Impact des chocs mondiaux : Des situations budgétaires vulnérables en Afrique

19/02/2024 mis à jour: 03:49
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Photo : D. R.

Les indicateurs économiques ne sont pas au beau fixe dans de nombreux pays africains. Idem pour les situations budgétaires qui continueraient d’être vulnérables aux chocs mondiaux.

La reprise économique post-Covid a certes  conduit, selon le rapport «Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique» (MEO) de la Banque africaine de développement (BAD), à une stabilisation du déficit budgétaire moyen à 4,9% en 2023, grâce notamment aux mesures d’assainissement budgétaire, mais la situation demeure fragile. Le déficit primaire n’a que marginalement diminué, passant de 1,7% du PIB en 2022 à 1,8% du PIB en 2023.

Dans de nombreux pays, comme c’est le cas pour l’Algérie, ce taux reste important, selon la même source. «Bien que la Libye ait enregistré un important excédent budgétaire de 14,1% du PIB en 2023, les déficits budgétaires de grands pays, comme l’Algérie (12,4%), l’Egypte (6,1%) et le Nigeria (5,2%), ont pesé lourdement sur le groupe», indique le rapport de la BAD.

En effet, sur les 11 pays exportateurs de pétrole, cinq (Algérie, Angola, Cameroun, Egypte et Nigeria) affichent des déficits budgétaires en 2023. Les autres (Tchad, Congo, Guinée équatoriale, Gabon, Libye et Soudan du Sud) ont enregistré des excédents. Malgré ces disparités, le groupe a enregistré un déficit budgétaire moyen de 5,3% du PIB en 2023, contre 4,7% en 2022.

Par ailleurs, le déficit du compte courant s’est légèrement creusé, passant de 1,5% du PIB en 2022 à une estimation de 2% en 2023, et il devrait se creuser davantage pour atteindre 2,2% en 2024, selon les prévisions de la BAD qui explique : «Cette dégradation est principalement due à une augmentation disproportionnée des importations par rapport aux exportations.»

Autre indicateur : la décomposition du solde des comptes courants de l’Afrique indique une légère aggravation du déficit en 2023 en raison d’un nouveau creusement du déficit commercial (3,4% du PIB en 2023 contre 2,8% en 2022, avec des prévisions d’augmentation en 2024, pour atteindre 3,3% du PIB, avant de retomber à 2,9% en 2025).

Le rapport de la BAD explique le creusement du déficit du compte courant par une contraction de l’épargne privée nette dans les mêmes proportions. Ainsi, au niveau des pays, les dix économies dont le solde du compte courant s’est le plus amélioré entre 2022 et 2023 ont davantage bénéficié de l’amélioration de l’épargne privée nette, à l’exception de la République centrafricaine et du Soudan du Sud.

L’amélioration du solde courant de ces deux pays est attribuable à l’assainissement budgétaire, selon la BAD qui précise : «En revanche, la faiblesse de l’épargne privée par rapport à l’investissement privé explique en grande partie l’augmentation du déficit du compte courant.»

Un solde compte courant à améliorer

«En Algérie, en Angola, au Congo et en Guinée équatoriale, la détérioration du solde du compte courant est due à l’effet combiné de la baisse de l’épargne privée nette et de la détérioration des soldes budgétaires.»

En Algérie, faut-il le noter, la BAD prévoit un solde budgétaire de moins 13,3% du PIB entre 2024 et 2025, et une balance du compte courant qui représente 2,4% du PIB. Face à une telle situation, la BAD recommande des efforts soutenus d’assainissement budgétaire pour stabiliser et améliorer le solde des comptes courants à court et moyen termes.

De même qu’il y a lieu d’assainir le climat des affaires pour drainer les flux financiers vers l’Afrique. Des flux en baisse ces trois derrières années que ce soit pour l’investissement direct étranger (IDE), l’aide publique au développement, l’investissement de portefeuille ou les envois de fonds. Ces flux ont globalement chuté de 16,6%, passant de 216,5 milliards de dollars en 2021 (7,9% du PIB de l’Afrique) à 180,5 milliards en 2022 (6,1%).

Cette baisse est principalement due à une chute de 43,5% de l’IDE en 2022, après un rebond de 103% en 2021. Malgré cette baisse, le nombre de nouveaux projets a augmenté de 39%, pour atteindre 766, et l’Afrique a représenté 40% des 15 principaux mégaprojets d’investissement entièrement nouveaux (d’une valeur supérieure à 10 milliards de dollars) annoncés en 2022.

«L’exécution réussie de ces mégaprojets pourrait offrir des opportunités de croissance future, de création d’emplois et de transfert de technologie», estime la banque continentale. Ce transfert est considéré comme la clé de l’intégration économique tant attendue et prônée dans les discours. « L’avenir de l’Afrique repose sur l’intégration économique.

Nos petites économies ne sont pas compétitives sur le marché mondial. Un marché intérieur africain sain peut assurer une production intra-africaine de produits manufacturés à valeur ajoutée », a déclaré à ce sujet, lors de la présentation du rapport, l’ambassadeur Albert Muchanga, commissaire au développement économique, au commerce, au tourisme, à l’industrie et aux minéraux de la Commission de l’Union africaine.
 

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