Il a reçu des membres français de la commission Histoire et Mémoire : Macron entend remettre la question mémorielle sur la table

23/09/2024 mis à jour: 03:34
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Le président français, Emmanuel Macron, est «déterminé» à «poursuivre le travail de mémoire, de vérité et de réconciliation» avec l’Algérie sur la colonisation française, a indiqué, hier, la présidence française, citée par l’AFP.

 Le président Macron s’est exprimé sur ce sujet lors d’une réunion avec des historiens, «malgré les tensions récurrentes entre les deux pays», a ajouté la même. Lors de cette réunion, qui s’est tenue jeudi au palais de l’Elysée, il a «appelé de ses vœux» à ce que les travaux déjà engagés par la Commission mixte franco-algérienne d’historiens aboutissent et que les «propositions concrètes formulées par la Commission mixte puissent être mises en œuvre», a précisé la même source. «Il souhaite que ces propositions permettent à notre pays (la France, ndlr) de porter un regard lucide sur le passé et de construire, dans le temps long, une réconciliation des mémoires, dans une démarche d’éducation et de transmission pour les jeunesses française et algérienne», a ajouté la présidence française. 

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue français avaient, en août 2022, décidé de relancer la relation bilatérale en créant cette commission mixte d’historiens. Mais ce travail de mémoire «reste suspendu aux tensions diplomatiques récurrentes entre les deux pays», selon l’AFP. Seuls les membres français de la commission mixte étaient d’ailleurs présents à l’Elysée, a précisé la présidence française. 

Nouveau clin d’œil de Marcon à l’Algérie après la nouvelle crise qui a s’est durcie entre les deux pays en juillet dernier ? S’efforce-t-il de rattraper le coup à travers la question mémorielle, après son alignement exprimé et assumé sur le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental, lequel plan a été fermement dénoncé par les autorités algériennes ? 

Un alignement qui a poussé Alger à retirer, le 30 juillet, son ambassadeur à Paris avec effet immédiat. Même s’il s’agit d’une démarche purement protocolaire, le président français a, rappelons-le, au lendemain du scrutin présidentiel du 7 septembre, adressé au président Tebboune ses «plus vives félicitations» pour sa réélection ainsi que «ses meilleurs vœux de succès». 


Actions tangibles

«La France est particulièrement attachée à la relation exceptionnelle qui la lie à l’Algérie dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la mémoire, de l’économie, des mobilités entre nos deux pays, des coopérations éducatives et culturelles, mais aussi la sécurité et la lutte contre le terrorisme», a-t-il écrit dans son message de félicitations. Moins de trois jours après, il dépêche à Alger sa conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a, en effet reçu, le 11 septembre, en audience, Anne-Claire Legendre, qui était porteuse d’une lettre du président français au président de la République. 

Il convient de noter que la cinquième rencontre et dernière en date de la Commission mixte algéro-française sur l’histoire et la mémoire s’est tenue du 20 au 24 avril 2024 à Alger. Dans un communiqué, la Commission a dit plaidé pour des actions tangibles pour prendre en compte toutes les dimensions de l’histoire de la période coloniale.

 Cette Commission «insiste sur la nécessité de poursuivre les négociations dans le cadre du groupe de discussion mixte algéro-français sur la question des archives», a souligné le communiqué, ajoutant que «la partie algérienne présente une liste ouverte de biens historiques et symboliques de l’Algérie du XIXe siècle, conservés dans différentes institutions françaises, proposés à la restitution à l'Algérie sous forme de geste symbolique». 

En plus de la question des archives, la partie algérienne continue de réclamer la restitution de reliques et d’objets pillés par le colonisateur et qui sont répertoriés dans une liste non encore définitive. La liste contient, surtout, des biens de l’Emir Abdelkader, son sabre, son fusil, son pistolet, sa bague, un exemplaire du Coran qu’il détenait, son chapelet… Des objets sont répartis entre le Musée de l’Armée aux Invalides et le Musée de Condé à Chantilly, selon des sources proches du dossier. 

Pour rappel, les coordinateurs des deux parties, algérienne et française, sont respectivement Mohamed Lahcen Zeghidi et Benjamin Stora. Le Dr Mohamed Lahcen Zeghidi, sollicité hier par El Watan à propos des déclarations du président français, à préférer ne pas faire de commentaire. «J’ai pris connaissance du contenu de la dépêche comme vous. Nous n’avons pas de commentaire à formuler. 

En plus, nous ne nous sentons pas concerné par les conclusions de cette rencontre du moment qu’il s’agit d’une réunion franco-française, comme il est si bien précisé dans la dépêche», s’est-il contenté de déclarer. Contacté, l’historien Mohamed El Korso a, lui aussi, refusé de s’exprimer sur le sujet.  

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