Histoire : Gengis Khan, ses conquêtes et son empire au musée d’histoire de Nantes

15/10/2023 mis à jour: 07:59
AFP
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 Plus de 450 objets sont présentés, dont 300 issus du patrimoine mongol, vestiges de la naissance et de l’expansion de l’empire, qui s’étendra de la Corée à la Pologne. 

 Il y a trois ans, le musée d’histoire avait annulé l’exposition face à la «censure» de Pékin, qui devait prêter de nombreux objets issus de ses musées mais avait voulu réécrire le projet initial pour y apposer son propre récit national. Le musée avait alors affirmé avoir reçu «une injonction des autorités centrales chinoises à faire disparaitre de l’exposition des éléments de vocabulaire (les mots Gengis Khan, empire et mongol)». L’exposition est pourtant centrée autour de la figure bien réelle mais quasi-mythique de l’empereur, proclamé «souverain universel» en 1206 à l’époque de ses conquêtes vers l’Asie centrale, l’Iran et la Chine. 

Plusieurs objets témoignent du culte que les Mongols lui ont voué dès le XIIIe siècle, comme ces soleil et lune d’or, symboles du dieu du ciel dont Gengis Khan aurait tiré son autorité et sa force. Dans la nouvelle version de l’exposition, les commissaires ont finalement renoncé à présenter les objets issus de collections chinoises, pour éviter toute intervention extérieure. «Après l’annulation, nous avons reçu le clair soutien de la Mongolie, qui a décidé de mettre sa collection à disposition», explique Bertrand Guillet, directeur du musée d’histoire de Nantes, pour qui l’exposition s’inscrit «dans le cadre plus large des relations diplomatiques franco-mongoles». 

Le président de la Mongolie, Ukhnaa Khurelsukh, en visite d’Etat en France depuis mardi, a inauguré l’exposition vendredi soir. Accueilli au musée par la maire de Nantes, Johanna Rolland, et le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, il s’est dit «honoré» d’inaugurer cette «exposition historique». «Je souhaite que les relations France-Mongolie s’épanouissent», a ajouté le président. Emmanuel Macron qui s’était rendu au musée Gengis Khan lors de sa propre visite en Mongolie, au mois de mai. 
 

Ce vaste pays de 3 millions d’habitants, enclavé entre la Chine (où vivent 6,5 millions de membres de l’ethnie mongole, principalement dans la province de Mongolie intérieure) et la Russie, entretient de bonnes relations avec Pékin et Moscou mais poursuit cependant une stratégie dite de «troisième voisin», qui consiste à nouer également des liens étroits avec d’autres nations. 
 

Saint-Louis

L’exposition s’ouvre d’ailleurs, comme un clin d’œil, sur les preuves de relations franco-mongoles vieilles de huit siècles, comme ce drap cousu d’or, fabriqué au XIIIe siècle au sein de l’empire, qui aurait été offert à Saint-Louis, ou acquis par lui. Plusieurs objets témoignent par ailleurs d’échanges denses entre l’empire mongol et la Chine.  

«Ce sont des civilisations autonomes mais qui entretiennent des relations: on perçoit des échanges, des transferts de technologies, entre autres à travers des relations matrimoniales», explique Bertrand Guillet, comme ce morceau de char chinois, probable prestigieux cadeau de mariage.

 Un peu plus loin, quelques carreaux de céramique qui ornaient le palais d’été des empereurs mongols, en actuel Iran, témoignent d’influences chinoises et islamiques. Sur l’un d’eux, conservé au Louvre, figure une inscription issue du Livre des Rois, le Shâhnâmeh, épopée retraçant l’histoire de l’Iran, rédigée aux alentours de l’an mille.  Gengis Khan et ses descendants «ont fondé un empire avec un ordre politique et économique commun» qui a eu une «influence durable sur le monde», selon Marie Favereau, commissaire scientifique. L’exposition est présentée à Nantes jusqu’au mois de mai et se poursuivra pendant l’été en Mongolie.  
 

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