L’ordre économique mondial est en passe de changer de face. C’est en tout cas une affirmation faite par le Fonds monétaire international qui, dans ses projections sur le long terme liées aux conséquences de la guerre en Ukraine, s’attend à une «modification fondamentale de l’ordre économique mondial».
Cette hypothèse connaît un début de concrétisation au niveau des transactions économiques entre les régions du monde. Remplacement du dollar suite à l’exclusion de la Russie du réseau Swift (à l’exception des ventes énergétiques), réorientation du gaz et pétrole russes vers l’Asie, émergence d’un solide pôle économique asiatique face au marché occidental, sont autant de facteurs qui préfigurent l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial. «A plus long terme, la guerre pourrait modifier fondamentalement l’ordre économique et géopolitique mondial, si le commerce de l’énergie se modifie, si les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, si les réseaux de paiement se fragmentent et si les pays repensent leurs réserves de devises», estiment les analystes du FMI.
Pour les court et moyen termes, et dans une note rendue publique sur son site, l’Institution de BrettonWoods souligne que le conflit russo-ukrainien affectera profondément l’économie mondiale en ralentissant sa croissance et en provoquant une hausse de l’inflation. «Au-delà de provoquer des souffrances humaines et des flux de réfugiés historiques, la guerre fait augmenter les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, alimentant l’inflation et pesant sur la valeur des salaires, tout en perturbant le commerce, les chaînes d’approvisionnement et les envois de dons dans les pays voisins de l’Ukraine», précise le même communiqué.
Outre ces effets, la guerre a déjà fait perdre leur boussole aux investisseurs. «Le conflit pèse sur la confiance des entreprises et déclenche chez les investisseurs une incertitude qui fera baisser les prix des actifs, resserrera les conditions financières et pourrait déclencher des sorties de capitaux des marchés émergents», constate l’analyse du FMI. Les responsables de cette institution se sont exprimés pour revoir à la baisse leurs précédentes prévisions portant à 4,4% le niveau de la croissance économique mondiale pour l’année 2022.
Le FMI s’attend également à des modifications à la baisse des prévisions concernant la croissance régionale. En attendant de communiquer en avril prochain les nouvelles projections, le FMI alerte que l’insécurité alimentaire risque de s’aggraver dans certaines régions d’Afrique et du Moyen-Orient, notamment dans des pays dépendant des importations de blé russe et ukrainien.
L’Europe pourrait également connaître des perturbations dans ses importations de gaz naturel et d’autres produits. Les économies de l’Ukraine et de la Russie connaîtront, selon le même rapport, de profondes récessions, alors que les pays de l’Europe de l’Est ayant accueilli les 3 millions de réfugiés verront leurs coûts de financement augmenter.