Immigration clandestine en Europe : Frontex face aux vagues venues d’Egypte et de Tunisie

21/03/2023 mis à jour: 10:07
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L'Algérie est le pays qui donne le moins de fil à retordre en Afrique du Nord au système d'intervention de l'agence européenne Frontex

Les vagues de migrants provenant des pays de l’Afrique du Nord et ciblant les rives européennes ne décroissent pas. Selon une synthèse du professeur Mohamed Saib Musette, directeur de recherche au Cread, effectuée sur la base d'un rapport de l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex, 330 000 tentatives d’immigration clandestine sur le Vieux continent ont été déjouées en 2022. 

Ce décompte prend en charge les déplacements par les deux voies maritime et terrestre. Sur l’ensemble, 60 652 tentatives ont été risquées à partir des côtes des quatre pays d'Afrique du Nord, que sont l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. Dans le lot, l’Egypte comptabilise les plus grands contingents avec 21 736 tentatives interceptées en 2022, un record, assure le professeur Saib Musette, qui peut indiquer que ce pays fait son entrée dans la liste des grands pourvoyeurs de migrants clandestins dans la région. 

La Tunisie étonne également, avec 18 471 tentatives interceptées sur la même période. On se serait logiquement attendus à des flux relativement moins importants au départ des côtes tunisiennes vu la taille moins importante (superficie et population) du pays par rapport à ses voisins. 

Mais ces données confirment qu'il existe bien un couloir actif de migration dans la zone qui doit s'expliquer par la difficulté des autorités à gérer la question dans le contexte politique et économique difficile en interne. La proximité, avec la Libye instable à l'est puis avec une Italie particulièrement intraitable sur la question migratoire au nord, peut également offrir une explication au score important de la Tunisie.

 Selon les données de la note de synthèse, le Maroc est concerné par 11 305 cas de tentatives interceptées, toujours par voie maritime, et l'Algérie clôt la petite liste avec l'enregistrement de 9140 personnes interceptées en mer au bout de tentatives avortées. 

On apprend donc que notre pays est celui qui donne le moins de fil à retordre au système d'intervention de Frontex. 

Les moyens mis pour lutter contre le phénomène par les autorités algériennes, en aval sur le plan opérationnel et en amont par la politique de prise en charge des arrivées sur le territoire concernant les migrants subsahariens, sont des éléments qui peuvent expliquer les taux relativement peu élevés enregistrés par Frontex s'agissant de l'Algerie. Il faut savoir que ces statistiques concernent exclusivement les tentatives déjouées par les gardes-côtes de l'Agence européenne, et ne prennent donc pas en compte les interceptions opérées par les services des pays concernés.

 Sur un autre plan, les récentes données de Frontex, synthétisées par le professeur Saib Musette, montrent clairement un bond important en été du nombre des tentatives d'immigration en Europe via la mer, à partir notamment de la Tunisie et de l’Egypte, où les chiffres explosent littéralement. La barre des 4500 tentatives déjouées a ainsi été atteinte en août 2022 concernant la Tunisie, alors que les tentatives engagées à partir de l'Egypte et interceptées ont cumulé à 3500 le mois suivant. Ces chiffres, bien entendu, ne prennent pas en compte les tentatives qui ont pu échapper aux mailles du filet. 

Enfin, il y a cette donnée significative : 50% des migrants clandestins cueillis par les troupes de Frontex, en voguant vers l'Italie à partir de la Tunisie, ne sont pas Tunisiens, mais Subsahariens. Cela confirme toute la pression que subit le gouvernement de Kaïs Saïed au point de le faire craquer, en février dernier, lors de la charge présidentielle contre la présence de la communauté subsaharienne dans le pays. 

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