Ils sont peu nombreux à s’y être rendus cette année : Pourquoi la destination Tunisie n’attire plus les Algériens

03/09/2022 mis à jour: 19:35
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Le rush attendu et espéré par les professionnels tunisiens du tourisme n’a pas eu lieu

Contre toute attente, la destination Tunisie n’a pas trop attiré les Algériens cette année. Le rush attendu par les professionnels tunisiens du tourisme, la veille du 15 juillet dernier, date de l’ouverture des frontières entre les deux pays, n’a pas eu lieu.

Malgré la longue période de fermeture des frontières, notamment terrestres, motivée par la prévention contre la pandémie de  Covid-19, la réticence des Algériens à se rendre en Tunisie est attribuée à tort ou à raison à plusieurs facteurs. Les chiffres le confirment. En deux semaines, soit du 15 au 31 juillet 2022, seuls quelque 61 000 touristes algériens ont franchi les frontières tunisiennes à travers les différents postes frontaliers, dont celui d’Oum Teboul (El Tarf) considéré comme étant le plus important. 

Durant la moitié du mois d’août, le rythme des entrées est allé même décroissant, au grand dam des autorités tunisiennes qui escomptaient un flux plus important. Elles espéraient recevoir un million de touristes algériens d’ici à la fin de l’année 2022, ce qui aujourd’hui paraît extrêmement difficile. 

Contactées, des sources douanières sur place confirment d’ailleurs : «La moyenne quotidienne enregistrée des touristes algériens qui passent par notre poste oscille entre 1600 et 2000 touristes. Le pic constaté depuis le 15 juillet n’a pas dépassé les 2300 touristes algériens par jour. A titre indicatif, durant la journée du vendredi 19 août, nous avons enregistré le passage de 1955 algériens et 500 véhicules.» 
 

Comment expliquer ce changement brutal dans le choix des touristes algériens qui, pour mémoire, ont été plus de 2,2 millions avant la fin de l’année 2018 et près de 3 millions en 2019 ? «La dégradation de la qualité des services et l’augmentation des prix des offres», tranche Assia, la représentante de l’agence AD voyage à Annaba. Pour cette spécialiste en tourisme, «la qualité du All inclusif n’est plus la même. 

Les prix ne cessent également d’aller crescendo. Ce qui a frayé un large passage au tourisme local que les Algériens commencent à découvrir.» «Régulièrement, nous proposons donc à nos clients des circuits locaux et des destinations par bus. Oran et Béjaïa sont les destinations phares cette année. Elles attirent beaucoup de clients, notamment les familles», ajoute la représentante de l’agence AD voyage à Annaba. Othmani Chérif, un des plus anciens spécialistes dans le secteur et patron de l’agence de Tourisme OTTS à Annaba, estime lui aussi que la Covid a carrément bouleversé les habitudes des Algériens. 

Pourquoi ? «La destination Tunisie n’est plus celle d’avant la Covid-19. Tout a changé. On n’y retrouve pas la même convivialité qu’avant. Il faut que le pays traverse une crise politique et économique difficile, ce qui a pour effet d’alourdir l’atmosphère. Il y a eu beaucoup d’appréhensions. 

L’insécurité y est aussi pour quelque chose. Plusieurs de mes clients m’ont fait part de leurs tristes mésaventures avec des malfrats. Les premiers touristes algériens se sont vus également contraints à leur retour de présenter un test PCR qui coûte près de 200 dinars tunisiens soit quelque 13 000 DA/personne. Ce qui est évidemment une somme exagérée.» Tout cela a joué en défaveur du tourisme tunisien. Même si cette contrainte a été levée par les autorités tunisiennes, les touristes algériens qui s’apprêtaient à passer un séjour en Tunisie ont vite changé de destination. Les plus nantis ont choisis la Turquie. Le reste a opté pour le tourisme local. 
Samir Bendaas en est un. 

Avec sa petite famille, il a choisi, à l’instar de très nombreux pères de famille, de passer ses vacances dans l’Oranie. Et il s’est dit «très satisfait». Il avoue même avoir «vécu les plus belles vacances de sa vie». «En Algérie, nous disposons de très belles infrastructures touristiques qui n’ont rien à envier à celles de la Tunisie. Les Grandes surfaces qui drainent aussi les touristes sont nombreuses et manquent chez notre voisin de l’Est. 

La qualité de service est impeccable et sans exagérer elle est meilleure que celle présentée dans les spots publicitaires», a-t-il constaté. Cependant, abonde-t-il, les prix ne sont pas toujours à la portée de tout le monde. «Si l’Etat soutient un peu plus les opérateurs nationaux activant dans le secteur du tourisme pour réviser à la baisse leurs offres, l’Algérie y gagnerait beaucoup. Le pays pourra ainsi préserver ses ressources en devises», conseille-t-il.        

 

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