Hommage à Hocine Keffous, fondateur du parc zoologique de Tifrit (Akbou)

16/01/2022 mis à jour: 12:55
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Photo : El Watan

L’association des Chasseurs Tala d’Akbou a rendu un vibrant hommage à Dda Lhocine Keffous, le fondateur du parc zoologique de Tifrit, ce vendredi 14 janvier. Ses amis et compagnons ont été nombreux à se presser dans le petit zoo pour assister à la cérémonie, marquée de témoignages, des offrandes de présents et cadeaux symboliques, organisée en son honneur.

Artisan ferronnier de son état, celui que tout le monde appelle Ammi Lhocine a toujours été un ami des animaux et de la nature. Tout jeune, déjà, il montrait des dispositions naturelles à avoir un lien privilégié avec les animaux. 

L’histoire du parc de Hocine Keffous a commencé lorsque Ammi Lhocine a adopté des marcassins puis des chacals qui se sont habitués à lui, au point de le suivre partout même quand ils sont devenus adultes. 

Ce spectacle d’un homme qui marche dans la rue, va au café ou au marché avec des animaux sauvages comme les sangliers a contribué à construire sa légende. 

Encore plus, quand, en 1992, Hocine Keffous ramène Rostom. Agé d’à peine 5 mois, Rostom est un lionceau qui deviendra rapidement un superbe adulte à la crinière flamboyante et il passera huit années au sein de la famille, devenant l’un de ses membres. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un homme et un lion devenir d’inséparables compagnons. 

Cette faculté unique qu’il a de tisser des liens forts avec toutes sortes de bêtes sauvages et domestiques fait que les gens, tout naturellement, lui ramenaient des animaux capturés ou trouvés blessés dans la nature pour s’en occuper. 

C’est à ce moment-là que l’idée de construire un petit sanctuaire pour ses amis à poils ou à plumes est née. Hocine Keffous a donc mis son talent de ferronnier pour construire patiemment des cages et des enclos pour chacun de ses pensionnaires et le petit zoo ouvre donc ses portes en 1996, au grand bonheur des petits et des grands. 

Au fil des ans, le petit parc s’agrandit et accueille des représentants de toute la faune locale : chacals, hyènes, sangliers, porcs-épics, genettes, lions, aigles, vautours, mangoustes, faucons, oies, canards et autres espèces animales. 

Pour nourrir tout ce beau monde, Ammi Lhcoine ne peut compter que sur l’aide de ses amis chasseurs qui le pourvoient en gibier pour ses carnassiers et des habitants de la région qui lui ramènent de la viande à chaque fois que cela est possible. 

Le parc devient un lieu d’attraction pour visiteurs et touristes ravis d’admirer de près toutes ces bêtes qu’ils ont rarement l’occasion de voir dans la nature. Ammi Lhocine fera aussi des échanges avec le zoo d’El Hamma ou de Ben Aknoun à chaque fois qu’une opportunité se présente pour acquérir de nouvelles espèces. 

Depuis l’ouverture du zoo, cela fait près d’une trentaine d’années, il se battra seul, avec ses enfants, pour maintenir à flot ce projet sans aide extérieure. 

Malgré toute l’originalité et la pertinence de cette entreprise individuelle dont les bienfaits sur le plan pédagogique, scientifique, écologique et touristique ne sont plus à démontrer et constituent un plus pour toute la région.

Les promesses d’aide ont pourtant été très nombreuses. Fils de chahid et militant culturel de l’identité berbère de longe date, Ammi Lhocine est un homme de principes et de caractère qui ne marchande pas ses valeurs. Il a toujours prouvé qu’il est un montagnard fier et obstiné qui va jusqu’au bout de ses idées. 

Ses amis le savent bien et lui rendent hommage à leur manière à travers de nombreux témoignages. Aujourd’hui, le petit parc survit grâce aux maigres revenus générés par les visiteurs, mais grâce aussi à l’obstination de la famille Keffous ainsi qu’à l’aide de tous les amis qui soutiennent le projet depuis le début. Des animaux rares comme le lion, la hyène rayée ou le vautour fauve arrivent même à se reproduire.

Dernièrement, un couple de vautours fauves a mis au monde un petit à deux reprises. «C’est la première fois que l’on assiste à des naissances du vautour fauve en captivité», disent des universitaires spécialistes de la question. 

Ammi Lhocine, lui, continue tranquillement son petit bonhomme de chemin avec ses amis. Ceux qui l’apprécient à sa juste valeur, qu’ils soient des humains ou des animaux.

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