Fête de la musique : Un concentré du potentiel oranais présenté à l’Institut français

24/06/2023 mis à jour: 00:34
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La soliste Berrouayel Djamila, mercredi dernier, lors de la fête de la musique

L’appel à candidature, lancé quelques jours plutôt, a été largement fructueux avec plus d’une cinquantaine de demandes enregistrées pour une participation à titre individuel ou en groupe. 

Les espaces étant limités, il fallait donc passer une présélection avant d’être fixé sur la liste finale, a indiqué le directeur de l’IFO, Romain de Tarlé. Le programme a tenu compte des styles et il y en a eu pour tous les goûts, ceci d’autant plus que les spectateurs ont également afflué en nombre. Les prestations ont été assurées parallèlement à l’intérieur et à l’extérieur du hall d’entrée rendant la gestion des flux difficile mais la fête a finalement été une réussite malgré quelques légères déconvenues d’ordre technique. 

Dans le tas certains musiciens sont venus avec leurs propres créations et c’est ce qui est encourageant pour l’avenir de la musique à Oran. C’est l’exemple de la saxophoniste Djamila Berrouayel qui a improvisé quelques notes de jazz, un choix de genre et d’instrument quelque peu osé car inhabituel pour une femme. Diplômée de l’Institut régional de formation musicale IRFM, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

«J’ai fait mes classes de classique mais au bout de six ans je suis quand même retournée pour me perfectionner dans le jazz», nous a-t-elle déclaré à l’issue de sa prestation.

Elle est dans le domaine de l’informatique pour gagner sa vie mais elle est sur le point de monter un groupe avec un guitariste, un bassiste et un percussionniste. Un «quatuor» en répétition et au sujet duquel on ne s’est pas encore mis d’accord sur le nom à lui donner. Côté rap, hormis Yami et ses tirades en anglais, le public a eu l’occasion de découvrir le fougueux «ZD4» (nom d’artiste) qui a performé en arabe algérien. 

Des textes qui accrochent d’emblée et dont les contenus traduisent bien l’actualité, les sentiments et la façon d’être de la jeunesse d’aujourd’hui, celle de la génération post-hirak qui, elle aussi, a des choses à dire. Sur un autre registre, avec ses airs de chansonnier, le guitariste Amine (Alias Tahat) est venu lui aussi proposer ses propres chansons.

Ce sont quelques accords de base mais suffisants pour soutenir ses mélodies et ses textes inspirés de la vie réelle, tantôt interrogatifs, tantôt empreints de désespoir pour ceux exprimant les pensées intimes.

A titre illustratif, alors que dans un premier titre, il se demande «kifach n’ichou ?» (Comment allons-nous vivre ?), dans un second il admet : «sayit ou ma qaditch» (j’ai essayé mais je n’ai pas pu). Une prestation originale, moins festive mais tout aussi captivante. Toujours dans le registre de la création, Hiba est l’une des rares à vouloir se lancer dans l’aventure du genre électro.

Ses vocalises envoutantes et spatiales combinées aux effets sonores choisis, mixés et préenregistrés, sont parfois soutenues par des textes. «Dans mes créations, je m’inspire aussi des rythmes et des mélodies du patrimoine algérien», nous explique-t-elle. Le résultat est tout simplement bluffant comme dans ce titre intitulé «Ed-Denia» (la vie). «J’ai choisi cette voie car je me suis rendue compte que c’est le genre électro qui me convient le plus pour exprimer mes idées musicales, un genre qui pour moi ouvre beaucoup de perspectives pour la création et présente un large spectre d’exploration sonore», ajoute-t-elle. Habituellement, elle se produit dans les espaces fermés.

Ce n’est pas le cas ce soir-là, mais le public a apprécié sa prestation. Fonctionnant déjà comme des professionnels, avec une formation complète et même un staff pour la gestion technique, le groupe Rahala est connu pour ses propensions à créer de l’ambiance en multipliant et allongeant les séquences rythmées et c’est ce que le public demande en général.

La prestation assurée ce soir-là n’a pas dérogé à la règle mais le groupe a bien fait de proposer au public une chanson de son propre cru. «Cette chanson je l’ai écrite en 2011 (soit trois ans avant la formation du groupe) et j’espère qu’elle vous plaira !», annonce le chanteur. Le résultat est intéressant, le public a apprécié et cela change des reprises à n’en pas finir.

Pour le genre Metal (terme générique pour désigner plusieurs tendances «heavy» issues hard rock), il faudra peut-être repasser mais la prestation d’un groupe local a malgré tout le mérite d’exister, le look compris (relativement). On n’est pas obligé d’être virtuose de la guitare et on peut très bien s’en sortir avec quelques riffs et quelques accords mais c’est la qualité et la puissance du chant qui font généralement défaut ici. La scène Metal est rare en Algérie et encore moins à Oran.

Des tentatives, il y en a eu, mais les expériences précédentes sont toutes restées sans lendemain, y compris la plus prometteuse d’entre elles, Amnesty à ses débuts et il y a déjà longtemps de cela.              

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