Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a attribué hier la hausse déraisonnable des prix des appareils de climatisation, observée récemment sur le marché de l’électroménager, à la spéculation, à la cupidité de certains commerçants, voire même à un «complot» dirigé contre le consommateur.
Zitouni a, en marge d’une réunion d’évaluation avec les producteurs et les importateurs des fournitures scolaires tenue à Alger, affirmé que ces hausses de prix sont intervenues alors que la cadence de production des fabricants de climatiseurs n’a pas connue de ralentissement cette année.
«Les fabricants d’électroménagers ont mis sur le marché national 782 000 climatiseurs au cours des six premiers mois de l’année 2023 contre 400 000 unités en 2022», a-t-il déclaré, excluant de ce fait «le problème de disponibilité d’appareils».
Il s’est interrogé, au passage, sur la raison qui fait que les prix des climatiseurs passent du simple au double, malgré la disponibilité des produits électroménagers en quantité suffisante sur le marché, selon lui. Pour lui, «certains commerçants ont profité de la dernière vague de fortes chaleurs pour augmenter les prix de manière aléatoire».
Il a estimé nécessaire, en conséquence, d’assurer un suivi permanent des chaînes d’approvisionnement et de commercialisation des appareils électroménagers, dits produits blancs. Le ministre a, à ce propos, affirmé que ses services ont été instruits à l’effet de prendre des mesures dissuasives à l’encontre de ces commerçants.
Il a également affirmé que ses services «vont déclarer la guerre aux intrus et spéculateurs qui ont accaparé les circuits commerciaux», tout en appelant les opérateurs en règle avec la législation, qu’il considère comme partenaires, d’aider à «moraliser» le secteur du commerce.
Tout récemment, et jusqu’à aujourd’hui, les prix des climatiseurs, mais aussi des ventilateurs ont laissé perplexe plus d’un, tant les tarifs sont hors de portée des petites bourses. Un climatiseur de marque Midea 12 000 BTU s’écoulait 82 000 DA, le prix d’un Brandt 12 000 BTU tournait autour de 84 000 DA, alors qu’un Condor 12 000 BTU était cédé à 85 000 DA (El Watan 16 juillet 2023).
Bimo dénonce une « hausse des prix aberrante »
Détaillants et vendeurs de gros se renvoient la balle; les uns accusant les autres d’imposer leur logique des prix. Contacté à ce sujet, le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (Anca), Boulanouar Hadj Tahar, recentre le débat : «Il y a, à l’évidence, une hausse de la demande sur les climatiseurs, laquelle est induite par des épisodes caniculaires exceptionnelles durant tout le mois écoulé. Il fallait bien s’y attendre.» Et d’ajouter : «Les facteurs qui expliquent la flambée des prix n’échappent à personne.
Or, il y a lieu plutôt de s’interroger sur l’attitude des producteurs qui devraient faire l’effort d’expliquer la structure des prix à la sortie d’usine et chez les détaillants.» Il faut savoir que des fabricants disposent de leurs propres réseaux de commercialisation et tiennent des tableaux de bord constamment actualisés.
Ces mêmes producteurs affirment que ce sont les différents intervenants dans les circuits commerciaux qui font fluctuer les prix dans une logique purement spéculative. De leur côté, les grossistes et semi-grossistes opposent l’argument de l’«indisponibilité des produits, livrés au compte-goutte», pour justifier les prix pratiqués.
(Le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, lors d'une de ses visites de terrain)
Pour Boulanouar, les producteurs doivent s’adresser à leurs clients pour clarifier les choses. «Comme cela est de mise ailleurs, la hausse des prix est accompagnée d’une communication cohérente et argumentée», suggère-t-il. Les producteurs de boissons l’ont fait après la hausse des prix des eaux minérales ; le groupe agroalimentaire Bimo leur a emboîté le pas.
Dans un communiqué rendu public lundi, le biscuitier a dénoncé une «hausse des prix aberrante» de ses produits. Des hausses que le producteur impute à «certains» grossistes et détaillants qui «n’ont pas hésité à doubler, voire tripler les prix d’achat, saisissant l’occasion de la pleine saison et départs en congé annuel de notre société».
Déclinant toute responsabilité, la société a promis de réagir pour «stopper» ces pratiques. «Bimo fera de son mieux pour mettre fin à ces dépassements et demande de bien vouloir signaler toute hausse des prix inexpliquée afin de prendre en charge et faire le nécessaire avec les services des contrôles des prix», préconise-t-il.
Rentrée scolaire 2023-2024 : Importations en hausse des fournitures
Le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, s’est engagé hier à «assurer la disponibilité des fournitures scolaires à des prix raisonnables pour garantir une rentrée scolaire dans les meilleures conditions».
Présidant une réunion avec les producteurs et les importateurs des fournitures scolaires au siège de l’Agence algérienne de promotion du commerce extérieur (ALGEX), Zitouni a indiqué que ses services œuvraient à «assurer» cette disponibilité à l’occasion de la rentrée scolaire. Il a fait état de «la mobilisation de 59 opérateurs locaux spécialisés dans la production des fournitures scolaires au niveau de 17 wilayas, outre le recensement de 137 sociétés ayant importé ces produits à un montant qui s’élève à 88,6 millions de dollars en 2023». Zitouni a, à ce propos, souligné la hausse des importations de ces marchandises comparativement à 2022 où le montant a atteint 51 millions de dollars. Concernant la commercialisation de ces produits, il a annoncé le lancement, d’ici à la fin du mois d’août, de 72 expositions à travers 58 wilayas, dédiées à la vente des fournitures scolaires, en sus de 3 grandes expositions régionales à Oran, Alger et Constantine. Le ministre a par ailleurs appelé les producteurs locaux de fournitures et d’articles scolaires à augmenter le rythme de production, et «certains importateurs à s’engager dans la fabrication locale». M. A