Hamoud Boukercha, dit Khaled El Djazairi : Le martyr symbole de la solidarité de l’Algérie avec la Palestine

11/12/2023 mis à jour: 04:49
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Il a eu le privilège d’accompagner Yasser Arafat dans ses déplacements, y compris au siège de l’ONU lors de cette session historique, au cours de laquelle le leader palestinien a reçu un accueil triomphal. Il s’agit de Hamoud Boukercha, alias Khaled El Djazairi, un Algérien natif de Boudouaou (Boumerdès), ancien moudjahid de la Révolution algérienne, qui s’est sacrifié pour la cause palestinienne tout comme son compagnon Mohamed Boudia, assassiné par le Mossad en 1973. 

Connu pour ses opérations spectaculaires et les coups durs contre les intérêts sionistes, Hamoud Boukercha faisait partie du fameux commando de choc qui a tenté de briser à deux reprises le siège de Tall-Zaâtar. Il s’en est toujours sorti indemne des opérations qu’il avait menées  en Palestine, au Liban et en Europe jusqu’à ce jour fatidique du 6 juin 1981 où il a été victime d’un attentat perpétré par le Mossad dans une cabine téléphonique au Liban. La mort de Khaled a jeté un grand émoi au sein de ses camarades mais aussi dans toutes les communautés que ce soit en Palestine, au Liban ou encore en Syrie.

 Très affecté par la mort de son fidèle compagnon qui représentait pour lui un symbole de la résistance algérienne et palestinienne, Yasser Arafat a été de ceux qui portèrent le cercueil à l’aéroport international de Beyrouth où un avion a été mobilisé pour transporter la dépouille de Khaled à Dar El Beida, vers l’Algérie. 

Quelques jours après, le leader palestinien se déplaça à Boudouou pour présenter les condoléances à la famille du martyr. Arafat, qui était  accompagné ce jour-là de Djelloul Malayka et Abou Ayad, n’a pas hésité à prendre dans ses bras les frères et sœurs du martyr. «Votre fils est un héros, vous devez être fiers de lui il est mort pour une cause à laquelle tout le peuple Algérien est solidement attaché», leur a-t-il soufflé, les larmes aux yeux, témoigne son frère Ali, le seul encore en vie. Il est 19h, le cortège funèbre se prépare à se déplacer au cimetière de Sidi M’hamed situé à quelques encablures du domicile familial. Arafat a été le premier à lancer une poignée de terre sur la tombe du défunt, et c’est encore lui qui a récité la Fatiha. 

Quelques semaines plus tard, l’Autorité Palestinienne a convié deux membres de la famille du chahid à se déplacer au Liban  pour une visite de courtoisie. Une année après, les autorités décident de transférer la dépouille du martyr à Ben Adjel à l’occasion de l’inauguration du nouveau carré des martyrs de la révolution. Cette cérémonie s’est déroulée en présence de M’hamed Yazid et l’ambassadeur de la Palestine en Algérie.

 A rappeler que Boukercha Hamoud est né en 1939 à Boudouaou au sein d’une  famille pauvre. Après ses études primaires, il commence à travailler à 14 ans pour venir en aide à sa famille. Lorsque la Révolution se déclencha en 1954 alors qu’il n’était âgé que de 15 ans, Hamoud commence à tisser les liens avec les moudjahidine  de la région. Sa première mission fut la prise en charge du ravitaillement des membres de l’ALN avant de passer aux actes de sabotage contre les installations du pouvoir colonial. 

Dès la fin de 1957 et grâce à son cousin Benchallal Ali dit «Ali Corso», tombé au champ d’honneur en 1959, Hamoud parvient à rejoindre le FLN où il lutta jusqu’à 1959. Sur instruction de ses supérieurs, il rejoint la France où il milita au sein de la Fédération FLN de France près de Belfort. Il créa une cellule FLN qui s’empare en 1960 d’une importante quantité d’armes et de munitions qui se trouvait dans la caserne de Belfort. 

A la suite de cette opération, il est recherché par l’armée française puis arrêté et emprisonné à Marseille d’où il s’évade en 1961 pour rejoindre ses compagnons de lutte, et ce, jusqu’à l’Indépendance du pays. Son parcours révolutionnaire bascule lorsqu’il rencontre Mohamed Boudia qui l’introduit dans le milieu palestinien. C’est ainsi qu’il prend part à de nombreuses actions en faveur de la cause palestinienne en France et en Europe. Ses compétences et son courage attirent l’attention des responsables de l’OLP qui lui confient des missions plus importantes. 

Ainsi, en 1972, il devient l’un des principaux éléments chargés de la préparation des opérations sur le terrain dont la majorité est exécutée sous ses ordres. Dommage que les autorités locales n’ont pas pensé encore à lui rendre un hommage à la hauteur de ses sacrifices et de sa stature. A cet oubli s’ajoute cette confusion entretenue pendant plus de 40 ans autour de la baptisation du premier lycée de Boudouaou au nom de ce martyr puisqu’on a mis le nom de guerre «Khaled El Djazairi» sans préciser  qu’il s’agit de Boukercha Hamoud. 

Ce qui a fait croire à des milliers de lycéens qui ont fréquenté cet établissement que ce «nom» est celui de l’émir Khaled.  Ce panonceau n’a été changé que récemment suite à l’intervention de la famille du défunt.    
 

 

 Par Hamoud Ibaouni , Ancien journaliste
 

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