Accusée de violations atroces des droits humains : La Corée du Nord fustige l’ONU

20/08/2023 mis à jour: 07:27
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Photo : D. R.

Pyongyang s’en est pris hier à l’ONU, après avoir été accusé devant le Conseil de sécurité de «violations atroces» des droits humains contre sa population, et a qualifié les transfuges nord-coréens de «racailles», selon l’agence officielle KCNA, relayée par l’AFP.

La réunion jeudi du Conseil de sécurité de l’ONU, au cours de laquelle le régime nord-coréen a été mis en cause, est «une insulte et une violation» de l’esprit de la Charte des Nations unies, selon un porte-parole de l’Association coréenne pour les études sur les droits de l’homme, cité anonymement par KCNA.

Pyongyang «dénonce et rejette fermement le Conseil de sécurité de l’ONU car il a ainsi marchandé la situation des droits de l’homme dans un pays particulier», a ajouté ce porte-parole. «Le peuple de la RPDC (République populaire démocratique de Corée) connaît bien sa situation en matière de droits de l’homme et en fait une juste appréciation par lui-même», a-t-il poursuivi.

Les transfuges nord-coréens sont «des racailles, qui ont fui après avoir abandonné leur patrie, leurs parents, leurs épouses et leurs enfants, uniquement pour sauver leur sale vie», a encore déclaré ce responsable, sous l’anonymat.

La réunion en question, tenue à la demande des Etats-Unis qui président en août le Conseil de sécurité, a dénoncé les violations des droits humains du régime nord-coréen contre sa population pour pouvoir mener ses programmes d’armements.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk, en liaison vidéo, a détaillé «le recours à grande échelle au travail forcé» pour soutenir «l’appareil militaire de l’Etat et sa capacité à fabriquer des armes».

Ilhyeok Kim, un jeune «représentant de la société civile» qui a fui la Corée du Nord et dont la famille s’est réfugiée en Corée du Sud, a témoigné devant le Conseil à New York de «l’isolement» de la population nord-coréenne et des «punitions» qui lui sont infligées.

Il a affirmé avoir été forcé de travailler dans les champs à un jeune âge, sans rémunération, pour des récoltes entièrement destinées à l’armée. «Le gouvernement transforme notre sang et notre sueur en une vie luxueuse pour les dirigeants et en missiles qui font exploser notre dur labeur dans le ciel», a-t-il déclaré, en anglais.

«L’argent dépensé pour un seul missile pourrait nous nourrir pendant trois mois», a assuré Ilhyeok Kim. La séance publique, exclusivement consacrée aux «violations» des droits humains en Corée du Nord, est la première au Conseil de sécurité sur le sujet depuis 2017. Aucun délégué de Pyongyang n’y est présent.

Statut «irréversible»

La Corée du Nord est soumise, depuis 2006, à des sanctions internationales, accrues à trois reprises en 2017. Les mesures prises cette année-là à l’unanimité par le Conseil de sécurité pour contraindre Pyongyang à interrompre ses programmes d’armements nucléaire et balistique limitent notamment ses importations de pétrole.

Depuis 2017, le Conseil est désuni face à la Corée du Nord. En mai 2022, Pékin et Moscou ont mis leur veto à de nouvelles sanctions et aucune résolution ou déclaration du Conseil n’ont été adoptées depuis, malgré plusieurs tirs de missiles nord-coréens.

Malgré ces sanctions, Pyongyang n’a montré aucun signe d’être prête à abandonner son arsenal qu’elle voit comme une assurance contre toute tentative de renversement du régime.

Il a mené une série de lancements cette année, notamment un test de son premier missile balistique à combustible solide, une percée technologique clé pour les forces armées du Nord. A la mi-juin, le Nord a tiré deux missiles balistiques à courte portée en réponse aux exercices des Etats-Unis et de la Corée du Sud.

En juillet il a tiré un missile balistique intercontinental (ICBM) présumé, selon des responsables japonais et sud-coréens. Le missile à longue portée a volé pendant plus d’une heure avant d’atterrir à proximité des eaux japonaises.

Ce lancement intervient après que le pays a menacé de riposter à ce qu’il a qualifié de récentes incursions d’avions espions américains au-dessus de son territoire. La Corée du Nord a qualifié l’an passé d’«irréversible» son statut de puissance nucléaire, écartant ainsi toute possibilité de négociations sur la dénucléarisation.

Washington et Séoul ont accru, en la circonstance, leur coopération en matière de défense et organisé de vastes manœuvres militaires conjointes. Pyongyang considère ces exercices comme des répétitions en vue d’une invasion de son territoire. En mars, Kim Jong-un a ordonné à ses troupes d’intensifier leurs exercices en vue d’une «guerre réelle».

Lors de sa visite en avril dernier aux Etats-Unis, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a adopté avec son homologue américain, Joe Biden, la «Déclaration de Washington», qui renforce leur coopération en matière de défense, y compris nucléaire.

Parmi les mesures décidées dans le cadre de cet accord, figure l’escale d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins en Corée du Sud, pour la première fois depuis quatre décennies.

Pour la sœur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, Kim Yo-jong, cet accord va «seulement contribuer à exposer à un plus grave danger la paix et la sécurité en Asie du Nord-Est et dans le monde, et c’est donc une action qui ne peut en aucun cas être bienvenue».

La Corée du Nord est convaincue de la nécessité de «perfectionner encore plus» son programme de dissuasion nucléaire, a-t-elle ajouté. «Plus les ennemis s’obstinent à organiser des exercices nucléaires, plus ils déploient des armes nucléaires à proximité de la péninsule coréenne, et plus l’exercice de notre droit à l’autodéfense se fera en proportion directe», a-t-elle prévenu.

En réaction à cet accord, la Chine a exhorté la Corée du Sud et les Etats-Unis à ne pas «provoquer une confrontation» avec Pyongyang.

«Toutes les parties doivent faire face au nœud du problème de la péninsule (coréenne) et jouer un rôle constructif dans la promotion d’un règlement pacifique de la question», a déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

Comme elle a appelé à ne pas «attiser délibérément les tensions, provoquer la confrontation et brandir des menaces». Elle a observé que Washington «ignore la sécurité régionale et s’obstine à exploiter la question de la péninsule pour créer des tensions».

Et d’indiquer : «Ce que font les Etats-Unis (…) provoque une confrontation entre les camps, sape le régime de non-prolifération nucléaire et les intérêts stratégiques d’autres pays.» Les actions américaines, selon la même source «aggravent les tensions dans la péninsule, compromettent la paix et la stabilité régionales et vont à l’encontre de l’objectif de dénucléarisation de la péninsule».
 

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