Fact-checking : Fin du programme seulement aux Etats-Unis «pour le moment», dit Meta au Brésil

18/01/2025 mis à jour: 19:56
AFP
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Meta avait annoncé, le 7 janvier, mettre fin au fact-checking aux Etats-Unis

Le géant américain du numérique a respecté de justesse l’ultimatum des autorités brésiliennes qui l’avaient sommé vendredi de s’expliquer sous 72 heures, sous peine de mesures légales. 

Dans cette réponse, publiée mardi sur son site par le bureau de l’Avocat-général de l’Union (AGU), chargé de la défense des intérêts juridiques de l’Etat brésilien, Meta indique que son nouveau système de vérification de contenus sera d’abord testé aux Etats-Unis avant que ne soit envisagée toute extension à d’autres pays.
Basé sur des notes de contexte, ce nouveau système est semblable à celui qu’utilise le réseau social X, où les utilisateurs eux-mêmes sont censés modérer et démonter les mensonges, au lieu de s’appuyer sur des journalistes spécialistes du fact-checking.

Meta a indiqué que «son objectif était de chercher l’équilibre idéal entre la liberté d’expression et la sécurité, dans sa réponse envoyée au Brésil». Se disant engagée dans la protection des droits humains, l’entreprise a promis qu’elle allait «continuer à retirer tout contenu qui incite à la violence ou constituant une menace à la sécurité publique».
 

Far-West numérique 

Ces arguments n’ont pas convaincu le gouvernement brésilien, où ce débat est particulièrement sensible, dans ce pays d’Amérique latine de plus de 200 millions d’habitants, ultra-connecté et très vulnérable à la désinformation. «Les changements qui viennent d’être communiqués par Meta ne sont pas en adéquation avec la loi brésilienne et ne protègent pas suffisamment les droits fondamentaux des usagers», a déclaré l’AGU dans un communiqué. 

Cet organe a fait part de sa grave préoccupation sur certains aspects de la réponse de l’entreprise américaine, notamment la confirmation de l’application au Brésil des changements de sa politique de modération des discours de haine. La dernière version des règles de la communauté de Meta indique, entre autres, que ses plateformes autorisent les allégations de «maladie mentale ou d’anormalité» fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle.


«Les mesures annoncées récemment par Meta sont mauvaises, car elles portent atteinte aux droits fondamentaux et à la souveraineté nationale, donnant lieu à un Far-West numérique», a déclaré mardi Sidonio 
Palmeira en prenant ses fonctions de nouveau ministre de la Communication du gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. «Nous défendons la liberté d’expression, mais nous regrettons que ce concept soit détourné par les extrémistes pour favoriser la liberté de manipulation et d’agression», a-t-il insisté. 


Audience publique  

L’AGU a annoncé qu’une audience publique serait organisée jeudi (avant-hier, ndlr), en présence d’instances gouvernementales et de représentants de la société civile concernés par le thème des réseaux sociaux. 
La semaine dernière, Mark Zuckerberg a justifié la fin à venir de son programme de vérification des faits aux Etats-Unis, disant vouloir «restaurer l’expression libre sur (ses) plateformes». 


Cette décision a été largement vue comme un moyen de contenter le président élu américain Donald Trump, très critique de la politique de modération de Meta ces dernières années. Elle a d’ailleurs été saluée au Brésil par le camp de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro, soutien affiché de Donald Trump. M. Bolsonaro a été condamné à huit ans d’inéligibilité en 2023 pour avoir disséminé de fausses informations sur les urnes électroniques utilisées au Brésil.


L’an dernier, la plateforme X (ex-Twitter) possédée par Elon Musk avait été suspendue pendant quarante jours sur ordre de la Cour suprême, pour non-respect d’ordres judiciaires liés à la lutte contre la désinformation. L’AFP participe dans plus de 26 langues à un programme de vérification des faits développé par Facebook, qui rémunère plus de 80 médias à travers le monde, y compris au Brésil, pour utiliser leurs fact-checks sur sa plateforme, sur WhatsApp et sur Instagram. 
 

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