Ils sont venus de partout vendredi soir, des quatre coins de la France, de Belgique et d’ailleurs, pour soutenir Imane Khelif confrontée à la Chinoise Jung Liu pour une finale décisive synonyme de médaille d’or à la plus méritante.
Dans ce temple du tennis où régnait, il n’y a pas si longtemps, un silence de circonstance entrecoupé de quelques applaudissements émanant d’un public tennistique à la limite du snobisme, s’est substitué un tout autre décor. Public nombreux et bruyant acquis à la cause d’Imane Khelif. Etendards en vert et blanc brandis des tribunes pour soutenir plus qu’une boxeuse nationale, une Algérienne qui n’a eu de cesse d’essuyer les coups bas venus de l’extérieur du ring. Les youyous fusant des tribunes dès l’apparition de la boxeuse algérienne (le public, les accompagnateurs et les officiels de Roland-Garros n’ont jamais vu ça) accompagneront la guerrière jusque sur le champ de bataille. Et la guerrière avait ce soir-là une foi inébranlable en la victoire. «Moi mon problème, c’est la demi-finale. Une fois en finale, rien ne peut entraver mon ambition d’offrir à l’Algérie cette médaille d’or», a-t-elle déclaré avant le match, sûre de son fait. Au cours du combat, tout le monde l’a vue, Imane Khelif a bien neutralisé son adversaire, la Chinoise Yang Liu qui n’était pas la première venue. A 31 ans, cet adversaire de l’Algérienne avait tout gagné, sauf une médaille olympique. Championne du monde en 2023 à New Delhi, elle l’a été par défaut car Imène Khelif, qualifiée en finale, a été empêchée par les organisateurs et l’Association internationale de la boxe amateur (l’IBA, aujourd’hui suspendue par le CIO) de disputer la couronne mondiale à sa rivale. C’est en cela que le match de vendredi soir allait permettre à Imène d’asseoir une supériorité qu’on lui avait refusée dans la capitale indienne. Et ce soir-là, connaissant bien sa rivale, dans un Roland-Garros survolté, l’Algérienne n’allait négliger aucun détail et dominer son adversaire de la tête et des épaules durant les trois rounds, ne lui laissant aucune possibilité d’envoyer son direct du gauche et neutraliser toutes ses tentatives.
Symbole de résilience et de courage
Le verdict ne souffre d’aucune contestation. Imane aura dominé le combat en imposant son rythme et sa stratégie. Elle a su gérer la pression qui pesait sur elle et tirer avantage, au plan psychologique, du soutien massif du public présent. Sa performance a été décrite par les médias locaux et internationaux comme maîtrisée et déterminée, confirmant son nouveau statut olympique et international en tant que boxeuse émérite dans sa catégorie. Son style s’est nettement perfectionné ces derniers mois, après la préparation intensive qu’elle a menée au Nice Boxing, son écurie d’adoption, et aussi sous les conseils avisés de son staff (excellent) et l’expérience qu’elle a désormais acquise dans les tournois internationaux auxquels elle a eu à participer. Mais ce qui l’a le plus galvanisée, c’est le séisme médiatique né à l’abandon au premier tour de la boxeuse italienne Carini qui a permis à la polémique d’enfler de façon inattendue et disproportionnée. Ce que nous avions dénommé à ce moment-là «la Comédia Del Arte» n’était pas loin de la réalité.
Comment une boxeuse qui a accepté de monter sur le ring, qui a eu à croiser Imane Khelif dans des tournois internationaux et qui s’est même entraînée avec elle en Italie, attire-t-elle l’attention sur elle en recevant le premier coup de poing de la part de notre boxeuse ? Même son coach qui lui avait demandé d’au moins terminer le round était étonné de tant de fragilité. Elle ne se contentera pas d’abandonner mais fera l’objet d’une crise lacrymale qui ne s’arrêtera pas jusqu’à la zone mixte sous les caméras d’une multitude de chaines de télévisions et de sites électroniques. C’est alors que la polémique a pris des excroissances insoupçonnées allant jusqu’à atteindre le Conseil de sécurité de l’ONU. Position valeureuse dans cette histoire de fou, le président du Comité international olympique (CIO), Mr Thomas Bach, a remis les pendules à l’heure, en précisant que ces allégations n’ont aucun fondement. Dans une lettre adressée personnellement à Imane Khelif, il lui apportera son soutien, chose jamais vue dans les annales de l’olympisme moderne.
C’est dire qu’après sa médaille d’or, Imane Khelif laissera un héritage significatif dans le monde du sport et au-delà. Sa victoire est perçue comme un symbole de résilience et de courage face aux polémiques et aux critiques malveillantes touchant à sa dignité et à l’honneur de sa famille, de ses proches, et partant de tous les Algériens. C’est pour cela que cette médaille d’or est célébrée non seulement comme un triomphe sportif mais également comme une victoire morale et sociétale. Imane Khelif est désormais vue comme une héroïne nationale incarnant l’espoir et la fierté.
Son parcours avant et pendant ces JO 2024 est un exemple pour les futures générations de sportives démontrant que malgré l’adversité, les obstacles et les controverses, l’on peut réussir et atteindre ses objectifs. Sa victoire est un moment historique qui restera gravé dans la mémoire collective des Algériens et dans les annales du sport international.
De notre envoyé spécial, Omar Kharoum
Déclarations :
RMC Sport
«Toujours aussi brillante dans le ring, Imane Khelif a conquis l’or olympique à Paris, avant-hier, en battant la Chinoise Yang Liu en finale des -66 kg sur décision unanime des juges. La meilleure des réponses a été donnée par la boxeuse algérienne, victime d’attaques sur son hyperandrogénie depuis le début du tournoi.»
Le Monde
«La boxeuse algérienne Imane Khelif surpasse les polémiques pour devenir championne olympique. Au cœur d’une controverse sur son genre et accusée à tort, elle a traversé les critiques et les polémiques pour finalement achever son parcours olympique portée en triomphe dans un stade de Roland-Garros en fête et totalement acquis à sa cause. La boxeuse algérienne Imane Khelif a remporté, vendredi 9 août en soirée, la médaille d’or de la catégorie des moins de 66 kg. Elle a battu, en finale, aux points à l’unanimité des juges, la Chinoise Yang Liu, championne du monde en titre. Imane Khelif, 25 ans, apporte à l’Algérie son deuxième titre des Jeux olympiques de Paris, après l’or de Kaylia Nemour en gymnastique. »
Le Figaro
«L’Algérienne Imane Khelif est devenue championne olympique des -66 kg, vendredi à Roland-Garros en écrasant la finale. La boxeuse algérienne Imane Khelif est devenue championne olympique des -66 kg, vendredi dans un stade de Roland-Garros survolté et totalement acquis à sa cause, grâce à sa victoire en finale contre la Chinoise Yang Liu, championne du monde en titre»