A Beit Lahm, en Cisjordanie occupée, la ville qui a vu naître le Christ, les festivités de Noël avaient un goût de sang.
Israël a mené l’une des guerres les plus destructrices de ce siècle à Ghaza», titrait un article du Washington Post ce samedi. Et les atrocités commises par l’armée israélienne depuis 79 jours, et qui se sont poursuivies hier en pleines fêtes de Noël au pays du Christ, en disent long sur l’obsession criminelle du gouvernement Netanyahu à rayer de la carte pas seulement le Hamas mais la Bande de Ghaza toute entière et l’ensemble du peuple palestinien s’il en avait la possibilité.
«La campagne militaire israélienne dans la Bande de Ghaza ne ressemble à aucune autre au XXIe siècle», relève le Washington Post. Une affirmation étayée par un travail de vérification rigoureux : «Le Washington Post a analysé les images satellite, les données sur les frappes aériennes et les évaluations des dégâts de l’ONU, et a interrogé plus de 20 travailleurs humanitaires, prestataires de soins de santé et experts en munitions et en guerre aérienne.
Les preuves montrent qu’Israël a mené sa guerre à Ghaza à un rythme et à un niveau de dévastation qui dépassent probablement tout conflit récent.»
Pour donner une idée de l’ampleur des dévastations causées par les forces d’occupation sionistes, la machine de guerre infernale déployée par Israël a anéanti «plus de bâtiments, en bien moins de temps, que ceux détruits lors de la bataille d’Alep du régime syrien de 2013 à 2016 et la campagne menée par les Etats-Unis pour vaincre l’Etat islamique à Mossoul, en Irak, et à Raqqa, en Syrie, en 2017», affirme le journal américain.
Au 79e jour de l’agression sioniste, plus de 200 personnes ont été tuées en 24 heures, de samedi à dimanche, a indiqué hier le ministère de la Santé à Ghaza. Ces dernières victimes portent à 20 424 le nombre de civils fauchés par les raids meurtriers de l’armée israélienne depuis le 7 octobre, selon la même source, tandis que le nombre de blessés est estimé à 54 036.
A Jabaliya, au nord de la Bande de Ghaza, l’aviation israélienne a mené des raids meurtriers qui ont fait plusieurs victimes. D’après des sources locales citées par l’agence Wafa, de nombreuses personnes ont été tuées et d’autres blessées dans le bombardement de l’école Al Rafie et l’association Namae dans la ville de Jabaliya.
Acharnement sur Jabaliya et Khan Younès
L’aviation sioniste a déclenché également des raids sur les quartiers Al Toufah, Al Daraj et Al Rimel au sein de la ville de Ghaza. Au camp d’Al Breidj, au centre de l’enclave palestinienne, une femme a été tuée et d’autres personnes ont été blessées dans le bombardement d’une zone d’habitation.
Au sud de la Bande de Ghaza, et selon des sources médicales contactées par Wafa, 19 personnes ont été tuées à Khan Younès suite au bombardement acharné, depuis samedi soir, d’un site résidentiel. Parmi les victimes, deux innocents, dont un enfant, ont trouvé la mort alors qu’ils tentaient simplement de chercher de l’eau en compagnie d’autres habitants à l’est de Khan Younès.
Selon le Croissant-Rouge palestinien, un autre citoyen a été fauché par un raid israélien près du point de passage Karam Abou Salem, au sud de la Bande de Ghaza. Plusieurs personnes ont été blessées au cours de la même opération. L’armée israélienne, dénonce-t-on, a empêché les équipes de secours et les ambulances d’évacuer les victimes.
«L’occupant cible délibérément nos locaux et nos points de secours pour les mettre hors service et faire davantage de victimes», a accusé le porte-parole du Croissant-Rouge palestinien auprès de l’agence Wafa. Il a précisé dans la foulée que le nombre de blessés évacués via le point de passage de Rafah est de 20 à 25 par jour, «et ce ratio est très faible au regard du nombre de personnes touchées».
Il a fustigé, par ailleurs, le blocus médical imposé par l’armée d’occupation sur le nord de la Bande de Ghaza. Le Croissant-Rouge palestinien a évoqué aussi le cas d’Amir Rami Aouda, un enfant de 13 ans, qui était parmi les déplacés réfugiés au niveau de l’hôpital Al Amel, à Khan Younès, et qui a succombé à ses blessures après avoir été touché par des tirs de drone alors qu’il se trouvait à l’intérieur même de l’hôpital
L’agence d’information palestinienne, relayant des sources médiatiques, a fait état hier d’un autre fait gravissime : Israël a demandé, selon ces sources, aux habitants de huit quartiers des gouvernorats du centre de la Bande de Ghaza d’aller s’abriter à Deir El Balah, et 48 heures après cet avertissement, les troupes de l’armée israélienne ont commis 5 massacres à Deir El Balah, où on déplore 28 morts et 88 blessés.
L’agence Wafa rapporte, en outre, que 40 corps sans vie ont été retirés des décombres après le bombardement de sites d’habitation au centre de la Bande de Ghaza, qui ont subi un pilonnage continu depuis samedi. Wafa assure, par ailleurs, que des avions israéliens ont largué des bombes fumigènes et au phosphore à Jabaliya et sur la zone d’El Djarn.
Un Noël triste à Beit Lahm
Au vu de la poursuite de ces crimes de masse à Ghaza, toutes les festivités de Noël ont été annulées. A Beit Lahm, ville de naissance de Jésus, en Cisjordanie occupée, le cœur n’est clairement pas à la fête. «La fête de Noël survient cette année dans un contexte où notre peuple palestinien souffre de l’oppression et du joug de l’occupation.
Le message de la ville de Beit Lahm est un message de tristesse, de colère et de rejet total de l’agression contre la Bande de Ghaza et l’ensemble du peuple palestinien», assène le maire de Beit Lahm, Hanna Hanania, cité par Wafa.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a tout même tenu à marquer l’événement, mais à sa manière. Dans un message adressé à la communauté chrétienne de Palestine, il a exprimé un vœu ardent, celui de voir «cesser la guerre et l’agression sur notre peuple à Ghaza».
«La ville de naissance du Christ, Beit Lahm, vit une tristesse jamais éprouvée auparavant», déplore-t-il. «Les forces de l’occupation tuent les enfants de la Palestine, et effacent les sourires innocents des visages de ceux qui vivent encore parmi eux. Nul n’a échappé à l’oppression : femmes, hommes, personnes âgées…
Nul n’a été épargné par ces tueries, cette terreur et les tentatives de déplacement forcé, sans parler de la destruction de milliers de maisons, ce qui nous rappelle la Nakba de 1948», martèle le président palestinien. Décrivant l’atmosphère de deuil qui régnait hier à Beit Lahm (ou Bethléem selon l’orthographe occidentale), une correspondante de l’AFP note : «Pas de sapin gigantesque, pas de crèche flamboyante, peu de joie.
Un voile de tristesse enveloppait dimanche Bethléem, qui se pare habituellement de ses habits de fête à l’occasion de Noël, terni cette année par la guerre dans la Bande de Ghaza.»
Et de faire remarquer : «Les chrétiens palestiniens n’ont pas le cœur aux célébrations, largement annulées par la municipalité, ne pouvant rester indifférents au sort de leurs concitoyens, assiégés et bombardés à Ghaza.»
Le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, keffieh enroulé autour du cou, a lancé ce cri du cœur depuis la ville natale du prophète Aïssa : «Le message de Noël n’est pas celui de la violence mais de la paix. Nous voulons la paix, surtout pour les Palestiniens qui attendent depuis trop longtemps.»
Le nombre de journalistes assassinés atteint les 101
Un journaliste de plus est tombé en martyr dans la Bande de Ghaza à la suite de l’agression des forces d’occupation sionistes, a annoncé le bureau gouvernemental des médias dans un communiqué publié hier, portant à 101 le nombre total de journalistes tombés en martyrs dans l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre.
«Ahmed Jamal Al Madhoun, directeur adjoint de l’agence palestinienne Al Rai et directeur du département des médias visuels, est tombé en martyr sous les balles des forces d’occupation sionistes dans le gouvernorat du nord de Ghaza», a déclaré le bureau des médias.
Depuis le 7 octobre dernier, les forces d’occupation sionistes mènent une agression dévastatrice dans la Bande de Ghaza, faisant au moins 20 258 martyrs, pour la plupart des femmes et des enfants, et blessant 53 688 personnes, selon les autorités sanitaires de l’enclave.