Jeudi soir, une nouvelle tuerie a été commise dans la ville de Ghaza alors qu’une foule affamée attendait un convoi humanitaire au rond-point «Al Koweït». D’après le ministère de la Santé de Ghaza, l’armée israélienne a ouvert le feu sur la foule. Bilan : 20 morts et 155 blessés. Cela rappelle la boucherie du 29 février dernier où 117 innocents ont été tués et 800 autres blessés sous le feu de l’occupant alors qu’ils ne faisaient qu’attendre une aide famélique.
Encore une boucherie à un point de distribution de l’aide humanitaire à Ghaza ! Au moins 20 Palestiniens ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi au rond-point «Al Koweït», à la périphérie de la ville de Ghaza, selon les autorités sanitaires locales.
Les victimes, des civils innocents qui ne faisaient qu’attendre les rares convois d’aide qui entrent au compte-gouttes dans l’enclave encerclée, ont été abattues par des tirs israéliens, précise la même source. Un premier bilan de la tuerie faisait état de 14 morts et 150 blessés. «Les forces d’occupation israéliennes ont pris pour cible un rassemblement de citoyens attendant de l’aide humanitaire.
Le bilan des victimes transportées à l’hôpital Al Shifa a été revu à la hausse (pour atteindre) 20 morts et 155 blessés », a déclaré le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza. Les autorités palestiniennes accusent l’armée israélienne d’avoir tiré sur la foule massée au rond-point Al Koweit «à partir de chars et d’hélicoptères».
Des drones auraient également été utilisés dans cette attaque selon l’agence Wafa. «Il y a eu des tirs directs des forces d’occupation sur des gens qui se rassemblaient au rond-point ‘‘Al Koweït’’ pour attendre l’arrivée de camions avec de la nourriture», a déclaré à l›AFP le docteur Mohammed Ghurab, directeur des services d’urgence de l’hôpital Al Shifa.
Cette tuerie est au moins la troisième perpétrée contre des civils aux points de distribution de l’aide humanitaire. «Ces derniers jours, les massacres de l’occupant se sont répétés, ciblant les citoyens attendant que l’aide arrive au rond-point Koweït dans la ville de Ghaza.
Le 29 février, les forces d’occupation ont commis un massacre dans la rue Al Rashid, à l’ouest de la ville de Ghaza, près du rond-point Naboulci, après avoir pris pour cible des milliers de citoyens qui attendaient l’arrivée des convois humanitaires, ce qui a entraîné la mort d’au moins 117 citoyens et blessé plus de 800 autres», relève l’agence Wafa.
Le bateau humanitaire d’Open Arms à Ghaza
L’armée israélienne a rejeté les accusations de tirs délibérés sur la foule affamée. «Les informations de presse selon lesquelles les forces israéliennes ont attaqué des dizaines de Ghazaouis à un point de distribution d’aide sont erronées», s’est-elle défendue dans un bref communiqué cité par l’AFP.
L’armée sioniste a ajouté qu’elle allait «analyser l’incident avec sérieux». Pour rappel, suite à la tuerie du 29 février qui avait fait 117 morts et 800 blessés, elle avait bien reconnu avoir tiré dans le tas, prétextant que ses soldats s’étaient sentis «menacés».
Réagissant à cette nouvelle boucherie, le ministère palestinien des Affaires étrangères a considéré dans un communiqué diffusé hier et repris par l’agence Wafa que «ce genre de massacres est commis presque quotidiennement sous les yeux de la communauté internationale».
Et le département ministériel de charger les «pays civilisés qui fournissent des armes à Israël en faisant semblant d’exiger des garanties que ces armes et munitions ne seront pas utilisées pour tuer des civils».
«Ces massacres sont commis en plein jour et sont documentés et ne nécessitent aucune enquête pour prouver leur atrocité et confondre leurs auteurs.» «Israël ne renoncera pas à ses crimes et la communauté internationale n’en retient pas les leçons tandis que nous continuons à compter les martyrs de la farine et de la faim», s’indigne ce département de l’Autorité palestinienne.
Ce vendredi, le bateau de l’ONG espagnole Open Arms, parti mardi du port chypriote de Larnaca à destination de la Palestine, est arrivé hier matin au large de la ville de Ghaza, rapporte l’AFP. Le navire humanitaire remorquait une barge chargée de 200 tonnes de vivres.
Cette opération pilote a été organisée, rappelle-t-on, conjointement par l’ONG Open Arms et l’organisation caritative américaine World Central Kitchen (WCK) fondée par le chef hispano-américain José Andrés. WCK a préparé 300 000 repas dans le cadre de cette opération.
«Nous savons tous que ce n’est pas suffisant (...), c’est pourquoi nous devons ouvrir ce couloir avec un flux continu de bateaux», a déclaré jeudi à l’AFP la présidente de WCK, Erin Gore. World Central Kitchen va affréter un second navire «avec des centaines de tonnes de vivres», a promis sa présidente.
Malgré ces beaux efforts humanitaires, cela reste tragiquement insuffisant. 25 ONG viennent de signer une déclaration commune dans laquelle elles réclament de nouveau un cessez-le-feu immédiat et durable assorti de l’ouverture de tous les accès pour l’acheminement des aides par voie terrestre.
Pour ces organisations, c’est la seule solution à même de sauver la population civile palestinienne qui se trouve prise en tenailles entre une campagne militaire d’une ampleur génocidaire et une famine à grande échelle.
25 ONG réclament un cessez-le-feu immédiat
«Alors que les décès liés à la malnutrition et les maladies augmentent, 25 ONG appellent les gouvernements à exiger en priorité un cessez-le-feu et un acheminement de l’aide humanitaire par voie terrestre», lit-on dans cette déclaration commune signée entre autres par Amnesty International, Oxfam, MSF, ou encore
ActionAid International.
«Les associations de droits humains et organisations humanitaires présentes dans la bande de Ghaza n’ont cessé de répéter depuis le début de l’escalade des hostilités que la seule manière de répondre aux besoins humanitaires sans précédent dans l’enclave est d’obtenir un cessez-le-feu immédiat et permanent et un accès complet et sans entrave pour l’aide humanitaire par tous les points de passage terrestres», insistent ces organisations.
«Les Etats ne peuvent se cacher derrière les largages aériens et un corridor maritime pour créer l’illusion qu’ils répondent adéquatement aux besoins à Ghaza», fustigent-elles avant de souligner : «Alors qu’un convoi de cinq camions peut transporter environ 100 tonnes de nourriture et de matériel indispensable à la survie des populations, les derniers largages aériens n’ont pu livrer que quelques tonnes chacun.»
Pour ces ONG, il est primordial d’assurer la distribution des aides au plus près des populations, de manière organisée et équitable : «L’assistance humanitaire ne peut pas être improvisée : elle doit être délivrée par des équipes professionnelles, dotées d’une expertise en matière d’organisation des distributions et de services de soins vitaux. La délivrance de l’aide doit avoir un visage humain (…).
Après avoir enduré cinq mois de bombardements incessants dans des conditions de vie déshumanisantes, les enfants, les femmes et les hommes de Ghaza ont droit à d’avantage qu’une charité insuffisante jetée depuis le ciel.» Selon le ministère de la Santé de Ghaza, cette guerre dévastatrice en est à présent à 31490 morts et 73439 blessés.
Au moins 149 Palestiniens ont été tués en 24 heures, entre jeudi soir et vendredi matin, ajoute la même source.
La journée d’hier a été entre autres marquée par des restrictions sécuritaires imposées aux fidèles palestiniens pour les empêcher de se rendre à la mosquée Al Aqsa pour la prière du vendredi.
«Ce matin, les forces d’occupation israéliennes ont empêché des milliers de fidèles d’arriver à la mosquée d’Al Aqsa pour accomplir la première prière du vendredi du mois de Ramadan», écrit l’agence Wafa.
«Des témoins oculaires ont rapporté que les forces d’occupation se sont largement déployées autour des points de contrôle de Qalandiya au nord de Jérusalem, de Zaytouna à l’est et de Bethléem au sud, et ont renvoyé des milliers de fidèles et ne leur ont pas permis d’atteindre la mosquée Al Aqsa, sous prétexte de ne pas obtenir les permis nécessaires.»
Malgré ces restrictions, 80 000 fidèles ont accompli la prière à Al Aqsa hier, affirme Al Jazeera en reprenant un chiffre du département des Wakf islamiques de Jérusalem.
Nouvelle proposition de Hamas
Sur le plan politique, le mouvement Hamas «est désormais prêt à une trêve de six semaines» indique l’AFP, alors qu’il exigeait jusqu’ici un cessez-le-feu définitif. Cette nouvelle position a été affirmée à l’agence française par un responsable du mouvement sous le sceau de l’anonymat.
«Dans le cadre de cette trêve, 42 otages – femmes, enfants, personnes âgées et malades – pourraient être libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens, selon que les otages soient des civils ou des militaires, et au rythme d’un otage par jour», détaille l’AFP, avant de faire remarquer : «C’est beaucoup moins que ce qu’exigeait jusqu’ici le Hamas, qui a donc accepté d’infléchir sa position».
Durant cette période de trêve, Hamas revendique «le retrait de l’armée israélienne de toutes les villes et zones peuplées», le «retour des déplacés sans restrictions» et l›entrée d›au moins «500 camions d’aide humanitaire par jour», a précisé le cadre dirigeant du mouvement de résistance palestinien à l’AFP.
A l’issue de cette première phase, les deux parties procéderaient à un «échange global de prisonniers», incluant la «libération des officiers et des soldats israéliens capturés et de ceux tués par le Hamas et d’autres mouvements».
En contrepartie, un certain nombre de prisonniers palestiniens seraient libérés. A la faveur de cet accord, Hamas escompte un «retrait complet» de l’armée sioniste de la bande de Ghaza, «la reconstruction» de l’enclave ravagée par les bombes et «la fin du blocus» auquel le territoire sous gouvernance Hamas est soumis depuis 2007.