Le 8e congrès du Parti des travailleurs (PT), qui s’est ouvert hier, était l’occasion pour sa présidente, Louisa Hanoune, de faire le bilan du parcours de sa formation, qui a marqué, insiste-elle, la scène politique nationale depuis l’ouverture au pluralisme politique.
Le 8e congrès national ordinaire du Parti des travailleurs (PT) s’est ouvert hier, à l’hôtel Riadh à Sidi Fredj, en présence de plusieurs personnalités nationales et responsables de partis politiques. Des syndicats, des associations, des militants des droits de l’homme, des avocats, la moudjahida Zohra Drif étaient également présents à ce rendez-vous important.
Ce congrès, rehaussé par la participation de 310 délégués venus de 53 wilayas, verra aujourd’hui, à l’issue de ses travaux, l’élection du nouveau secrétaire général du PT. Mais selon certaines indiscrétions, le parti ne devrait pas changer de chef. D’ailleurs, hier, dans les coulisses, l’on évoquait l’absence de candidat en lice et la reconduction de Louisa Hanoune à la tête du PT.
Ce 8e congrès était l’occasion pour la présidente de ce parti de faire le bilan du parcours de sa formation, qui a marqué, insiste-elle, la scène politique nationale depuis l’ouverture au pluralisme politique. Elle s’est également attardée sur son arrestation et les périodes de fortes turbulences qu’a connues sa formation. Elle a aussi abordé la crise qui secoue le pays sur le plan social, économique et politique.
Dans son rapport politique, Louisa Hanoune se dit persuadée que la révolution du 22 février 2019 «n’est pas morte». «Certes, elle a été contrariée et trahie, mais elle trouvera les voies et moyens de reprendre son cours naturel tel un fleuve dont le cours a été dévié par l’homme», insiste-t-elle.
Pour la présidente du PT, nul ne peut prédire à quel moment précis se produira la «deuxième vague» du mouvement populaire : «Il y aura une deuxième révolution, car ceux qui gouvernent le pays ne peuvent pas répondre aux aspirations et besoins urgents ni même gérer le pays selon un programme capable de le sortir de l’ornière.» L’augmentation conjoncturelle du baril de pétrole ne saurait, selon Mme Hanoune, sortir le pays de la grave crise socioéconomique en l’absence d’une refondation de la politique économique, telle que définit dans les lois de finances depuis, notamment, 2020, reconduisant et approfondissant, insiste-elle, les mêmes politiques qui ont ruiné le pays.
Tout comme, note-t-elle, la flambée continue des prix de tous les produits de première nécessité, malgré le gel de certaines taxes contenues dans la LF-2022. «La lutte contre la spéculation demeurera un slogan creux tant que l’Etat ne s’est pas réapproprié le contrôle du commerce, qu’il n’a pas doté de moyens humains suffisants et de moyens de contrôle démocratiques», affirme-t-elle.
«L’oligarchie prédatrice n’a pas disparu»
Louisa Hanoune reste persuadée que l’oligarchie prédatrice dans notre pays ne saurait disparaître par la condamnation d’anciens oligarques et leurs prolongements dans les institutions. «L’oligarchie est le produit de la décomposition du système et du régime, de leurs politiques antinationales et leurs pratiques qui encouragent la prédation. Par conséquent, le départ du système hérité du modèle du parti unique, l’arrêt des politiques socioéconomiques qui ont généré l’oligarchie sont les conditions pour la sauvegarde des fonds publics et la propriété collective et pour l’arrêt du pillage des ressources de la nation», tranche-t-elle.
En raison de ses positions qu’il développait en perspective, entre autres de l’Assemblée constituante, le PT, indique Mme Hanoune, a été dès le début du soulèvement populaire la cible d’une «opération criminelle» déchaînée par le pouvoir.
«La cabale contre le parti a été déclenchée via certains médias actionnés par le pouvoir de fait suite à la décision du parti de démissionner de l’APN. Une campagne odieuse, haineuse déversant mensonges et calomnies à mon égard dont le but était d’étêter le parti pour le domestiquer», accuse-t-elle.
Mme Hanoune estime que depuis le mois de mai 2019 et jusqu’à sa libération en février 2020, la direction du PT a mené un «combat de titans» pour la «survie» du parti. Et de préciser que jamais, depuis le soulèvement de la jeunesse en octobre 1988, le multipartisme n’a été autant menacé, en rappelant à ce sujet, la suspension, les menaces et pressions que subissent les partis politiques, en sus de l’emprisonnement et la condamnation du coordinateur du MDS, Fethi Ghares, à cause des opinions qu’il a exprimées, ou encore la dissolution du RAJ.
«Peut-on parler de démocratie lorsque le pluralisme politique et la liberté d’organisation sont attaqués, que l’administration ne cache pas sa volonté de caporaliser la vie politique, associative et syndicale ?» s’interroge Mme Hanoune, qui condamne en outre l’arrestation des hommes de loi et des journalistes, notamment Mouloud Mouloudj et d’autres militants qui «ont osé livrer leur opinion».
A la fin de son discours fortement applaudi par l’assistance, Louisa Hanoune a exigé l’arrêt de la répression et la libération sans conditions de tous les détenus politiques et d’opinion «pour sortir le pays de l’impasse». Selon elle, la satisfaction de cette exigence démocratique constituerait «un pas décisif dans la voie de l’apaisement».
Elle propose également de prendre toutes les mesures d’urgence sur le plan économique pour stopper le rouleau compresseur qui écrase la majorité du peuple et d’ouvrir un véritable débat sur la politique économique à mettre en œuvre, une politique qui matérialise une réelle volonté d’améliorer le sort de la majorité du peuple et donc d’immuniser le pays.