Festival international du Théâtre expérimental du Caire : Asma Cheikh décroche le prix de la meilleure comédienne

10/09/2023 mis à jour: 23:09
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Photo : D. R.

Asma Cheikh, dont nous avons loué la remarquable qualité de jeu dans «Nostalgia» (El Watan du 22 juin 2023), vient de décrocher le prix de la meilleure comédienne à la 30e édition du Festival international du Théâtre expérimental du Caire à laquelle le Théâtre du Point-Oran représentait l’Algérie.

Mise en scène par Lakhdar Mansouri, Nostalgia est une traduction de «l’histoire des ours panda racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort», du Franco-Roumain Matéi Visniec. Dans ce spectacle, relevions-nous, le risque pour les comédiens est de se mettre à nu, de se dévoiler personnellement et de révéler trop sur soi-même, dans la mesure où ils doivent faire appel au plus intime de leur mémoire affective, afin de camper avec justesse les deux personnages pris dans un étrange conflit où il est question de vie, de mort et d’amour, des sujets tout ce qu’il y a de troublant.

Asma Cheikh y a pris tous les risques, habitant son personnage au plus près de son extravagance, de son audace dans le propos, entre sincérité, ambiguïté et rouerie, et une gestuelle libérée, de minauderies coquines et d’un rire cristallin, mélange de moquerie et de provocation à l’endroit d’un pataud compagnon d’infortune campé par Fathi Mebarki.

Le prétexte dans «Nostalgia» ? Un musicien, en proie au doute, au point d’être timoré, se réveille un matin avec une belle inconnue dans son lit. Estomaqué par la situation, il l’interroge à brûle pourpoint, plus inquisiteur que curieux, s’ils ont fait l’amour. Avouez que cela n’est pas habituel dans le théâtre algérien…

Mais également dans le théâtre marocain puisque la traduction du texte a été assurée par le dramaturge et metteur en scène marocain Abdelmadjid Al Haouasse, un adepte des nouvelles écritures dramatiques et scéniques, d’où sa sélection au festival de théâtre expérimental.

C’est ce qui explique, en partie, l’option pour une langue soutenue dans les dialogues, le propos en darija risquant de verser dans le graveleux. Avec Nostalgia, c’est aussi un théâtre élitiste qui est investi, un théâtre, cependant, loin d’être brumeux, voguant plutôt entre comédie et fantaisie. Aussi, le spectacle signe-t-il un retour heureux du Théâtre du Point, après une éclipse d’une décennie.

Néanmoins, Lakhdar n’est pas demeuré les bras croisés durant tout ce temps puisqu’il s’est illustré, en 2020, en tant que metteur en scène à travers «Hammam», un accompli spectacle produit par le théâtre de Saïda sur un texte de Djebari Mohamed Khalil, un des comédiens distribués dans le spectacle, tous des professionnels mais qu’un membre de la production nous avait assuré être des amateurs, ce que nous avions rapporté et qui avait généré un malentendu.

Quant à Asma Cheikh, elle s’est fait plaisamment remarquer dans un pourtant tout petit rôle, en 2017, dans «Fin de partie», la rude pièce de Beckett où, contrairement aux indications de jeu de ce dernier, les comédiens étaient tenus dans un exercice de style de «jouer juste, jouer vrai» selon la théorie de Stanislavski en la matière.

Elle a créé un personnage tout de drôlerie, celui de Nell, la mère, jetée au rebus avec son Nagg, son époux, par leur fils Hamm. Signalons que Lakhdar Mansouri, tout ébaubi par le sacre obtenu, n’a pas oublié de faire état de ses remerciements au TNA dont le soutien a permis à la compagnie d’être présente au Caire.

 

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