Une embarcation de fortune transportant des migrants clandestins a fait naufrage dans la nuit de samedi à dimanche derniers au large de Cap Djinet, à l’est de Boumerdès. Le bilan de cette énième tragédie est très lourd. Des sources locales parlent de 27 disparus, un cadavre retrouvé (B. Sofiane) et quatre survivants, secourus par les gardes-côtes.
Plusieurs appels ont été lancés ces derniers jours en direction des pêcheurs de la région pour participer aux recherches afin de retrouver les disparus. Mardi, une vidéo de l’embarcation, renversée et flottant à moitié sur les eaux, a été diffusée sur les réseaux sociaux. «Les victimes ont démarré à partir d’une plage de Corso, avant que leur embarcation ne fasse naufrage, vraisemblablement à cause de la charge et des mauvaises conditions climatiques.
Certains disent qu’ils ont percuté un rocher, mais cette version reste à vérifier car je ne pense pas qu’il y ait pas des rochers en haute mer», estime un pêcheur de la région.
Malgré les mauvaises conditions climatiques, plusieurs vagues de harraga continuent de traverser la Méditerranée à bord de barques de fortune pour rejoindre les pays de l’autre rive. Il y a 15 jours, deux jeunes de Bordj Menaïel ont péri et trois autres sont toujours portés disparus suite au naufrage de leur pirogue près de l’île Ibiza, au sud des côtes espagnoles.
La semaine passée, trois tentatives ont été avortées par la Gendarmerie nationale à Dellys, à l’est de la wilaya.
Des réseaux de passeurs qui profitaient de ce phénomène pour s’enrichir ont été démantelés par les services de sécurité, mais d’autres sévissent encore. Dans un rapport publié la semaine dernière, l’ONG espagnole Ca-minando Fronteras a fait état de 43 tragédies ayant fait 517 victimes sur la route migratoire reliant les côtes algériennes à l’Espagne. «L’analyse des tragédies qui se sont produites sur cet itinéraire révèle de sérieuses déficiences dans les protocoles de recherche et de secours.
Dans de nombreux cas, sur cette route migratoire, les alertes des familles arrivent trop tard, ce qui réduit les chances de sauvetage. Dans d’autres cas, même si l’alerte a été lancée à temps, les moyens mis en œuvre n’ont pas été suffisants pour permettre de localiser et sauver ces personnes en danger», souligne le rapport, ajoutant que le profil des personnes prenant cet itinéraire a changé de manière significative.
L’ONG révèle l’existence de réseaux d’escrocs qui bénéficiaient de renseignements d’organismes officiels espagnols pour extorquer de l’argent aux proches des disparus, précisant que plusieurs suspects ont été arrêtés dans le cadre des enquêtes ayant ciblé ces réseaux.