Selon un bulletin météorologique spécial (BMS) émis par l’Office national de la météorologie (ONM) émis hier, des chutes de neige affecteront, à partir de cet après-midi, les reliefs du centre et l’est du pays dépassant les 800 mètres d’altitude, puis gagneront localement des altitudes plus basses en soirée. Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf, Souk Ahras, Guelma, Constantine, Mila, Sétif, Bordj Bou Arréridj, Bouira, Médéa, Blida, Aïn Defla, Tissemsilt, Oum El Bouaghi, Batna, Khenchela et Tébessa sont les wilayas concernées par ce bulletin, dont la validité s’étalera jusqu’à aujourd’hui 15h, et sont placées en vigilance «orange». En ce qui concerne l’épaisseur de la neige, celle-ci oscillera, selon le BMS, entre 10 et 20 cm. Alors que le pays a connu des épisodes caniculaires assez fréquents, le froid vient s’installer. Et ce bouleversement des températures est dû, selon Farid Rahal, maître de conférences à l’université des sciences et technologie d’Oran, à la forte dépression atmosphérique au niveau de l’Algérie, qui fait que des masses d’air froid d’origine polaire s’abattent sur le pays. Ces dernières sont accompagnées d’averses de pluie, de grêle et même de neige dans certains endroits. «Il faut savoir que vers la fin du mois de décembre, des conditions anticycloniques empêchaient l’arrivée de l’air froid du nord du globe vers l’Algérie. Ce qui a donné un temps sec, calme et ensoleillé. Les températures étaient significativement supérieures aux moyennes habituelles», explique le spécialiste. En ce qui concerne cette vague de froid, M. Rahal assure que tant que la dépression atmosphérique perdurera, le mauvais temps persistera avec notamment des chutes de neige sur les hauts reliefs. Et pour justement prévenir un quelconque accident, les services de la Protection civile de la wilaya de Sétif ont procédé, dès jeudi, à l’installation des équipes de secours avancées sur sept axes au profit des usagers de la route en prévision d’une éventuelle urgence. Les services de la Protection civile de Sétif ont également appelé les citoyens à prendre toutes les dispositions de prudence pour éviter les répercussions indésirables des intempéries en invitant les personnes âgées et les malades à rester chez eux. Par ailleurs, les chutes de neige enregistrées sur les hauteurs de Tizi Ouzou depuis mercredi soir ont causé la fermeture de certains axes routiers reliant cette wilaya à Béjaïa et Bouira. A noter que les communes concernées par ces chutes de neige ont entamé, depuis hier soir, l’opération de déneigement, mobilisant les moyens humains et matériels nécessaires afin de rétablir la circulation, a-t-on appris auprès d’élus de ces localités. A Béjaïa, tous les hauts points de la wilaya culminant à plus de 700 mètres d’altitude ont été recouverts de neige causant aussi quelques désagréments aux citoyens. De Adekar, sur la RN12 (Béjaïa-Tizi Ouzou), dans l’Akfadou mitoyen, à Beni Maouche, sur la RN74 (Béjaïa-Sétif) par le flanc sud, ou Ighil Ali et Ath Méllikèche vers Bordj Bou Arréridj ainsi que Kendira et Barbacha vers Sétif, tous les accès étaient, jeudi matin, quasiment obstrués par la poudreuse, qui par endroit a atteint des cumuls de plus de 20 cm. Toutefois, aucune voie n’était fermée mais le trafic était pénible. Du côté d’El Bayadh, le trafic routier sur les axes de la wilaya s’est normalisé après des perturbations enregistrées suite aux chutes de neige et la formation de couches de verglas. Le chef du service de maintenance des routes, Khadaoui Bachir, a souligné que des équipes sont intervenues, mercredi soir et jeudi matin, à l’aide de chasse-neige notamment, sur plusieurs points afin de dégager les axes routiers. Alors que le trafic s’est normalisé sur tous les axes routiers de la wilaya, les équipes de maintenance ont été, quant à elles, maintenues en alerte-vigilance pour une intervention rapide, en fonction des intempéries enregistrées dans la région. La Protection civile a aussi constitué des équipes pour intervenir au niveau des points noirs, et toutes les unités au niveau des communes de la wilaya ont été placées en alerte pour toute éventuelle urgence.
Déneigement des routes
A Mila, les chutes de neige enregistrées dans la nuit de mercredi à jeudi dans la wilaya ont également perturbé, selon un communiqué de la direction locale des travaux publics, le trafic sur la RN77 dans la commune de Tassedane Hedada, et la voie de contournement du chef-lieu de wilaya. Mais les brigades des subdivisions des daïras de Ferdjioua et Tassedane Hadada de cette direction sont intervenues, dès le matin, pour dégager la RN77 bloquée par la neige, des limites de la wilaya de Jijel jusqu’à celle de Sétif sur le territoire de la commune de Tassedane Hedada. A l’est du pays, plus précisément à Constantine, un dispositif de veille a été mis en place par la direction des travaux publics (DTP) de la wilaya pour faire face à d’éventuelles inondations dues aux intempéries et pour le déneigement des routes durant la période hivernale. A cet effet, plusieurs mesures ont été prises par la DTP, notamment la mobilisation de plus de 60 engins, incluant 13 chargeurs, 14 rétro-chargeurs, 20 niveleuses et 6 chasse-neiges en sus d’une dizaine de camions d’intervention appartenant à des entreprises et établissements publics et privés. Des moyens humains ont également été mobilisés pour faire face aux intempéries et rouvrir des tronçons routiers pouvant être bloqués en cas de fortes pluies ou de chutes de neige, selon le DTP de Constantine. Ce ne sont pas moins de 1000 agents de maintenance, relevant du secteur des travaux publics répartis sur six subdivisions, soutenus par ceux des Assemblées populaires communales (APC) et des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) qui ont été mobilisés. Les agents de maintenance auront pour mission d’effectuer des travaux de salage des voies et des axes routiers dans les différentes communes de la wilaya et resteront mobilisés 24h/24 à chaque fois qu’un bulletin météorologique spécial (BMS) ait été rendu public. Le dispositif en question est destiné à assurer une intervention rapide et efficiente dans les situations d’urgence, en fonction notamment de l’importance du volume des eaux pluviales et des chutes de neige, tout en contribuant à faciliter les déplacements des citoyens dans les zones d’ombre et les localités les plus isolées. Vers Annaba, les chutes de neige sur les hauteurs de Séraïdi, notamment dans la localité de Bouzizi, culminant à 900 mètres au-dessus de la mer, ont perturbé le trafic, ce qui a nécessité, selon la direction de wilaya de la Protection civile, plusieurs interventions. Et dans le but de faire face à tout imprévu, une cellule de suivi et d’intervention a été installée au niveau de la commune de Séraïdi pour mener les actions de déneigement et ouvrir les routes. D’ailleurs, plusieurs interventions ont été effectuées dès jeudi matin sur la chemin communal (CC) 34 entre Séraïdi et Bouzizi. Des unités de l’Armée nationale populaire (ANP) et de la Gendarmerie ont aussi participé à ces opérations, aux côtés des services des travaux publics.
COP28
Attendu depuis plusieurs semaines déjà, cette vague de froid arrive avec beaucoup de retard en raison du dérèglement climatique que connaît la planète. Et la COP28, prévue à Dubaï en novembre, semble mal partie pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2, de préférence à 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. Toutefois, il est aujourd’hui important de souligner que les efforts pour réaliser cet objectif doivent être partagés équitablement. «En 2019, un habitant des Etats-Unis émettait près du double de ce qu’émettait un Allemand qui, à son tour, émettait le double des émissions de gaz à effet de serre d’un citoyen algérien», assure M. Rahal. Ce manque d’équité manifeste ne peut, selon le chercheur, que générer des blocages à toute action internationale concertée. «Les pays riches, les principaux responsables du changement climatique, sont aussi appelés à dédommager les pays en développement qui pâtissent de plus en plus lourdement des effets de ce phénomène planétaire», poursuit le spécialiste. «Il s’agit pour l’Algérie, à l’instar des pays en développement, de se préparer à la COP28 à travers une diplomatie climatique proactive qui sera portée non seulement par des diplomates de carrière mais aussi par des scientifiques dont le rôle est de réaliser des études de vulnérabilité, des prévisions et des études de scénarios», recommande-t-il. En d’autres termes, il s’agit, selon M. Rahal, de disposer d’arguments scientifiques à faire valoir lors des négociations et qui pourraient apporter la contradiction aux résultats scientifiques issus des pays développés. «L’Algérie, en sa qualité de puissance morale et de porte-flambeau des causes justes depuis son indépendance, peut devenir le chef de file des pays en développement pour mener à bien ce combat, en mobilisant de manière cohérente et complémentaire son appareil diplomatique, ses scientifiques et son tissu associatif», conclut M. Rahal.