49 Palestiniens déterrés d'un nouveau charnier à l'hôpital Al Shifa : Plus de 500 corps exhumés des fosses communes

09/05/2024 mis à jour: 11:00
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Photo : D. R.

Une troisième fosse commune a été découverte, hier par des unités médicales, dans le complexe médical Al Shifa, à l’ouest de Ghaza, d’où 49 corps ont été retirés. Ce qui porte le nombre des victimes exhumées depuis le retrait des forces de l’occupation, il y a trois semaines, à 520 martyrs. Ces corps ont été exhumés de 7 charniers trouvés dans les hôpitaux Kamel Adwane, Nasser et Al Shifa.

Alors que le Conseil de sécurité de l’Onu débattait, à huis clos, la question des charniers découverts dans les hôpitaux de Ghaza, après le retrait des forces armées d’occupation, trois nouvelles fosses communes ont été localisées à l’intérieur de l’un des plus grands hôpitaux de Ghaza, assiégé, bombardé et pris d’assaut à deux reprises, en novembre 2023 et avril dernier.

Dans un communiqué diffusé hier, le bureau des médias du gouvernement de Ghaza a affirmé que dans ce nouveau charnier trouvé à l’intérieur de l’hôpital Al Shifa, le troisième depuis le début des recherches, «les équipes médicales ont déterré 49 corps jusqu’à hier, alors que les opérations de recherche se poursuivent», précisant en outre que «les équipes gouvernementales n'ont pas achevé les opérations d’exhumation et nous prévoyons de retrouver des dizaines de nouveaux corps».

La même source a révélé, par ailleurs, que sept charniers ont été découverts depuis le début des opérations de recherche, dont un à l'hôpital Kamal Adwan situé au nord de Ghaza, trois dans le complexe médical Al Shifa à l’ouest de Ghaza et trois autres dans le complexe médical Nasser, à Khan Younès, au sud de Ghaza, d’où 520 corps ont été exhumés jusqu’à hier.

Un membre de la commission d’urgence du ministère de la Santé à Ghaza a déclaré aux médias locaux que «des milliers de Palestiniens sont toujours portés disparus à l’hôpital Al Shifa. Nous avons trouvé des corps sans tête», ajoutant que d’autres crimes de l’armée sioniste ont été commis, comme celui d’avoir «détruit le service des urgences sur la tête des malades».

Au mois d’avril dernier, les équipes médicales ont déterré des dizaines de corps des fosses communes, certains en décomposition, d’autres enterrés vivants, ou après avoir été exécutés, alors que d’autres portaient des bandages médicaux.

De nombreux médecins et membres du personnel de l’hôpital ont affirmé avoir été témoins d’exécutions sommaires de leurs collègues, de malades, de réfugiés. Certaines victimes ont été assassinées devant l’entrée principale de l’hôpital, ont-ils affirmé.

«Une législation est en cours pour répondre à tout mandat d’arrêt»

Les équipes de recherche ont elles aussi affirmé que parmi les corps d’enfants, de femmes âgées et de jeunes hommes déterrés des charniers, certains avaient les mains ligotées derrière le dos, ou la tête coupée, ou amputé d’un des membres ou d’organes en encore sans peau. Les mêmes découvertes macabres, qui ont eu lieu à l’intérieur des hôpitaux Kamel Adwan et Nasser, documentent les crimes de guerre, de génocide et contre l’humanité commis par l’armée sioniste à Ghaza.

Des crimes pour lesquels de nombreuses plaintes ont été déposées au bureau du procureur en chef de la Cour pénale internationale (CPI), qui est, à juste titre, sur le point de délivrer, à en croire les médias américain et israélien (citant des sources gouvernementales non identifiées), des mandats d’arrêt internationaux contre les dirigeants de l’Etat hébreu, dont le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, son ministre de la Sécurité, le chef de l’état-major de l’armée et d’autres hauts fonctionnaires.

L’enquête, qui date de 2018 et renforcée par des centaines d’autres plaintes, déposées au mois de novembre 2023, a suscité des réactions virulentes, aussi bien de Washington que de Tel-Aviv.

Si Netanyahu a assuré qu’aucune décision en provenance de La Haye ou d’ailleurs ne peut le faire reculer, 12 sénateurs républicains américains ont tout simplement adressé une mise en garde au procureur en chef de la CPI, Karim Khan, dans une lettre qui lui a été adressée, ès qualités, pour le menacer de «sévères sanctions» en cas de délivrance de mandats d’arrêt contre les dirigeants israéliens.

Cette lettre a suscité une vive réaction du procureur, lequel, dans un communiqué, a mis en garde contre les menaces contre sa personne et le personnel de la Cour, en rappelant à ses détracteurs sans les nommer, qu’elles constituent une violation de l’article 70 de la Charte de la CPI.

Mardi dernier, le site américain Axios, citant des sources gouvernementales, a déclaré que la CPI a été «avertie par les membres du Congrès des deux partis que les mandats contre les hauts responsables israéliens entraîneront des représailles américaines et une législation à cet effet est déjà en préparation».

Une affirmation précédée par la déclaration du président du Congrès, Mike Johnson, qualifiant les mesures de la CPI d’actes «honteux» et «anarchiques», ajoutant : «Si l'administration Biden ne la conteste pas, la CPI pourrait créer et assumer un pouvoir sans précédent pour émettre des mandats d'arrêt contre des dirigeants politiques américains, des diplomates américains et du personnel militaire américain.»

Selon le média américain Axios, Johnson a appelé l'administration Biden à «exiger immédiatement et sans équivoque que la CPI se retire» et «à utiliser tous les outils disponibles pour empêcher une telle abomination».

L’élaboration d’une législation contre la CPI semble faire son chemin, pour ne pas dire qu’elle est fin prête. C’est ce qu’a révélé Axios, citant un sénateur républicain qui a déclaré : «La législation était déjà en cours d'élaboration pour répondre à tout mandat. Le texte sera validé dans le cas où la CPI prendra ces mesures (mandats d'arrêt, ndlr)».

En fait, il n’a fait qu'emboîter le pas au président de la commission des affaires étrangères du Congrès, Michael McCaul, qui avait affirmé lundi dernier : «Nous ne mettrons pas au vote (NDLR : le projet de loi) sauf si nous serons obligés de le faire.»

Il a précisé à Axios qu’il «s'attendait à une version de la loi du sénateur Tom Cotton visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans l’enquête sur les USA et leurs alliés, mais nous espérons ne pas en arriver là».

Un autre représentant de la Chambre des représentants, cette fois-ci du clan démocrate, Brad Sherman, a déclaré, ajoute la même source : «Nous devons réfléchir à discuter avec certains des pays qui ont ratifié le traité pour savoir s'ils souhaitent soutenir l'organisation.»

Visiblement et contre vents et marées, Washington s’opposera à toute décision émanant de la CPI et fera en sorte, à chaque fois, que son allié, Israël, sorte indemne de toute poursuite et de toute sanction, pour les crimes abominables qu’il a commis en Palestine. Par cette position, il sera complice de tous les actes de génocide, crimes de guerre et contre l’humanité. 
 

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