« Il y a une pression de la rue » pour restituer les œuvres pillées en Afrique, selon l'Unesco

02/02/2025 mis à jour: 07:09
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Il y a une « prise de conscience des nouvelles générations » et un « changement des mœurs » pour restituer les œuvres pillées en Afrique affirme Ernesto Ottone, directeur général adjoint pour la Culture de l’organisation des Nations Unis.

« Il y a une pression croissante de la part de la population » pour la restitution des œuvres pillées durant la colonisation en Afrique, a déclaré lundi Ernesto Ottone, directeur général adjoint pour la culture de l'Unesco, soulignant un « changement des mentalités ». L'Unesco organise aujourd'hui à Addis-Abeba, capitale de l'Éthiopie, une conférence rassemblant des représentants des 54 États africains pour discuter du retour et de la restitution des biens culturels en Afrique.

Ernesto Ottone, ancien ministre chilien de la Culture, a expliqué à l'AFP que cela fait maintenant cinq ou six ans que l'on observe une pression croissante en Afrique concernant la restitution des œuvres pillées. Il a ajouté que lorsqu'on parle avec la jeune génération qui visite les musées en Europe, on note une critique de ce qu'ils y voient, ce qu'il interprète comme un « éveil des consciences » et un « changement des mentalités ». De nombreux pays européens ont engagé ces dernières années un processus complexe de restitution des œuvres d'art prises pendant les périodes coloniales, un processus qui dépend des législations nationales, a expliqué Ernesto Ottone. Selon lui, même dans les pays où le dialogue n'est pas encore totalement abouti, on observe des efforts venant des universités et des musées.

En France, ancienne puissance coloniale entre le XVIe et la première moitié du XXe siècle, environ 90 000 objets provenant d'Afrique subsaharienne sont conservés dans les musées publics, dont 79 000 au musée du Quai Branly, selon un rapport de 2018. Plusieurs pays ont formulé des demandes de restitution. Cependant, chaque demande nécessite une loi pour permettre le « déclassement » des biens et leur retrait des collections. À la fin de l'année 2020, le parlement français a adopté une loi autorisant le retour définitif de 26 œuvres du trésor royal d'Abomey, prises lors de la guerre franco-dahoméenne de 1892, au Bénin.

Depuis lors, la France a seulement accordé des prêts, comme fin novembre avec le rapatriement du tambour Djidji Ayokwe en Côte d'Ivoire, ou encore le prêt à Madagascar de la couronne de la reine Ranavalona III, qui était conservée au musée de l'Armée à Paris. D'autres pays, comme le Royaume-Uni et l'Allemagne, font également face à des demandes similaires pour la restitution de biens culturels pris durant la colonisation.

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