuge dans l’hôpital Al Shifa évacué par l’armée israélienne, d’après l’AFP.
Ils végètent sous des tentes et des abris dérisoires en bâches en nylon dressés dans les cours et les jardins de l’hôpital. Jusqu’à quand pourront-ils tenir ? Et les autres, tous les autres ? 1,9 million de personnes ont quitté leur foyer dans Ghaza assiégée, soit environ 85% de la population. Parmi ces déplacés, 1,2 million sont entassés dans 151 abris de l’Unrwa, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens.
Le patron de cette vaillante antenne de l’ONU, Philippe Lazzarini, le dit ouvertement : Israël cherche à envoyer le maximum de Palestiniens vers l’Egypte pour vider Ghaza de ses habitants. «Si l'on continue dans cette voie (...), Ghaza ne sera plus une terre pour les Palestiniens», a-t-il déclaré dans le Los Angeles Times. Un scénario à prendre très au sérieux…