Imprimeries publiques et dettes des journaux : L’impératif assainissement

15/09/2022 mis à jour: 04:16
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Les dettes des journaux auprès des imprimeries publiques s’élèvent à 2 milliards de dinars

Les imprimeries publiques traversent une situation difficile et les journaux doivent régler leurs dettes auprès d’elles dans les plus brefs délais. 
 

C’est ce qu’a affirmé, mardi dernier, le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, à l’occasion de sa visite d’inspection à la Société d’impression d’Alger (SIA). Selon lui, les imprimeries publiques «risquent la faillite en raison de l’accumulation des dettes et du non-remboursement de celles-ci par les propriétaires des journaux». 

Il a évoqué, dans ce sens, les coûts d’impression des journaux qui n’ont pas changé depuis 1997, «lorsque le papier coûtait 45 DA le kilogramme, alors qu’il s’élève aujourd’hui à 213 DA le kg». «Il est inconcevable aujourd’hui pour les imprimeries publiques de continuer à tirer les journaux avec l’ancien prix, soit 5,60 centimes, en supportant le coût effectif de l’impression», a-t-il lancé, précisant que «les imprimeries ne seront plus en mesure de s’acquitter de leurs créances détenues par l’Algérienne du papier (ALPAP)».

 Le ministre a invité, lors de sa visite, les responsables de la SIA à «explorer de nouvelles activités avec des entreprises publiques ou privées», qui permettent d’alléger les charges qui grèvent la société. 
Revenant sur la dernière instruction du chef de l’Etat portant sur le regroupement des imprimeries publiques, Mohamed Bouslimani a qualifié cette réorganisation «de nécessité impérieuse dans l’intérêt de la presse algérienne».
 

SIA : des créances de 200 milliards de centimes
 

Lors de cette visite, le PDG Smail Hamladji a donné une idée sur l’ampleur des dettes des journaux auprès de la SIA. Celles-ci s’élèvent, selon lui, à 2 milliards de dinars (200 milliards de centimes). Comment recouvrer cette somme ? Quels sont les mécanismes prévus pour sauver ces imprimeries de la faillite ? Quelle est la solution envisagée pour permettre à la presse nationale de continuer à exister 

Pour l’instant, les pouvoirs publics ne fournissent pas d’explications. Cette problématique des créances des imprimeries auprès des journaux, rappelons-le, ne date pas d’hier. Elle revient de manière itérative et en fonction de la situation. En 2008 déjà, le problème des dettes des journaux auprès des imprimeries a été soulevé. Mais l’assainissement s’est fait au compte-gouttes. Il a fallu attendre 2018 pour voir à nouveau des imprimeries publiques réclamer le paiement des dettes détenues auprès de 20 quotidiens, dont certains avaient de grands tirages. 

Mais durant toutes ces années, rien n’a été fait pour assainir le secteur et permettre l’édification d’une presse forte économiquement. La situation s’est, semble-il, aggravée ces dernières années, notamment avec la double crise sanitaire et économique. 

La cherté du papier sur le marché international, atteignant plus de 1000 dollars la tonne ne fait que compliquer la tâche d’ALPAP et par ricochet, celle des imprimeries et des journaux. 

Cette nouvelle donne devra enclencher une sérieuse réflexion sur l’avenir de la presse et un véritable plan de sauvetage, après une véritable opération d’assainissement du secteur. Cette urgence nécessite une volonté politique…
 

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