Flambée mondiale des prix

11/04/2022 mis à jour: 07:00
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Le monde entier assiste impuissant à l’envolée spectaculaire des prix des produits de consommation. Si la situation est particulièrement difficile en Afrique, l’Europe est également sous l’emprise de la plus dure inflation depuis une quarantaine d’années. Le cas le plus spectaculaire est observé en Turquie, où l’inflation vient d’atteindre un nouveau sommet à 61,14% sur un an. Même l’Allemagne n’a pas été épargnée par la flambée des matières premières, le taux d’inflation n’ayant jamais été aussi élevé depuis 40 ans ! 
 

Des vidéos montrant des étals de magasins vides, relayées sur les réseaux sociaux, sont à peine croyables pour la première puissance économique européenne qu’est l’Allemagne. Selon la presse allemande, le prix de l’eau minérale a augmenté de 31% et celui des pâtes de 40%, et l’huile de tournesol 28% plus chère. 
 

Les ruptures de stock et la hausse des prix sont directement liées au conflit ukrainien, comme pour l’huile de tournesol dont les besoins sont couverts à plus de 50% par l’Ukraine. De son côté, la presse ibérique fait état d’une inflation qui vient de battre tous les records depuis 1985 en Espagne : +9,8% sur un an, contre 5,1% en France et 7,5% de moyenne dans la zone euro, soit son plus haut niveau en 25 ans. Ce renchérissement des prix est généré par le conflit en Ukraine bien sûr, mais pas seulement. Cette inflation a relativement commencé bien avant la guerre en Ukraine, avec la revue relative à la hausse des prix des matières premières (pétrole, gaz, minéraux) qui sont revenus au même niveau qu’avant la pandémie de Covid-19, en raison d’un effet de rattrapage. 
 

Le conflit en Ukraine a fait accélérer cette flambée des prix des matières premières dans l’agriculture et l’industrie, à travers la planète. Les ruptures dans les chaînes d’approvisionnement sont observées aux quatre coins du monde. La hausse des prix sur les marchés internationaux rend inaccessibles certaines denrées alimentaires pour les plus pauvres. L’indice mensuel des prix des denrées alimentaires, publié le 8 avril par la FAO, a flambé de 12,6% pour atteindre 159,3 points en mars, soit la hausse la plus élevée depuis 32 ans. Le conflit a mis en évidence les interdépendances mondiales sur le plan agricole, tant au niveau des céréales que du gaz, indispensable à la composition des fertilisants azotés, intrants primordiaux utilisés dans l’agriculture. 
 

La Russie et l’Ukraine comptent pour le tiers des exportations mondiales de blé, le cinquième pour le maïs et 13% pour l’huile végétale. La liste des pays qui interdisent ou limitent les exportations de produits agricoles, pour sécuriser leur propre approvisionnement, s’allonge. Les chaînes d’approvisionnement sont désorganisées, amplifiant les effets déjà très durs de la pandémie de Covid-19 qui a plongé des milliards de personnes dans une grande précarité économique. 

Avec les chocs géopolitiques qui s’annoncent davantage complexes, les prix agricoles devraient rester élevés, mettent en garde les analystes qui appellent à des mesures concrètes qui doivent être prises par la communauté internationale pour répondre aux urgences humanitaires et garantir une souveraineté alimentaire aux pays qu’ils soient du Nord comme du Sud. Il faut tirer les leçons de cette crise, et des crises précédentes, en construisant des systèmes alimentaires plus justes et territorialisés. L’urgence est ainsi de sauvegarder les conditions de subsistance des pays vulnérables.

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