Aujourd'hui, jeudi 6 avril, à l’Assemblée nationale française, le groupe écologiste avait prévu, à l’ordre du jour, avant de la retirer, une résolution relative à la reconnaissance du crime d’Etat lors de la répression des Algériens du 17 Octobre 1961 à Paris et à la commémoration pour la mémoire des victimes. Les écologistes comptaient mettre ainsi à profit leur niche parlementaire. Une journée courte dans laquelle tous les groupes essaient de faire voter des textes susceptibles d’être adoptés.
Sur le crime d’Etat du 17 octobre 1961, pourtant parfaitement documenté par les historiens, aucune chance d’avoir une majorité, selon le groupe, qui a renoncé, estimant que ce serait «du temps perdu». La députée Sabrina Sebaihi, rapporteuse du texte, était très déçue : «C’est quand même compliqué de dire qu’on ne veut même pas prendre le temps de parler de ce sujet, car on ''perdrait du temps''. Le sujet du moment, ce sont les violences policières ; imaginez le traitement si à Sainte-Soline, il y avait eu 200 morts à cause des forces de l’ordre ? Est-ce parce que le 17 Octobre 1961, il s'agissait des Algériens ?»
Justement, fort à propos, certains ont mis en résonance les méthodes policières de ces derniers jours en France, et même contre les Gilets jaunes entre 2018 et 2019, avec la violence extrême exercée en 1961 et durant la Guerre d’Algérie contre les Algériens en France. Ce que laisse entendre le quotidien Libération : «Certains ont jugé qu'il n'était pas forcément très opportun, vu le contexte actuel, de délibérer sur un massacre commis par la police française contre des manifestants algériens.»
«On parle de manifestants pacifiques massacrés ou jetés dans la Seine. J'aurais espéré qu'on traite ça dignement. Cela prouve que le chemin de la dignité reste encore long et que 62 ans après, on invisibilise encore les victimes. C'est une violence symbolique», estime la députée, face à des élus de son groupe qui soutiennent que «vu le moment de tensions que nous connaissons dans le pays, ce n'était pas le moment de porter un débat conflictuel et mémoriel».
En 2021, à l'occasion du 60e anniversaire du massacre, Macron avait admis des «crimes commis sous l’autorité de Papon, inexcusables pour la République».
Paris
De notre correspondant Walid Mebarek