- L’incident d’Algérie Poste ne risque-t-il pas de susciter la méfiance des citoyens vis-à-vis du paiement électronique ?
L’incident d’Algérie Poste est mal tombé, il intervient juste au début de l’année 2025 au moment où les pouvoirs publics voudraient faire une avancée considérable dans les paiements bancaires électroniques à traçabilité. Même nous, en tant qu’association et société civile, nous prônons ces segments de paiement depuis longtemps. L’objectif est de préserver les intérêts des consommateurs et assurer la traçabilité de leurs paiements. Il s’agit aussi de les sécuriser et permettre le confort de circuler et faire des courses sans les billets et les pièces d’argent.
Cela va nous éviter de revenir aux chaînes interminables au niveau des guichets pour le retrait des paies et des pensions. Le transfert de banques à banque permettra au Trésor public de faire le prélèvement des droits et taxes et c’est avec ça qu’on aura cet esprit de citoyenneté.
C’est un incident qui va freiner beaucoup de gens, surtout ceux qui avaient des doutes, on nous disait : on n’a pas confiance dans les banques, dans le commerce électronique, c’est du virtuel, on voudrait voir ce qu’on paie et les commerçants disent vouloir compter l’argent. C’est un événement qui va faire retarder un peu l’avancée des procédures de paiement électroniques.
- Le paiement électronique est une option stratégique du gouvernement. Quelles sont les initiatives à mettre rapidement en place pour accentuer la cadence et aller davantage vers l’inclusion numérique ?
En tant qu’association, on est pressé d’arriver à ce qu’au minimum 50% des paiements des achats se fassent électroniquement ou par virements de banque à banque pour assurer la traçabilité. Pour cela, les pouvoir publics devront faire plus d’efforts en fournissant internet avec un bon débit partout. Il faudrait faciliter la bancarisation et ouvrir un compte sans trop de bureaucratie.
Il faudrait aider les commerçants à acquérir le TPE et les encourager avec des avantages : détaxer par exemple les achats pour au moins une année, pour les faire habituer à ce mode de paiement et ils vont répercuter ses avantages en réduisant les prix symboliquement sur toute article acheté avec un paiement électronique.
Tout argent qui circule hors banque va rentrer dans ce circuit. Dans quelques années, çà sera des paiements spontanés sans trop hésiter.
- En tant qu’association de défense des consommateurs, avez-vous perçu un intérêt grandissant pour les achats et le paiement en ligne ?
De toute façon, les Algériens comme tous les citoyens du monde cherchent la facilité, le confort et la sécurité. On pourra arriver au m-paiement, dans certains pays, on n’utilise plus de cartes mais le téléphone qui devient essentiel. C’est plus facile, il n’y a plus de code à retenir. Il va falloir qu’on mette tout le monde dans la confiance, les opérateurs économiques, les commerçants et les consommateurs. Il faudrait franchir un grand pas dans la facilitation des paiements électronique. Tous doivent y gagner et ainsi réduire l’informel.