Guerre en Ukraine : Les séparatistes prorusses revendiquent la prise d’une localité-clé du Donbass

28/05/2022 mis à jour: 21:47
AFP
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L’objectif de la Russie est visiblement la conquête totale du Donbass

Les forces russes intensifiaient leur offensive dans le Donbass hier, semblant près d’achever l’encerclement d’une importante agglomération de cette région de l’est de l’Ukraine tandis que les forces séparatistes prorusses revendiquaient la prise de la localité-clé de Lyman. 

Sur son compte Telegram, l’état-major de la défense territoriale de l’autoproclamée «république» séparatiste prorusse de Donetsk a indiqué avoir «pris le contrôle complet» de Lyman avec «l’appui» des forces armées russes. 
 

Après leur offensive infructueuse sur Kiev et Kharkiv au début de la guerre, lancée par la Russie le 24 février, les forces de Moscou concentrent leurs forces dans l’est de l’Ukraine, avec l’objectif affiché de prendre le contrôle total du bassin minier du Donbass, que des séparatistes prorusses contrôlent partiellement depuis 2014. 

La prise de Lyman leur ouvrirait la route vers les centres régionaux de Sloviansk, puis Kramatorsk, tout en leur permettant de s’approcher d’un encerclement total de l’agglomération formée par les villes de Severodonetsk et Lyssytchansk, plus à l’est. 
 

«Si déprimés qu’ils n’ont plus peur» 
 

Les forces russes continuent parallèlement à pilonner Severodonetsk, dont les autorités ukrainiennes ont averti qu’elle pourrait connaître le même sort que Marioupol, grand port du sud-est dévasté par des semaines de siège.

 Au moins cinq civils ont été tués en 24 heures dans la région: quatre à Severodonetsk et un autre à Komychouvakha, à 50 km de là, a indiqué hier le gouverneur régional Serguiï Gaïdaï. «Les habitants de Severodonetsk ont oublié ce que c’est qu’un cessez-le-feu d’au moins une demi-heure», a-t-il écrit sur Telegram. «Les Russes pilonnent sans cesse les quartiers résidentiels». La dernière vraie route permettant de quitter l’agglomération depuis Lyssytchansk est devenue ces derniers jours un champ de bataille, rendant quasi-impossible la sortie des habitants, a constaté l’AFP. 
 

Pour rejoindre le reste de l’Ukraine depuis ces deux villes ou chercher du ravitaillement, il ne reste plus qu’une route de campagne poussiéreuse, que même des chars ou des camions militaires équipés de pneus géants peinent à naviguer. «Les gens sont prêts à prendre tous les risques pour de l’eau et de la nourriture», a indiqué à l’AFP Oleksandr Kozyr, responsable du principal centre de distribution d’aide de Lyssytchansk. «Ils sont si déprimés qu’ils n’ont plus peur. Tout ce qu’ils veulent, c’est trouver à manger». «Nous pensons que les forces russes ont pu s’emparer de la majeure partie du nord-est de Severodonetsk, même si des combats sont toujours en cours», a indiqué à Washington un haut-responsable du Pentagone. 
 

Frappes sur Dnipro
 

La guerre se poursuit aussi dans le reste de l’Ukraine. Des missiles russes ont visé hier une installation militaire de la grande ville de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine sur le fleuve Dniepr, selon les autorités locales. «On déplore une dizaine de morts et entre 30 et 35 blessés», a déclaré à une chaîne locale Guennadi Korban, responsable de la défense de la ville, laissant entendre que les victimes étaient toutes militaires. 
 

A Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine située à 50 km de la frontière russe dans l’est du pays, les sirènes d’alerte aérienne ont à nouveau retenti hier à l’aube. Des bombardements la veille ont fait 9 morts et 19 blessés, tous des civils, selon M. Zelensky, alors que la ville tentait depuis la mi-mai de revenir à la normale. 

Dans ce contexte, les autorités ukrainiennes ont à nouveau réclamé aux Occidentaux davantage d’armes. Aucune solution négociée n’est en vue. Moscou a rejeté jeudi un plan de paix italien qui prévoyait, sous garantie de l’ONU, un cessez-le-feu et le retrait des troupes, l’entrée de l’Ukraine dans l’UE mais pas dans l’Otan, et un statut d’autonomie au sein de l’Ukraine pour le Donbass et la Crimée. 
 

Pont ferroviaire
 

Alors que l’Ukraine, grande puissance agricole, ne peut plus exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, le président Vladimir Poutine a affirmé jeudi être prêt à aider à «surmonter la crise alimentaire» que cela entraîne - mais à condition que les sanctions occidentales draconiennes contre Moscou soient préalablement levées, ce qui lui a valu immédiatement des accusations de chantage. 

La Russie a indiqué viser 50 millions de tonnes de céréales exportées dans la saison à venir, contre 37 millions attendues pour la saison en cours qui se termine fin juin. 
 

Pour aider Kiev à contourner le blocus russe, l’Allemagne a mis sur pied un «pont ferroviaire» avec l’Ukraine, a indiqué le prochain chef des forces américaines en Europe, le général Chris Cavoli. Dans le sud de l’Ukraine, la Russie s’affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois. 

Elle a notamment annoncé qu’elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via «une procédure simplifiée». L’Ukraine a dénoncé un octroi «forcé» de la nationalité russe démontrant la volonté de Moscou de mener une annexion pure et simple de ces territoires. 
 

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