Pékin est l’un des maillons forts de la chaîne de valeur d’Apple. Rattrapée par la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, l’entreprise californienne augmente sa production en Inde.
La guerre commerciale lancée par Donald Trump ces dernières semaines a provoqué une véritable onde de choc au sein des marchés financiers mondiaux, et en particulier dans les rangs des géants de la tech américaine. Parmi les 7 «Fantastiques» (Google, Amazon, Microsoft, Apple, Nvidia, Meta, Tesla), Apple est l’entreprise qui a le plus souffert en Bourse, son action ayant perdu 18,1% de sa valeur, entre le 2 avril et le 7 avril inclus. Et pour cause. En mars 2024, selon Evercore ISI, Pékin pesait près de 80% dans la production totale d’Apple.
Et c’est en Chine que sont produits près de 90% des iPhone vendus, ensuite, à travers le monde. En effet, Pékin est le principal assembleur et producteurs de pièces électroniques d’Apple via l’entreprise taïwanaise Foxxcon. Pour limiter son exposition à ce pays et aux tensions géopolitiques entre Pékin et les Washington, Apple se rabat depuis plusieurs années vers l’Inde.
Depuis 2017, Apple travaille avec des entreprises partenaires pour relocaliser ses usines d’assemblages en Inde, en commençant par l’assemblage de modèles plus anciens et graduellement étendre la production vers les modèles plus récents. En juin 2023, Tim Cook, le patron d’Apple, avait eu l’occasion de rencontrer le Premier ministre indien Narendra Modi, affirmant que l’Inde représentait une «énorme opportunité» pour son entreprise.
C’est ainsi qu’en septembre 2024, l’entreprise californienne frappait un grand coup en annonçant la production de son nouveau smartphone, l’iPhone 16 et ses dérivés (Plus, Pro, Pro Max), en Inde. Mais en amont de ce lancement, Apple avait pris soin d’adresser une vidéo aux Chinois qui a ensuite circulé sur les réseaux sociaux. Dans ce message, Tim Cook rappelle que leur pays reste important en raison de «la quantité de compétences en un seul endroit et du type de compétences».
L’histoire entre la Chine et Apple se complique ces dernières semaines, avec la guerre commerciale lancée par Donald Trump, et la surenchère chinoise. A l’heure où nous publions ces lignes, Washington a annoncé 145% de droits de douane sur tout produit en provenance de la Chine ; Pékin, de son côté, promet de taxer les exportations américaines de marchandises, de 125%. Fin mars, Apple a fait venir, aux Etats-Unis, 1,5 million d’iPhone d’Inde et de Chine pour contrer la première salve de taxes douanières américaines applicables dès début avril.
Face aux droits de douane, Apple rappelle des tonnes d’iPhone en urgence
Apple a affrété des vols cargos pour transporter 600 tonnes d’iPhone vers les Etats-Unis depuis l’Inde, ont déclaré des sources à Reuters, alors que le géant de la technologie a intensifié sa production en Inde pour contourner les droits de douane américains, malgré la volte-face de Trump. Cette stratégie, qui vise à échapper dans une moindre mesure aux droits de douane américains imposés par Donald Trump à la Chine, où le groupe possède son principal centre de fabrication d’iPhone, permet à Apple de constituer des stocks aux Etats-Unis, l’un de ses principaux marchés.
Selon des sources qui ont requis l’anonymat, Apple a également fait pression sur les autorités aéroportuaires indiennes pour réduire à six heures le temps nécessaire pour passer la douane à l’aéroport de Chennai, dans l’Etat méridional du Tamil Nadu, contre 30 heures auparavant. Environ six avions-cargos d’une capacité de 100 tonnes chacun ont décollé depuis mars, dont un cette semaine, juste au moment où les nouveaux tarifs douaniers sont entrés en vigueur, ont-elles également déclaré.
Le poids d’un iPhone 14 et de son câble de recharge étant d’environ 350 grammes, la cargaison totale de 600 tonnes représente environ 1,5 million d’iPhone, selon les calculs de Reuters, prenant en compte le poids de l’emballage. Ni Apple ni le ministère indien de l’Aviation n’ont répondu à une demande de commentaire. Apple vend plus de 220 millions d’iPhone par an dans le monde.