Guerre au Soudan : 30 morts dans une attaque de drone contre un hôpital au Darfour

26/01/2025 mis à jour: 15:30
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Le Soudan est le théâtre d’une guerre entre les paramilitaires des FSR et l’armée régulière de Abdel Fattah Al Burhane

Trente personnes ont été tuées dans une attaque de drone contre l’un des derniers hôpitaux en activité à Al-Facher, dans la région soudanaise du Darfour, a annoncé hier une source médicale, relayée par l’AFP.

 Un bombardement sur l’hôpital saoudien vendredi soir «a entraîné la destruction» du bâtiment de l’établissement où les cas d’urgence sont traités, a déclaré  cette source qui a requis l’anonymat par crainte de représailles. Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d’une guerre entre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigés par le général Mohamed Hamdane Daglo, et l’armée menée par le général Abdel Fattah Al-Burhane, dirigeant de facto du pays, l’un des plus pauvres du monde. Les FSR contrôlent la quasi-totalité de la vaste région occidentale du Darfour et assiègent depuis mai Al-Facher, métropole de deux millions d’habitants et capitale de l’Etat du Darfour-Nord. 

Mais des milices alliées à l’armée ont jusqu’à présent réussi à repousser leurs assauts répétés. Selon la source médicale, le même bâtiment de l’hôpital a été touché «par un drone» des FSR «il y a quelques semaines». Les attaques contre les infrastructures de santé sont monnaie courante à Al-Facher. 


Crise humanitaire

Médecins sans frontières a déclaré plus tôt en janvier que l’hôpital saoudien est «le seul hôpital public avec des équipements de chirurgie encore debout». Dans l’ensemble du pays, jusqu’à 80% des établissements de santé ont été mis hors service, d’après des données officielles.


Vendredi, l’armée soudanaise a annoncé avoir brisé le siège de son quartier général à Khartoum encerclé par ses rivaux paramilitaires depuis le début de la guerre. 

Dans un communiqué, l’armée a précisé que ses troupes de Bahri  (Khartoum-Nord) et d’Omdurman, de l’autre côté du Nil, ont «fusionné avec (ses) forces postées au quartier général». Elle a ajouté avoir «chassé» les paramilitaires des FSR de la raffinerie de pétrole de Jaili, au nord de la capitale, la plus grande du pays. Une source militaire a indiqué plus tôt que l’armée avait levé le siège du «Signal Corps », une base-clé à Bahri, faisant état d’une percée majeure, après des combats de près de deux ans.  Dans un communiqué, les paramilitaires des FSR ont toutefois démenti cette avancée de l’armée à Bahri, accusant les militaires de «répandre des rumeurs». 

Depuis le début du conflit entre l’armée soudanaise et les FSR, ces dernières encerclaient le «Signal Corps» de Bahri, dans Khartoum-nord, ainsi que le quartier général des forces armées, situé plus au sud. «Nos forces ont réussi à lever le siège du Signal Corps», a déclaré une source au sein de l’armée. «Cette victoire va permettre de faire la jonction entre nos forces à Bahri et celles du quartier général», a déclaré la source, qui a requis l’anonymat. 

Une autre source militaire a précédemment indiqué que l’armée progressait vers Khartoum-Nord après plusieurs jours d’opérations visant à déloger les FSR de leurs positions dans la ville. 


Contrôle de la ville d’Omdourman

Cette avancée de l’armée intervient moins de deux semaines après qu’elle a repris Wad Madani, la capitale de l’Etat d’Al-Jazira, située au sud de Khartoum et qui était aux mains des paramilitaires depuis plus d’un an. 

L’armée a pris il y a près d’un an le contrôle de la ville d’Omdourman, située sur la rive ouest du Nil, juste en face de Khartoum. Depuis, les deux camps échangent régulièrement des tirs d’artillerie au-dessus du fleuve. Lever le siège sur son quartier général, sur la rive est, marque un tournant pour l’armée, consolidant ses positions dans les trois principaux secteurs de la capitale. Lorsque les FSR ont rapidement investi les rues de Khartoum au début de la guerre, l’armée a dû approvisionner ses forces dans le quartier général avec des parachutages. Le chef de l’armée, Abdel Fattah Al-Burhane, lui-même piégé à l’intérieur du QG pendant quatre mois, n’en était sorti qu’en août 2023. 

Des quartiers entiers de Khartoum ont été vidés de leurs habitants et occupés par des combattants, tandis qu’au moins 3,6 millions de personnes ont fui la capitale, d’après les Nations unies. A Port-Soudan sur la mer Rouge, devenu le siège de facto du gouvernement après que les autorités ont été chassées de la capitale, des dizaines de personnes sont descendues dans les rues pour acclamer l’avancée de l’armée. 

Le conflit au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et créé la «plus grande crise humanitaire jamais enregistrée», selon l’International Rescue Committee. 

Les Etats-Unis ont annoncé la semaine dernière des sanctions contre Abdel Fattah Al-Burhane, quelques jours après avoir pris une mesure similaire contre le chef des paramilitaires, Mohamed Hamdan Daglo. L’armée a été accusée par Washington  d’avoir commis «des atrocités, notamment en prenant pour cible des civils et des infrastructures civiles, et en exécutant des civils». De leur côté, les FSR ont «commis un génocide», selon les Etats-unis.

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