Festival pour la sauvegarde du patrimoine culturel á Tizi Ouzou : Préserver les vecteurs de transmission

23/09/2024 mis à jour: 22:47
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La première édition du Festival de Boudjellil a regroupé 80 participants

Aussi belle que louable l’initiative prise par les jeunes du village Boudjellil, dans la commune d’Irdjen, wilaya de Tizi Ouzou, qui ont organisé, en collaboration avec l’APC et la direction de la culture et des arts, la première édition du festival pour la sauvegarde du patrimoine culturelle matériel et immatériel.

 Deux journées durant, les membres de l’association Ameziav N’Lehna ont crée une animation particulière dans cette bourgade, en mettant sur pied un riche programme d’activités. Cette localité a ainsi connu, le week-end dernier, une affluence de visiteurs venus découvrir l’exposition mise en place sur les abords de la ruelle principale du village comme pour orner les lieux de ces stands de produits de terroir et autres objets traditionnels. Des artistes, des artisans, des auteurs, entre autres, ont pris part à cette activité dans une ambiance festive tant le village offre, d’emblée, l’image d’un lieu splendide. Juste à l’entrée, on découvre une fontaine (Tala T’Garsift), réhabilitée et embellie par les villageois de manière à faire d’elle un endroit féerique. 

Sur les abords d’une allée réservée, pour la circonstance, exclusivement aux piétons qu’on peut trouver tout ce qui a un lien avec notre patrimoine ancestral (habit traditionnel, plantes, bijou, poterie, vannerie..) et tout ce qui a trait à l’artisanat local. Nous avons également rencontré, lors de notre passage, des auteurs de la wilaya de Tizi Ouzou, dont Ahcene Mariche et Farida Sahoui qui ont organisé la vente-dédicace de leurs ouvrages. «Il y a ces occasions qui nous permettent de se rencontrer. C’est une initiative à saluer et encourager, car elle rassemble les citoyens autour des activités intéressante», nous confie Ahcene Mariche, qui souligne, en outre, l’intérêt qu’accordent, ces dernières années, les jeunes à la culture et à l’histoire. 

«Cet événement a regroupé pas moins de 80 participants venus des différentes localités de la wilaya de Tizi Ouzou. Notre objectif est d’encourager la sauvegarde de notre patrimoine et le sauver de disparition. Nous tenons à remercier tous ceux qui ont pris part à cette manifestation où aidé, de près ou de loin, à la réussite de cet événement», déclare un membre de l’association Ameziav N’Lehna. 

Plaidoyer pour la promotion de tamazight 

De son côté, Rabah Mensous, maire de la commune d’Irdjen, dira que les habitants de Boudjellil donnent toujours l’exemple à travers leur attachement à l’amélioration du cadre de vie au sein du village, et ce, a-t-il fait remarquer, à travers les multiples actions engagées afin de créer une parfaite organisation basée sur la mobilisation citoyenne pour l’intérêt commun. Oui, effectivement, la question et l’organisation au sein du village est visible dès l’entrée à Boudjellil où ont peut remarquer les réalisations de la population. On peut, d’ailleurs, citer, à titre illustratif seulement, la bâtisse qui abrite le siège de l’association organisatrice de l’événement qui dispose de salles pour de multiples activités. 

D’ailleurs, c’est à l’intérieur de cet espace qu’une conférence a été animée, vendredi, par des universitaires qui ont mis en relief, dans leurs interventions, la préservation du patrimoine. Ainsi, Hacene Halouane, maitre de conférences à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, a parlé de l’importance de l’organisation sociale dans la sauvegarde du patrimoine. 

De son côté, Hamid Billek, archéologue et ancien directeur au HCA (Haut-Commissariat à l’amazighité), a évoqué la convention de l’Unesco ratifiée par l’Algérie en 2004. Il a également expliqué que le patrimoine culturel matériel est constitué essentiellement des paysages construits, de l’architecture et de l’urbanisme, des sites archéologiques et géologiques, de certains aménagements de l’espace, d’objets d’art et mobilier. Par contre, l’immatériel concerne, a-t-il fait savoir, les traditions et expressions orales, pratiques sociales, rituels et événements festifs et l’artisanat traditionnel. Le même conférencier a plaidé pour la promotion de tamazight car, a-t-il insisté, la langue est l’un des principaux vecteurs de transmission pour la préservation du patrimoine. 


Sensibilisation 

«Il faut soutenir des activités au potentiel économique pour les artisans, car la préservation du patrimoine peut créer une dynamique commerciale», a-t-il ajouté. Pour sa part, abordant dans le même ordre d’idées, Farid Rabia, enseignant de tamazight, et membre de la commission d’évaluation du concours «Socialisation de la langue amazighe» qu’organise l’APW de Tizi Ouzou, a précisé que le travail doit être constant afin de maintenir toutes nos us et coutumes. 

Pour préserver le patrimoine culturel matériel et immatériel, il faut, a-t-il été souligné lors de la même rencontre, de la sensibilisation pour aider les gens à comprendre que la clé de la sauvegarde est la transmission  de génération en génération, de manière à laisser une place à l’évolution naturelle du savoir et du savoir-faire. 

Par ailleurs, d’autres activités étaient au programme de ce festival. Il y avait ainsi la présentation d’ouvrages de poésie édités par de jeunes poètes, en l’occurrence Tinhinane Harcheb, Kenza Nechab et Anis Idir qui ont même déclamé des poèmes émouvants. Du chant et du théâtre ont également meublé le menu de ces journées. D’autre part, notons que, dans le cadre du programme du festival, un hommage a été rendu aussi au journaliste Rachid Hamdad à travers un recueillement devant la tombe du défunt. 

Et ce, en présence, entre autres, des membres de sa famille et ses amis. En somme, la première édition du festival pour la préservation du patrimoine organisée au village Boudjellil fut un événement grandiose. 

 

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