De nombreux maires du pays, en première ligne face à la population, se plaignent depuis belle lurette de problèmes qui contrarient sérieusement leurs missions.
A l’instar des édiles des autres formations politiques, ceux du FFS, fraîchement installés après les élections locales, ne sont pas en reste. Ces derniers déplorent le manque de moyens financiers, des prérogatives réduites, des personnels réduits. Regradj Mourad, président de l’APC FFS de Tigzirt (Tizi Ouzou), est conscient qu’il devra travailler avec des moyens limités et des prérogatives réduites. «Par le passé, la commune recevait des projets dans le cadre des PCD et récemment, on a bénéficié du dispositif dit des zones d’ombre. Mais depuis la crise sanitaire, le budget de l’APC a baissé.
Cependant, on essaye de faire face à la situation. La gestion de la commune n’est pas facile. Les besoins des citoyens sont grandissants, alors que les financements ne sont pas conséquents», confie à El Watan le président de l’APC de Tigzirt, en marge d’une réunion qui a regroupé, hier, les présidents des APC, les élus APW, les responsables des fédérations et des cadres du parti à Alger.
Le P/APC de Tigzirt compte déjà réaliser le projet d’un théâtre de verdure au port de Tigzirt et un nouveau siège de l’APC. «Je vais essayer aussi de regrouper les services externes, dont ceux des domaines. Nous aspirons à rapprocher l’administration auprès des citoyens. On essaie de faire de notre mieux. Notre gestion est transparente. Nous travaillons de concert avec les comités de village et la société civile», a expliqué cet édile.
Face au manque de dotations publiques, il espère tirer profit de la vente aux enchères d’un patrimoine communal, entre autres. Ce maire s’inquiète de l’arrivée de la saison estivale dans sa commune, «confrontée au manque d’eau potable, car la station de dessalement a besoin d’entretien».
En outre, notre interlocuteur déplore le manque d’effectifs au sein de l’APC. «Des employés partent à la retraite dans certains services, dont la voirie et le gardiennage. Pour combler ces postes, on nous envoie des personnes issues des dispositifs de recrutement, dont le DAIP, mais cela ne nous arrange pas. On est passé de 48 éboueurs à 18 boueurs. Durant l’été, c’est très difficile d’assurer la collecte des ordures avec un effectif réduit.
De plus, les équipes du programme ‘Algérie Blanche’ ont été dissoutes. C’est un sérieux problème», avoue Regradj Mourad. Autre écueil : des prérogatives réduites. «L’élu est dépassé par l’administration. Nous demandons que les maires soient dotés de leurs prérogatives afin gérer leurs communes.
En outre, il faut décentraliser les actes de gestion», a-t-il plaidé. Ce constat est partagé par Sadek Rebai, P/APC FFS d’Aït Smail (Béjaia) : «A présent, les prérogatives des P/APC sont très réduites (….) Les élus doivent être dotés de plus de prérogatives et de pouvoirs.»
La décentralisation pour plus de prérogatives
«Si le pouvoir central donnait plus de prérogatives aux élus, je suis certain que les maires régleront davantage de problèmes», a souligné Sadek Rebai, reconduit à la tête de sa commune pour un second mandat. Face aux manques de prérogatives, il ne compte pas baisser les bras. «Il y a des possibilités de gestion et d’accompagnement.
Au niveau de chaque commune, il y a des opérateurs et des commerçants qui travaillent dans l’informel. Il y a beaucoup de fiscalités qui échappent à la commune», a-t-il fait savoir. «Dans notre commune, j’ai chargé la commission aménagement de recenser les poulaillers, les écuries et les petits commerçants qui travaillent en dehors du circuit réglementaire. Nous allons les accompagner pour les intégrer dans le circuit formel en vue de bénéficier d’un retour de fiscalité. Nous comptons aussi mettre en œuvre la taxe TAP sur les grands projets, laquelle n’est pas appliquée. On va aussi accompagner les gens qui veulent faire des petits investissements à même de créer de l’emploi et de la richesse pour notre comme déshéritée», a-t-il ajouté.
Ce dernier entend renforcer les infrastructures d’AEP, assurer le raccordement aux réseaux du gaz, à la fibre optique des localités de la commune, et ouvrir deux annexes administratives. A l’instar de ses collègues maires, Hadji Mouloud, P/APC FFS d’Aït Ziki, une localité enclavée de Tizi Ouzou, déplore les même difficultés. «Dans notre commune, on est confronté à deux principaux problèmes. Il s’agit du manque de financement et de prérogatives.
Ces deux écueils constituent un frein pour le maire dans l’exercice de ses misions», a-t-il encore révélé. Cette situation intervient dans un contexte marqué par des besoins de la population locale qui ne cesse de grandir. «Au moment où la population réclame plus de projets de développement, l’administration centrale ne donne pas, malheureusement, assez d’argent pour financer les projets. Par conséquent, on se retrouve entre le marteau et l’enclume.
La mission n’est pas facile, mais on fera de notre mieux pour être à la hauteur des aspirations de la population», résume notre interlocuteur, réélu sur la liste FFS pour un second mandat, lequel réclame plus de prérogatives pour les élus locaux et de dotations financières.