Fin de la visite officielle du président de la république en Italie : Accords ambitieux et «liens organiques»

28/05/2022 mis à jour: 04:51
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Abdelmadjid Tebboune achève sa visite en Italie après un programme intense

En visite d’Etat depuis mercredi dernier en Italie, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a achevé hier sa visite officielle de trois jours à Rome, à l’invitation du président Sergio Mattarella. Le moins que l’on puisse dire, au vu de son agenda, est que le chef de l’Etat a eu droit à un programme extrêmement intense, qui traduit la profondeur et la force des liens entre les deux pays.
 

Le président Tebboune, qui était accompagné d’une importante délégation ministérielle, a eu droit à un accueil à la fois solennel et chaleureux, ce jeudi, de la part de son homologue italien, qui était venu en Algérie, rappelle-t-on, en novembre 2021. 

M. Tebboune a été reçu au Palazzo del Quirinale, le palais présidentiel à Rome, où il s’est entretenu en tête-à-tête avec le chef de l’Etat italien. Les entretiens «ont été élargis aux délégations des deux pays», indique l’APS. 

Abdelmadjid Tebboune a été reçu ensuite au Palais Chigi, siège de la présidence du Conseil des ministres italien, par le président du Conseil, Mario Draghi. Toujours ce jeudi 26 mai, le président de la République s’est également entretenu avec la présidente du Sénat italien, Maria Elisabetha Alberti Casellati, ainsi qu’avec le président de la Chambre des députés, Roberto Fico. 
 

«Nos relations ont toujours été au beau fixe»
 

S’exprimant lors d’un point de presse à l’issue de ses entretiens avec le président Mattarella, Abdelmadjid Tebboune a assuré, selon des propos rapportés par l’APS, que «ce que retient la mémoire algérienne de l’Italie, pays ami, est très positif, que ce soit avant ou durant la Guerre de Libération nationale, à l’indépendance ou à ce jour». «Nos relations avec l’Italie ont toujours été au beau fixe», a-t-il appuyé, «et nous espérons davantage». Ne tarissant pas d’éloges sur le pays de Pasolini, le chef de l’Etat dépeint une «amitié solide et ancienne entre l’Algérie et l’Italie».
 

Abdelmadjid Tebboune s’est félicité, par ailleurs, de la qualité des échanges qu’il a eus avec son hôte sur plusieurs sujets, notant une «convergence totale» sur toutes les questions «d’intérêt commun». Cette «convergence de vues» était surtout palpable sur le dossier libyen et aussi la situation en Tunisie. «Nous partageons les problèmes de la Tunisie et nous sommes prêts à l’aider à trouver une solution», a affirmé le président de la République. «Et nous sommes également disposés à aider davantage pour garantir la stabilité de la Libye», a-t-il ajouté.

 Toujours à propos de la crise libyenne, M. Tebboune a soutenu qu’«au-delà de toutes les expériences des Nations unies, du Conseil de sécurité et des amis de la Libye, la seule solution reste les élections, qui donnent la parole au peuple libyen et permettent la reconstruction de la Libye sur des bases démocratiques». 
 

Et pour revenir aux relations bilatérales, le chef de l’Etat n’a pas manqué d’aborder le dossier du gaz et la «coopération énergétique», qui occupe une place primordiale dans les échanges commerciaux entre Alger et Rome. «Nous sommes tenus moralement de préserver les accords avec tous les Etats. 

A fortiori avec l’Italie, qui est un pays ami», a-t-il déclaré. «Nous demeurons engagés et disposés à satisfaire la demande de l’Italie», a renchéri le Président. Abdelmadjid Tebboune a parlé de «lien organique» pour décrire la relation particulière qui unit les deux pays, par-delà les intérêts énergétiques. 

Il a soufflé l’éventualité de développer la coopération dans le secteur de l’énergie «en menant une exploration commune entre les sociétés Sonatrach et ENI». «Tout surplus dans la production devant être orienté, en fonction de la demande, vers l’Italie, qui pourra devenir distributeur pour l’Europe», a avancé le Président. Il a précisé en outre qu’une «proposition de réalisation d’un câble sous-marin entre l’Algérie et l’Italie a été faite», câble via lequel «l’approvisionnement en énergie électrique sera assuré vers l’Italie et pourra même s’étendre vers une partie de l’Europe», écrit l’APS. 
 

«Un partenaire stratégique pour l’Italie»     
 

M. Mattarella a mis l’accent, de son côté, sur la nécessité d’«intensifier les efforts pour consolider la coopération Algérie-UE», en mettant en avant le rôle de l’Italie dans ce rapprochement. «L’Italie, pays au cœur de l’UE, appelle à intensifier la coopération avec l’Algérie. Les agendas méditerranéens fixés par l’UE sont justement un signe pour aller de l’avant dans ce sens», a déclaré le président italien au cours de ce même point de presse. 

Pour Sergio Mattarella, il ne fait aucun doute que l’Algérie est «un partenaire stratégique pour l’Italie, notamment en matière d’énergie, mais aussi dans d’autres domaines». Et de lancer : «Nous sommes très reconnaissants à l’Algérie pour l’intensification de la coopération ces derniers mois grâce aux contacts tenus entre nos deux gouvernements.» 
 

Au-delà de l’énergie, le président italien voit grand pour la coopération économique et commerciale entre les deux Etats méditerranéens. Le marché algérien est «très important» pour l’Italie, a-t-il insisté. 

M. Mattarella a également souligné l’importance de la coopération culturelle entre deux pays unis par une «civilisation commune dans la Méditerranée». Il a mentionné au passage plusieurs actions qui ont été lancées, spécialement dans l’intervention sur le patrimoine antique, dont la restauration de monuments culturels et archéologiques, l’échange de chercheurs et d’étudiants ou encore la coopération interuniversitaire. 
 

Sergio Mattarella a fait mention, avec un enthousiasme non dissimulé, de la tenue, au mois de juillet prochain, du quatrième sommet entre les gouvernements italien et algérien. Pour le chef de l’Etat italien, il s’agit là d’un «rendez-vous d’une importance capitale, durant lequel on espère pouvoir parvenir à signer un mémorandum d’entente tout aussi important que les accords devant être signés au Palais Chigi (ce jeudi), en présence du Président Tebboune». 
 

Il convient de souligner, en effet, qu’un «nombre important d’accords bilatéraux» ont été conclus ce jeudi entre l’Algérie et l’Italie en présence de M. Tebboune et de Mario Draghi, le président du Conseil italien, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, cité par l’APS. 

Parmi ces accords, un «mémorandum d’entente pour le développement de projets gaziers et d’hydrogène vert» entre Sonatrach et ENI (voir encadré). Il y a aussi un autre mémorandum d’entente pour le «développement de la coopération bilatérale dans le domaine des PME/PMI», ainsi que la «déclaration conjointe pour la lutte contre la corruption et le financement du terrorisme». 
 

A retenir également la signature d’un autre mémorandum d’entente pour le secteur du tourisme et un protocole d’accord portant sur la culture et la sauvegarde du patrimoine. «Par ailleurs, et dans la perspective de la tenue, à Alger, du 4e sommet intergouvernemental algéro-italien, les 18 et 19 juillet 2022, une déclaration d’entente a été cosignée par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, et son homologue italien, par laquelle les deux gouvernements confirment leur volonté partagée de consolider le partenariat stratégique entre l’Italie et l’Algérie et de renforcer les relations algéro-italiennes dans les secteurs prioritaires», nous informe l’APS. 

Cela concerne «la coopération dans le domaine de la sécurité, l’industrie et les infrastructures, la transition énergétique, les énergies nouvelles et renouvelables, notamment l’électricité et l’hydrogène, la promotion des investissements, les PME/ PMI et les start-up, les ressources en eau et la sécurité hydrique, la pêche et l’aquaculture, l’industrie minière, notamment la filière marbre, la coopération technique et la recherche scientifique, l’industrie cinématographique», détaille l’agence officielle. 

Ces accords, assure-t-on, «seront formalisés à l’occasion du sommet prévu en juillet prochain». 

 

 

 

Mémorandum d’entente entre Sonatrach et ENI

Parmi les nombreux accords qui ont été signés jeudi dernier entre l’Algérie et l’Italie dans le cadre de la visite d’Etat du président Abelmadjid Tebboune à Rome : un mémorandum d’entente pour le développement de projets gaziers et d’hydrogène vert, conclu entre Sonatrach et le groupe italien ENI, rapporte l’APS. Le mémorandum d’entente a été signé par le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, et le directeur général du groupe italien Eni, Claudio Descalzi, en présence de M. Tebboune et du Premier ministre italien, Mario Draghi. Ce mémorandum d’entente vise «l’accélération du développement des champs gaziers découverts en Algérie et la réduction de l’empreinte carbone à travers l’exploitation de l’hydrogène vert», précise l’APS en se référant à un communiqué de Sonatrach. «Le mémorandum d’entente signé aujourd’hui entre les deux parties est une nouvelle pierre apportée à l’édifice de la coopération fructueuse dans le domaine de l’énergie entre l’Algérie et l’Italie, et qui œuvrera à renforcer les relations entre les deux pays», souligne le groupe Sonatrach à travers son communiqué. Cet accord «permettra une évaluation des capacités de gaz disponibles afin de mener un développement ‘‘accéléré’’ des champs découverts par Sonatrach», relève l’APS. D’après les estimations de Sonatrach, le volume de gaz produit dans les régions concernées par ce mémorandum devrait atteindre 3 milliards de mètres cubes par an. Cela «contribuera ainsi à augmenter la capacité d’exportation par l’Algérie vers l’Italie via le gazoduc transcontinental Enrico Matteï/Transmed», affirme le groupe pétrolier national. Ce mémorandum comprend, par ailleurs, une «évaluation technique et économique du projet expérimental d’hydrogène vert, au niveau du champ de Bir Rebaa Nord, qui vise la réduction de l’empreinte carbone émise par l’usine de production de gaz de ce champ», indique l’APS. 

 

 

Sur les traces de Jugurtha  

Programme de la visite du président Tebboune en Italie : le chef de l’Etat s’est rendu à la prison Mamertine, à Rome, où le roi numide Jugurtha avait été emprisonné jusqu’à sa mort en l’an 104 av. J.-C. «Une pièce de l’histoire de l’Algérie viscéralement ancrée dans le cœur de Rome. Le dernier lieu où le roi numide Jugurtha, fils de Cirta et petit-fils de Massinissa, a été emprisonné. Il y mourut en l’an 104 av. J.-C., après une guerre sans merci contre les Romains qui a duré 7 ans», avait tweeté Ramtane Lamamra, d’après l’APS, lors d’une visite qu’il avait effectuée à Rome en octobre 2021.

 

 

 

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