Flight 404 du réalisateur égyptien Hani Khalifa a été projeté lundi dernier au cinéma Es-Saada (ex-Colisée). Ghada est à présent une nouvelle femme, ayant définitivement tourné le dos à son passé ombrageux, fait de fricotage avec le Milieu et de prostitution de luxe.
Devenue une nouvelle personne, la voilà travaillant en qualité de coordinatrice dans une agence immobilière et ambitionne même, comme pour «fermer la porte au nez des années mortes» d’aller accomplir son pèlerinage à la Mecque (d’où le titre).
Un imprévu cependant bouleverse ses plans : sa mère, qui avait exercé sur elle une mauvaise influence, se fait renverser par une voiture, après qu’elles se soient violemment disputées. Aux urgences de l’hôpital, les médecins expliquent à Ghada que le cas de sa mère nécessite, pour avoir été blessée gravement, plusieurs opérations délicates et coûteuses. Bien qu’ayant un emploi rémunéré, Ghada est dans l’incapacité financière d’assurer le paiement de ses ruineuses interventions à sa mère.
Acculée, elle se retrouve contrainte de recourir à l’emprunt et c’est là, justement, où tout se corse pour elle : les seules personnes en mesure de la dépanner financièrement sont précisément ceux qui appartiennent à cette «ancienne vie» qu’elle rejette à présent, dans le fond comme dans l’accessoire. Son lourd passé, qu’elle a tout fait pour l’effacer de sa mémoire, revient en force et fera vivre à Ghada des situations ubuesques où se combinent le drame et le tragicomique.
Happy-end niais
Sous certains aspects, «Flight 404» rappelle ces films espagnols de Pedro Almodovar où l’héroïne, ne cessant de recevoir les coups de la vie et des hommes, ne lâche pas prise, continue de se battre, fut-ce contre vents et marées. Hani Khalifa, qui a à son actif deux autres longs-métrages («nuits blanches» et «bitter sugar») ainsi que plusieurs feuilletons télévisés, confirme, avec «flight 404» qu’il fait partie des grands noms du septième art dans l’Egypte actuelle. Sortie cette année même, au mois de janvier, la réussite de cette pépite cinématographique réside certes au niveau de la mise en scène bluffante, mais aussi de l’écriture scénaristique, bien ficelée, avec des dialogues rythmés qui ne versent jamais dans la redondance ennuyeuse.
Certains des spectateurs, cependant, ont regretté la conclusion de l’histoire, avec un happy-end un peu tiré par les cheveux, trop niais, en tous les cas en contradiction avec le ton et l’ambiance qui prévalent tout le long du film. La performance époustouflante de Mona Zaki, la célèbre actrice égyptienne qui joue le rôle de Ghada, est également à saluer.