Des scènes bouleversantes renvoient à la tristesse d’un enfant, rattrapé par la dure réalité de son pays.
Le réalisateur irakien Sahim Omar Khalifa était en Algérie, samedi dernier, pour défendre son film Baghdad Messi, en sélection officielle au Festival d’Oran du film arabe. D’une heure trente, Baghdad Messi retrace la vie du petit Hamoudi, un enfant de 10 ans aimant le football par-dessus tout et rêvant un jour de devenir une star du ballon rond, à l’instar de son idole Lionel Messi.
Chouchouté par des parents aimants, qui font tout pour lui faire oublier les affres de la guerre, le contexte irakien finit néanmoins par avoir raison du jeune garçon quand il se retrouve victime collatérale d’un attentat-suicide alors qu’avec ses amis dans la rue, ils jouaient au football. Il y perd une jambe et ses parents, bien qu’anéantis par cette catastrophe, font leur possible pour lui remonter le moral, le protéger, lui éviter de tomber dans la dépression la plus abyssale.
Des scènes bouleversantes s’ensuivent, qui renvoient à la tristesse d’un enfant, rattrapé par la dure réalité de son pays, et dont la guerre et les tintamarres réduisent à néant tous ses rêves de folie. Ceci dit, l’âme humaine étant ce qu’elle est, l’homme finit toujours par se faire à son existence fut-elle des plus difficiles. C’est alors que Hamoudi s’habitue à sa jambe manquante, et à l’aide de béquilles, reprend sa niaque d’enfant, d’autant que sa naïveté lui laisse suggérer l’idée que sa jambe, tôt ou tard, finira par repousser.
Mais comme hélas, dans la guerre, il n’y a pas de répit, voilà que son père, interprété par l’acteur Atheer Adel, menacé, se voit dans l’obligation d’emmener sa petite famille dans un petit village isolé, très loin de la capitale irakienne. Pour subsister, il vend du poisson et parvient, tant bien que mal, à garantir à sa famille une paix relative. Baghdad Messi n’est pas un film spécialement dur, il se contente juste de refléter la réalité irakienne au point de susciter chez le commun des spectateurs un malaise, une gêne.
Pépite cinématographique
Voilà que le jeune Hamoudi, ayant retrouvé toute sa mobilité grâce aux béquilles, s’en va un jour, avec ses nouveaux amis du village, valdinguer loin des habitations. Ils aperçoivent un cadavre étalé à même le sol et en s'en approchant, Hamoudi échappe de peu à la mort suite à l’éclatement d’une mine, qui lui cause néanmoins nombre de blessures.
On voit ici le courage et la dignité de sa mère Salwa, interprétée par l’actrice Zahraa Ghandour (présente elle aussi à Oran), qui veut protéger son enfant sans s’adonner à la surprotection, consciente que du haut de ses dix ans, Hamoudi a besoin de liberté, de respirer le grand air, de vivre. A la maison, comme défiant la guerre et l’ordre établi, ne les laissant pas les aspirer tout à fait, il parle avec ses parents et son frère de Lionel Messi, Chrstiano Ronaldo, Manchester City et autres clubs footballistiques. Grâce à une vieille télévision, installée dans sa chambre, il ne rate aucun match de ses équipes préférées jusqu’au jour hélas où ce vieux téléviseur, du fait de sa vétusté, finit par griller.
De quoi faire broyer du noir le jeune enfant et le pousser au fond du trou. Cela est bien sûr sans compter sur l’amour de son père, dont la témérité le pousse à retourner à Baghdad, malgré les risques, pour faire réparer la télévision à son fils. On n’en dira pas plus au risque de spoiler celles et ceux qui seraient intéressés de découvrir cette pépite cinématographique. Baghdad Messi est un film qui se veut un miroir de la société irakienne, mais il retrace aussi à la perfection les états d’âme d’un enfant plein d’allant mais devant affronter, malgré son jeune âge, les affres qui ont raison de son pays.
Il dépeint aussi, avec brio, l’amour que portent des parents à leur enfant, qui tentent coûte que coûte de le protéger et lui garantir une belle vie malgré les hostilité du dehors.