Demain, plus d’une trentaine de syndicats autonomes entreront en grève nationale d’une journée en signe de contestation des deux projets de loi sur les modalités de l’exercice syndical et le droit à la grève. Une relative paralysie est promise, malgré la réponse claire du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Annoncée mardi dernier par les syndicats autonomes, dont des membres de la centrale syndicale, la Confédération des Syndicats Algériens (CSA), la grève nationale d’une journée est maintenue. Une décision qui intervient malgré la réponse du président de la République aux syndicats lors de la dernière rencontre avec les représentants des médias nationaux.
Le droit à la grève est garanti par la Constitution. Si les syndicats veulent protester c’est de leur droit. Ce que je considère illogique est qu’il existe 34 syndicats dans un seul secteur. Le syndicalisme est un droit constitutionnel. Celui qui va lutter contre ce droit est en train de combattre la Constitution. Toutefois, il est inconcevable qu’une poignée de personnes se réunissent dans une salle et créent un syndicat sans aucune représentativité. Nous sommes en phase de réorganisation de la demeure pour redonner la force et la crédibilité aux syndicats. Un secteur avec 3 à 4 syndicats, c’est tout à fait logique. Mais arriver à 34 est juste inacceptable», a déclaré le chef de l’Etat qui est aussi revenu sur le droit à la grève, soulignant qu’il est également garanti par la Constitution. Il remet par contre en cause tous les dérapages liés à la pratique de ce droit. «Il est inconcevable de se réveiller le matin avec un texto disant que les travailleurs sont en grève. Le droit à la grève est régi par la loi et doit être considéré comme l’ultime et dernière solution. Il y a des procédures à suivre et c’est ce que nous voulons mettre en place aujourd’hui», conclut-il sur ce sujet.
Aux propos du chef de l’Etat, les syndicats répondent fermement. Pour Messaoud Boudiba, coordinateur national du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapest), «le Président devrait poser la question du nombre de syndicats aux responsables qui ont délivré les agréments. L’autre question à poser aussi : pourquoi seulement l’éducation nationale a 34 syndicats. Chose qui est totalement inconcevable. Nous validons ceci et nous avons longtemps parlé de cette politique engagée pour affaiblir les syndicats. Nous l’avons dit à plusieurs reprises. Toutefois, ces deux projets ne sont pas seulement relatifs à la question du nombre de syndicats ou de la représentativité mais vont bien plus loin et c’est ce que nous refusons». Même son de cloche chez Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), qui considère que les syndicats autonomes n’ont pas évoqué la question du nombre des syndicats, notamment parce qu’elle n’est pas de leur prérogative. «Il ne faut pas réduire le contenu anticonstitutionnel de ces deux projets juste à la question du nombre de syndicats ou de la représentativité. Partant du principe de souveraineté de la Constitution, toutes les lois qui viennent après doivent rester dans le contexte constitutionnel. Dans notre approche de refus de ces deux projets, nous avons bien signifié qu’ils ne sont pas conformes à la législation et aux conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Nous ne sommes pas contre la révision de ces deux lois mais pas sans notre participation. Nous sommes les premiers concernés et nous avons le droit de donner notre avis et de participer à la confection des cadres juridiques qui vont encadrer notre activité syndicale dans laquelle nous sommes depuis plus de 20 ans», rétorque le syndicaliste.
Pour rappel, près de 31 syndicats autonomes dans différents secteurs, dont l’éducation nationale et la santé, ont appelé à une grève nationale dès demain. La date coïncide avec le début des débats parlementaires sur ces deux projets de loi modifiant la loi n° 90-14 du 2 juin 1990 relative aux modalités d’exercice du droit syndical et la 90-02 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et à l’exercice du droit de grève.