Le débat sur l’accord algéro-français de 1968 régissant l’immigration algérienne revient au-devant de la scène en France. Parallèlement à la préparation du projet de loi «immigration», dont la mouture finale a été adoptée par la commission des lois de l’Assemblée française, l’idée de la révision de ce texte, posée déjà depuis l’été dernier par des acteurs de la droite et de l’extrême droite, est relancée depuis quelques jours.
Mais, contrairement à la demande initiale portant sur l’abrogation pure et simple de ce document, le gouvernement français semble avoir opté seulement pour sa révision.
C’est du moins ce qu’a rapporté, vendredi dernier, le quotidien français, Le Figaro. «L’Exécutif ouvre la voie à une révision du très sensible accord franco-algérien sur l’immigration. Jusqu’alors fermé à toute modification, le gouvernement, pressé d’agir par les Républicains et par Edouard Philippe, se montre désormais plus ouvert. Selon les informations du Figaro, une renégociation de cet accord scellé en 1968 est envisagée.
Le contenu précis des changements à rediscuter avec Alger reste toutefois mystérieux, près d’un mois après la visite sur place du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin», écrit le journal de droite.
Selon la même source, «les députés macronistes ont été avertis mardi de la position de l’Exécutif par leur chef de file, Sylvain Maillard, lors de leur réunion de groupe». «Pas de dénonciation de cet accord, comme le demande la droite, mais une promesse d’étudier l’ajout d’un quatrième avenant, après ceux de 1985, 1994 et 2001: telle est la ligne que prévoient de tenir le groupe majoritaire et le gouvernement à l’Assemblée, le 7 décembre», rapporte le Figaro, rappelant que les Républicains «soumettrons, à cette occasion, une résolution visant à dénoncer cet accord».
Le gouvernement français va-t-il procéder à la révision de ce texte de manière unilatérale ? A-t-il averti Alger de sa décision ? Quelle sera l’impact d’une telle démarche sur les relations algéro-françaises ? Les députés du parti présidentiel en France, Renaissance, semblent être déjà préparés à cela. Ils sont pour la révision du texte, tout en rejetant sa suppression.
C’est ce qu’a affirmé d’ailleurs la vice-présidente du groupe Renaissance, Marie Lebec. Selon elle, «le texte a besoin d’être révisé, car il ne correspond plus à la situation actuelle, mais le supprimer ne changerait rien. Cela tendrait nos relations avec nos homologues algériens (et) mieux vaut œuvrer à améliorer nos discussions avec eux», soutient-elle.
La même préoccupation est partagée par les Républicains. En effet, le président de leur groupe parlementaire, Olivier Marleix, juge la proposition d’abrogation de l’accord comme étant «vitale» en termes de sécurité et d’immigration.
Mais il reconnaît que « la relation avec l’Algérie est un enjeu géopolitique majeur pour la France ».Toujours en défendant la révision du texte, le député Renaissance Sylvain Maillard estime que l’idée de la révision de l’accord est acceptée même par la partie algérienne, « car il comporte des clauses désavantageuses pour l’immigration algérienne ».