Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a abordé avec son homologue français, Emmanuel Macron, les relations bilatérales ainsi que certains dossiers régionaux,comme la Palestine, la Libye, le Soudan et la situation sécuritaire au Sahel.
Le chef de l’Etat a également fait le point avec la présidente du Conseil des ministres italien, Georgia Meloni, sur l’état d’avancement des projets inscrits dans le «Plan Mattei pour l’Afrique» dans le secteur agricole et celui de la formation professionnelle.
La participation du président Abdelmadjid Tebboune au dernier sommet du G7 a été intense. Dès son arrivée à Bari, dans la région des Pouilles, au sud de l’Italie, où s’est déroulé cet événement du 13 au 15 juin, le chef de l’Etat a enchaîné les rencontres avec plusieurs de ses homologues convié à ce rendez-vous annuel des sept pays les plus industrialisés, élargi à d’autres chefs d’Etat issus des différents continents.
Dans plusieurs photos et vidéos publiées sur la page Facebook officielle de la présidence de la République, on voit bien le président Tebboune en train de serrer la main du président américain Joe Biden, de la présidente du Conseil des ministres italien, Georgia Meloni, du Premier ministre canadien Justin Trudeau, du roi de Jordanie Abdallah II, ou encore du pape François. Le chef de l’Etat a également croisé, lors de ce sommet, le président émirati Mohamed Ben Zayed Al Nahyane dit MBZ.
Poignée de main glaciale
Pas d’embrassades entre les deux dirigeants mais une simple poignée de main glaciale. Si on observe bien la photo immortalisant cette poignée de main, c’est plutôt MBZ qui serait venu vers le président Tebboune assis, pour visiblement échanger avec lui quelques mots. Rien n’a filtré sur la teneur de cette courte discussion qui aurait porté sur la crise ouverte entre les deux pays.
En effet, après avoir été excellentes pendant de longues années, les relations entre les deux pays se sont considérablement détériorées au cours de ces dernières années. Plus précisément depuis la normalisation des Emirats arabes unis avec Israël, dans le cadre des Accords d’Abraham conclus en août 2020, sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump. Des accords qui ont été rapidement élargis au Maroc, au Soudan et à Bahreïn.
Le président Tebboune, faut-il le rappeler, a plusieurs fois dénoncé les «agissements inamicaux» des dirigeants émiratis contre l’Algérie, notamment dans la région du Sahel, sans pour autant les citer clairement. Même le Haut Conseil de sécurité (HCS), qu’il préside, a publié un communiqué en janvier 2024 dans lequel il exprimait ses «regrets concernant les agissements hostiles à l’Algérie, émanant d’un pays arabe frère». Si les Emirats arabes unis (EAU) n’ont pas été clairement cités, le message était clair.
Depuis quelque temps, dans les coulisses et à la une de certains médias nationaux, on évoque des coups tordus visant l’Algérie dont serait responsable Abou Dhabi. A titre d’exemple, en décembre 2023, la Radio nationale a diffusée une information selon laquelle les Emirats avaient débloqué 15 millions d’euros au profit du Maroc pour «financer des campagnes médiatiques subversives et de désinformation», notamment sur les réseaux sociaux pour nuire à ses bonnes relations avec les pays du Sahel.
Aussi, plusieurs médias ont rapporté que les Emirats arabes unis ont voté, en juin 2023, contre la candidature de l’Algérie au poste de membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, cela bien que par la suite, le ministre émirati des Affaires étrangères et de la Coopération internationale l’ait félicité après sa large élection avec 184 sur les 193 Etats membres. Ce pays du Golfe arabo-persique est également accusé d’avoir pesé de tout son poids pour empêcher l’accession de l’Algérie aux BRICS.
Partenariat renouvelé
Même des partis politiques ont dénoncé l’hostilité des Emirats envers l’Algérie. C’est le cas du Parti des travailleurs qui avait affirmé en décembre dernier, par la voix de sa secrétaire générale Louisa Hanoune, que ce pays du Golfe œuvrait à «la déstabilisation de l’Algérie, au bénéfice de l’entité sioniste, en attisant les tensions dans la région pour provoquer une guerre».
Lors de son séjour à Bari, le président Tebboune a tenu des réunions bilatérales avec plusieurs de ses homologues, à l’instar du président français Emmanuel Macron, de la présidente du Conseil des ministres italien Georgia Meloni et du président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani qui est également le président en exercice de l’Union africaine. Comme il a rencontré le président du Conseil européen, Charles Michel, et reçu le chef du gouvernement tunisien, Ahmed Hachani.
Les discussions entre le président Abdelmadjid Tebboune et son homologue français Emmanuel Macron ont porté sur les relations bilatérales, mais aussi sur certains dossiers régionaux comme la Palestine, la Libye, le Soudan et la situation sécuritaire au Sahel.
«Les deux Présidents ont fait le point sur le partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie et sur la manière de continuer d’approfondir la mise en œuvre de la Déclaration d’Alger signée à l’occasion de la visite du président de la République en Algérie, en août 2022», a précisé l’Elysée dans un communiqué. Les deux Présidents, qui ont abordé le dossier de mémoire, se sont félicités des récentes avancées de la Commission mixte algéro-française d’historiens qui a tenu sa 5e réunion en mai à Alger.
L’Elysée a affirmé que le président Tebboune a évoqué avec son homologue français «les enjeux régionaux», assurant que les deux dirigeants «se sont félicités de l’excellente coordination au Conseil de sécurité des Nations unies à cet égard». «Ils ont redit la nécessité d’instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable à Ghaza afin de permettre la libération de tous les otages, l’acheminement massif de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza, conformément à la résolution 2725 qui marque l’appui du Conseil de sécurité au plan présenté par le président Biden», a précisé la même source, soulignant que les deux chefs d’Etat sont convenus de «poursuivre leurs contacts étroits en vue de travailler à promouvoir un cadre crédible pour la mise en œuvre de la solution à deux Etats, seule à même de répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens et des Israéliens à la paix et à la sécurité». Les échanges entre les deux hommes ont également porté sur les enjeux sécuritaires en Libye et au Sahel, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.
Le plan Mattei en marche
Le président Abdelmadjid Tebboune a rencontré la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, avec laquelle il a passé en revue les relations bilatérales. Les deux dirigeants ont souligné l’excellence des relations entre l’Algérie et l’Italie. M. Tebboune et Mme Meloni ont fait le point sur l’état d’avancement des projets inscrits dans le «Plan Mattei pour l’Afrique» dans le secteur agricole et celui de la formation professionnelle.
L’Algérie et l’Italie coopèrent également sur des dossiers relatifs aux questions migratoires et sécuritaires. Les deux pays conjuguent leurs efforts pour ramener la paix et la stabilité en Libye voisine et dans d’autres pays de la région, comme le Soudan qui sombre dans une terrible guerre civile.
Il faut souligner que le partenariat algéro-italien dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et de l’industrie s’est beaucoup renforcé ces dernières années. Un projet d’agriculture durable est en phase de lancement dans le Sud algérien, en partenariat avec le groupe italien spécialisé dans l’agro-industrie, Bonifiche Ferraresi. Ce groupe italien avait obtenu l’année dernière un contrat de concession définitif au niveau de la wilaya de Touggourt pour la production du blé dur sur une surface de 36 000 hectares. Il s’agit du plus grand investissement italien dans le domaine agricole en Afrique du Nord. M. A. O.