Abou Dhabi multiplie les actes hostiles envers l’Algérie : Le jeu trouble des Emirats

13/01/2024 mis à jour: 07:26
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Photo : D. R.

Le Haut Conseil de sécurité (HCS) a exprimé mercredi ses «regrets» quant aux «agissements hostiles» des Emirats arabes unis contre l’Algérie. Les relations entre Alger et Abou Dhabi se sont considérablement détériorées au cours de ces dernières années, plus précisément depuis la normalisation des Emirats arabes unis avec Israël, dans le cadre des fameux Accords d’Abraham conclus en août 2020, sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump.

Réuni le 10 janvier sous la présidence du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, le Haut Conseil de sécurité (HCS) a exprimé ses «regrets» quant aux «agissements hostiles» d’un pays arabe envers l’Algérie.

«Le Haut Conseil de sécurité a exprimé ses regrets concernant les agissements hostiles à l’Algérie, émanant d’un pays arabe frère», a indiqué un communiqué de la présidence de la République sanctionnant cette réunion consacrée à l’examen de la situation générale dans le pays, mais aussi à l’évaluation de la situation sécuritaire dans la région sahélo-saharienne. Si le communiqué du HCS ne cite pas nommément ce pays arabe qui travaille contre les intérêts de l’Algérie, tout porte à croire qu’il s’agit bien des Emirats arabes unis.

Depuis quelque temps, dans les coulisses et à la une de certains médias nationaux, on évoque des coups tordus visant l’Algérie dont serait responsable Abou Dhabi. En effet, après avoir été excellentes pendant de longues années, les relations entre les deux pays se sont considérablement détériorées au cours de ces dernières années.

Plus précisément depuis la normalisation des Emirats arabes unis avec Israël, dans le cadre des Accords d’Abraham conclus en août 2020, sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump. Des Accords qui ont été rapidement élargis au Maroc, au Soudan et à Bahreïn.

Accords d’Abraham

Connue pour sa position constante en faveur de la cause palestinienne, l’Algérie refuse catégoriquement toute idée de normalisation avec Israël avant l’établissement d’un Etat palestinien, et devient de ce fait la cible privilégiée des partisans d’Israël qui trouvent ainsi des appuis aux Emirats arabes unis et au Maroc pour nuire à ses intérêts ou tout au moins tenter de ternir son image au niveau régional, voire même international.

C’est dans ce contexte que se multiplient les actes inamicaux d’Abou Dhabi à l’égard de l’Algérie. S’ils n’ont pas été dénoncés officiellement, ces agissements malveillants ont été relevés et largement commentés dans la presse nationale, à l’instar du rejet d’Abou Dhabi de la candidature, en 2022, de l’ex-chef de la diplomatie algérienne Sabri Boukadoum au poste d’envoyé spécial de l’ONU en Libye.

Un rejet qui s’expliquerait par le fait que les Emirats arabes unis ne partagent pas la même position que l’Algérie sur le dossier libyen. Si l’Algérie soutient le gouvernement d’Union nationale qui est reconnu par la communauté internationale, et œuvre pour un consensus aboutissant à l’organisation d’élections législatives et présidentielle en Libye, Abou Dhabi en revanche appuie le maréchal Haftar et le gouvernement de l’est du pays, aggravant ainsi le danger de partition qui pèse sur ce pays.

Toujours dans le même esprit, plusieurs médias ont rapporté que les Emirats arabes unis ont voté en juin 2023 contre la candidature de l’Algérie au poste de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, cela bien que, par la suite, le ministre émirati des Affaires étrangères et de la Coopération internationale l’a félicitée après sa large élection avec 184 sur les 193 Etats membres.

Le travail de sape que mène ce pays du golfe Arabo-Persique contre l’Algérie s’est poursuivi au sein des Brics. Là encore, les Emirats auraient pesé de tout leur poids pour empêcher l’accession de l’Algérie à ce bloc de pays émergents. Mais l’acte hostile le plus flagrant est la décision d’Abou Dhabi d’accorder des financements au Maroc dans le but de faire du lobbying pour retourner des pays du Sahel contre l’Algérie.

Cette attitude inamicale d’un pays considéré comme «frère» a d’ailleurs été vivement dénoncée par le secrétaire générale du Parti des travailleurs.

Dans une conférence de presse organisée en décembre dernier après l’audience que lui a accordée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, Louisa Hanoune avait affirmé que ce pays du Golfe œuvrait à «la déstabilisation de l’Algérie, au bénéfice de l’entité sioniste». «Ce pays pousse à la guerre dans la région», avait-elle ajouté.

Aussi, les Emirats arabes unis ont annoncé, lors de la visite du roi Mohammed VI à Abou Dhabi en décembre dernier, plusieurs projets d’investissement au Maroc, dont certains se situent dans les territoires occupés du Sahara occidental. Une manière d’attaquer l’Algérie qui soutient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Mais pas seulement. Les Emirats arabes unis ont également annoncé leur appui financier et technique à la réalisation du gazoduc Maroc-Nigeria. Là encore, ce projet extrêmement coûteux et difficilement réalisable est fait pour contrarier un autre projet de gazoduc devant relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger pour alimenter l’Europe.

Pourtant, durant les deux précédentes décennies, l’Algérie a grandement ouvert son marché aux Emirats arabes unis. Ainsi, plusieurs sociétés émiraties sont présentes sur le marché algérien en activant, entre autres, dans l’industrie du tabac, dans le montage automobile ou encore dans la gestion portuaire. 


 

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