Il s’attaque au «révisionnisme islamiste» et au «faux nationalisme» : L’ancien député Noureddine Aït Hamouda sort de sa réserve

01/10/2023 mis à jour: 02:02
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Photo : D. R.

Dans une déclaration publique, l’ancien député RCD Noureddine Aït Hamouda revient sur le «révisionnisme islamiste», les «menaces qui pèsent sur le pays», «les attaques contre l’institution» qui «a sauvé le pays de la ‘’talibanisation’’», «les manœuvres qui s’opèrent à nos frontières», «la grande supercherie de la Badissia-Novembria», etc.

Deux ans après sa libération de prison (le 29 août 2021), l’ancien député et président de la Fondation dédiée à son défunt père, le Colonel Amirouche, chef de la Wilaya III historique durant la Guerre de Libération nationale, Noureddine Aït Hamouda, sort de sa réserve, en rendant publique une déclaration, dans laquelle il revient sur les événements que connaît le pays, les menaces externes auxquelles ce dernier fait face.

Il commence par évoquer les dangers qui menacent l’Algérie, en affirmant que «face à cela, la préparation sécuritaire ne suffirait pas si le front interne n’est pas renforcé et fortifié». Pour lui, «la consolidation de la souveraineté nationale n’est pas seulement une affaire d’arsenal militaire et logistique. Elle est fondamentalement dans la force économique, la cohésion sociale, la stabilité institutionnelle et l’émancipation démocratique que l’on offre à la jeunesse du pays (…). Sans ces ingrédients, toute prétention de grandeur nationale sera vaine».

Aït Hamouda affirme qu’avec les milliers de kilomètres de frontières qui nous lient avec des pays plongés dans les crises et les conflits, «la sécurité de l’Algérie et son intégrité sont potentiellement menacées». Pour lui, «il faudrait (…) une refonte totale de l’Etat, notamment sur le plan de l’armature institutionnelle jacobine et centralisée, dernier vestige colonialiste encore visible».

Aït Hamouda plaide pour «l’adoption d’une nouvelle forme de gouvernance territoriale, basée sur les harmonies régionales et inspirée tant de l’organisation soumamienne de la Guerre de Libération nationale que sur le schéma structurel de l’Armée de libération nationale à travers le système des grandes régions».

Une organisation, qui «peut servir d’assise à une nouvelle République algérienne où la fraternité retrouvée et les diversités culturelles enrichissantes barreront la route aux aventuriers de tous bords».

Il met en garde contre «le maintien insistant» de ce qu’il qualifie de «jacobinisme français, comme mode de gestion territoriale», qui «fait le lit à la marginalisation de l’élite, à la corruption, à l’exode culturel et la tentation radicaliste. Le révisionnisme islamiste en est la parfaite illustration».

«Déplacer l’épicentre du terrorisme»

Aït Hamouda parle «des attaques contre les institutions névralgiques du pays et les acteurs ayant sauvé l’Algérie de la talibanisation dans les années 1990, en faisant une fixation sur l’Armée nationale populaire» et accuse «des officines bien feutrées à l’étranger», qui «obéissent à une stratégie portée par des esprits revanchards de la décennie noire».

Pour lui, «ceci n’est pas une œuvre sporadique mais un processus mûri et réfléchi de la part des sponsors de l’intégrisme pour introniser les islamo-populistes au pouvoir et ainsi déplacer l’épicentre du terrorisme du Moyen-Orient vers l’Afrique du Nord. Les manœuvres qui s’opèrent dans notre voisinage immédiat avec le concours d’une monarchie du Golfe sont un indice révélateur des tentations destructrices qui visent l’Afrique du Nord et le Sahel, particulièrement l’Algérie».

L’ancien député qui estime qu’il «n’est pas anodin que la plupart des animateurs embusqués dans les réseaux sociaux soient d’obédience islamiste et inféodés aux officines intégristes» évoque «la grande supercherie ‘‘Badissia-Novembria’’, que tout Algérien digne se doit de combattre», qualifiée de «partie apparente de ce révisionnisme dévastateur».

Pour Aït Hamouda, «l’instrumentalisation populiste des questions idéologiques, comme celle de la langue française et son opposition à la langue anglaise, ne provoquera que le repli sur soi et la ghettoïsation de l’Algérie et, comme le dit si bien Mouloud Mammeri : ‘‘Il se peut que les ghettos sécurisent, mais qu’ils stérilisent c’est sûr.’’»

Pendant ce temps, rappelle l’ancien député, «les islamo-conservateurs, bien introduits dans les institutions, notamment éducatives et culturelles, continuent à combattre tamazight et à entraver son développement, allant à contre-courant de la Constitution qui l’a pourtant consacré langue nationale et officielle, entraînant l’opinion dans un faux débat sur la place des langues étrangères dans notre vécu».

Pour ce qui est des libertés et des droits de l’homme, Aït Hamouda appelle à l’abandon des «arsenaux législatifs et institutionnels qui briment les libertés et étouffent la parole citoyenne (…)» mais aussi «à la libération des détenus d’opinion (…) et de la justice des interférences (…)». «Toute volonté de briser cette logique (...) ne fera qu’aggraver le malheur national», tranche-t-il.

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