Ils ont protesté devant le ministère de l’Enseignement supérieur : Des titulaires de doctorat réclament des postes à l’université

20/06/2023 mis à jour: 14:09
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Photo : El Watan

Venant de plusieurs wilayas et organisés en coordination nationale, les protestataires dénoncent une «exclusion abusive» exercée à leur encontre par le ministère de tutelle.

Des centaines de titulaires de doctorat et de magistère dans différentes spécialités ont protesté, hier matin, devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs), pour réclamer leur recrutement direct.

Venant de plusieurs wilayas et organisés en coordination nationale, les protestataires dénoncent une «exclusion abusive» exercée à leur encontre par le ministère de tutelle. «Après plusieurs mouvements de protestation, le ministère a mis à notre disposition en janvier dernier une plateforme pour nous inscrire et remplir certaines cases en informations essentielles. Il y en avait une dans laquelle le concerné doit mentionner s’il est salarié ou chômeur. Chose faite, avant qu’on soit pris au piège par le ministère», a fulminé Ryma, docteur en électrotechnique, précisant que tous les salariés sans exception ont été exclus et n’ont plus accès à la plateforme.

Une mesure qui a provoqué la colère des manifestants, qui sollicitent l’intervention du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Selon Houssem Eddine, titulaire d’un doctorat en électronique, la Constitution et toutes les lois régissant ce secteur ont été bafouées par le ministère.

Notre interlocuteur rappelle qu’une formation doctorale n’est ouverte que selon les besoins exprimés de chaque université et le recrutement doit se faire machinalement comme le stipule le décret exécutif 98-254 du 17 août 1998 relatif à la formation doctorale. «Si un établissement universitaire organise un concours pour six postes de doctorat, cela signifie qu’il y a un manque d’encadrement et de chercheurs.

Après la soutenance et des années de recherche, le docteur se retrouve à la quête d’un emploi, chez le privé ou dans l’éducation nationale, postulant avec son diplôme de licence ou de master. Dans les meilleurs cas, il passe un entretien avec un minimum de 40 personnes pour un seul poste à l’université. Aujourd’hui, avec la décision du ministre d’exclure les salariés, on n’aura plus le droit à cet entretien.

Pis encore, pour avoir le poste, il faut répondre à certains critères afin d’avoir plus de notes, dont l’expérience professionnelle. Ce qui m’oblige à assurer des vacations durant ma formation, mais je ne peux rester aussi sans salaire durant trois ans ou plus. C’est le délire», a expliqué Houssem Eddine. Pourtant, poursuit-il, le manque et la charge dans les différents départements sont devenus insupportables.

Certaines facultés ont plus de 300 vacataires, selon les protestataires, qui ont évoqué également un manque d’environ 40 000 postes d’enseignants universitaires à l’échelle nationale. «Sachant que nous sommes environ 17 000 titulaires de doctorat ou de magistère, dont 7000 chômeurs et qui ont été sélectionnés via ladite plateforme, le recrutement à l’université devrait-il se faire selon la compétence ou avec un esprit de solidarité sociale ? S’agit-il de la recherche scientifique ou de l’allocation-chômage ?

Pourtant, les articles de la Constitution préservant nos droits, y compris l’impartialité de l’administration qui est garantie par la loi, sont clairs», regrette Ryma. Et de citer les articles réglementaires et les lois régissant le recrutement dans la Fonction publique, ainsi qu’à l’enseignement supérieur.

Tous ces textes, selon notre interlocutrice, ont été balayés d’un revers de la main par le ministère. Les concernés réclament l’intervention du Président face à toutes les contradictions et les dépassements soulevés dans la décision du ministre Kamel Baddari.

«Nous réclamons l’égalité dans le recrutement entre salariés et non-salariés. La recherche est un choix, nous nous sommes inscrits en doctorat suite aux postes ouverts. Il faut savoir aussi que certaines spécialités nouvelles comptent un nombre timide de doctorants et mastérants, en majorité des salariés. Allons-nous les supprimer ?» s’interrogent les protestataires. 

 

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