Plusieurs dizaines de manutentionnaires de l’entreprise portuaire de Annaba (EPAN) observent, depuis dimanche soir, une grève surprise, provoquant l’arrêt total des opérations de déchargement des navires accostés.
Cette situation a entraîné un blocage dans la livraison des marchandises importées, contraignant l’EPAN à déposer une plainte pour «grève illégale». Selon des sources proches des grévistes, ces derniers contestent «une cotisation de 9% imposée par la CNAS sur la prime annuelle équivalente au 13e mois, versée par l’EPAN». Les revendications incluent également «une augmentation salariale de 6%, correspondant au reliquat d’une hausse totale de 15% promise en 2022, dont seuls 9% ont été octroyés».
Cette grève intervient dans un climat de réorganisation interne à l’EPAN. Ali Boularès a récemment succédé à Djamel Eddine Atchi à la tête de l’entreprise, ce dernier ayant été admis à la retraite. Parallèlement, le ministère des Transports affiche des ambitions de redressement pour ce secteur stratégique, notamment maritime. Si la cotisation de 9% est une décision indépendante de l’EPAN, les revendications salariales relèvent de l’état de santé financière de l’entreprise qui remonte loin dans la gestion financière de l’entreprise, explique-t-on.
En effet, le faible rendement dans le traitement des navires a engendré d’importants coûts de surestaries, pénalisant les opérateurs économiques et augmentant le prix des marchandises pour les consommateurs. Malgré les perturbations, le port de Annaba reste au centre de projets structurants.
Le quai minéralier, lancé en 2024 dans le cadre du mégaprojet de phosphate intégré, incarne l’ambition de l’Algérie de diversifier ses exportations. Avec une longueur de 1600 mètres et une profondeur de 16 mètres, il accueillera des navires de grande capacité pour faciliter l’expédition des produits phosphatés provenant de la mine de Blad El Hadba (Tébessa). Ce projet, réalisé par un consortium sino-algérien, comprend également une jetée brise-lames de 1400 mètres et une ligne ferroviaire de 422 km reliant la mine au port.
Ces infrastructures visent à renforcer les exportations hors hydrocarbures, un pilier de la politique économique nationale. Selon Mohamed-Mehdi Younsi, chef de projet à l’Agence nationale de réalisation des infrastructures portuaires, « les travaux avancent rapidement, avec des stabilisations des zones submergées et des études techniques menées en collaboration avec des experts chinois». Alors que la grève paralyse encore le port, les navires attendent désespérément le traitement de leurs marchandises, redoutant l’accumulation des surestaries.