Grèce : Des îles et des villages reculés en quête d’habitants !

15/10/2024 mis à jour: 01:23
AFP
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Anticythère perd ses habitants comme d’autres régions insulaire et continentale de Grèce

Située entre les îles de Cythère et de Crète, Anticythère perd ses habitants comme d’autres régions insulaire et continentale de Grèce. Elle n’en comptait plus que 39 lors du recensement de 2021, contre 120 en 2011.


Avec 22,7% de sa population âgée de 65 ans et plus en 2021, la Grèce figure en quatrième position sur la liste des 27 membres de l’UE comptant le plus grand nombre de personnes âgées, après l’Italie (23,8%), le Portugal (23,7%) et la Finlande (23,1%), selon Eurostat.


Giorgos Harhalakis, 37 ans, se souvient de ses premières années à l’école primaire de l’île avant que sa famille, comme d’autres, quitte Anticythère vers des centres urbains en raison de «problèmes financiers».
A l’époque y vivaient «des agriculteurs, des pêcheurs, des éleveurs», raconte-t-il à l’AFP. L’île «comprenait une quinzaine de localités mais aujourd’hui seul le port Potamos est habité». Sur les hauteurs, les murs en pierre sèche des cultures en terrasse sont encore visibles entre des maisons abandonnées et effondrées.


Écoles fermées

Fermée durant deux décennies, l’école d’Anticythère avait pu rouvrir en 2018 pour les trois enfants de Despina et Dionysis Andronikos, une famille athénienne en quête de retour aux sources. «Mais en 2021, quand ma fille aînée a fini le primaire, on a dû partir pour qu’elle aille au collège à Cythère», explique Dionysis Andronikos. Depuis l’école a refermé ses portes.Dans toute la Grèce, la rentrée scolaire a été marquée par la fermeture de dizaines d’écoles faute d’un nombre suffisant d’élèves.


Le taux de fécondité de 1,43 enfant par femme en 2021 est en dessous de la moyenne de l’UE (1,53 en 2021), selon Eurostat. Et pour la première fois en 2022, le nombre de naissances est tombé sous les 80.000, contre 150.000 en 1980, selon l’office des statistiques Elstat. En 2022, plus de la moitié de la population avait plus de 46 ans.


Une récente étude de l’Institut grec des recherches démographiques (IDEM) relève que «une municipalité sur trois parmi les 1035 du pays a moins de dix naissances par an», une des conséquences de «la répartition extrêmement inégale de la population». Athènes rassemble plus d’un tiers des 10,5 millions d’habitants du pays.


Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis avait évoqué en printemps le risque d’un «effondrement démographique» et décidé de revaloriser les primes à la naissance. Il a aussi présenté en septembre une batterie de mesures pour tenter de relancer la natalité dont des exonérations fiscales pour les nouveaux parents. Selon l’IDEM, la baisse du nombre de naissances «a une relation directe» avec les régions altérées par l’exode rural ou le départ à l’étranger des 20-49 ans, l’âge où l’on fonde généralement une famille. Lors de la crise financière, plus d’un demi-million de jeunes ont quitté la Grèce.


Quel avenir ?


A Fourna, un village montagneux du centre du pays, l’église locale, pour empêcher la fermeture de l’école, a exhorté des familles nombreuses à venir s’installer. En septembre, un couple et ses six enfants ont franchi le pas. Mais une tentative similaire à Anticythère n’a pas pour l’instant porté ses fruits. Pour Giorgos Harhalakis, «le problème principal est le manque d’infrastructures. Il faut que l’Etat offre des incitations» pour favoriser la construction de maisons et de commerces. La construction prévue d’un Observatoire pour le changement du climat sur l’île «va créer des emplois», espère-t-il.


L’île ne dispose en hiver que d’un seul café qui sert à la fois de taverne et de petit magasin tenu par un octogénaire.»La population autochtone vieillit et se pose le problème de l’avenir de l’île», déplore Catherine Dechosal, une retraitée qui partage sa vie entre l’île et la France.

 

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