Exposition à la galerie Artbribus : Les 90 ans de Mohamed Aksouh

28/05/2024 mis à jour: 00:00
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Mohamed Aksouh, plasticien autodidacte

Aksouh est un artiste aussi discret que talentueux. Peut-être est-ce la recette de la longévité ! Né le 1er juin 1934, il marquera son 90e anniversaire à Paris dans la galerie Artbribus en présentant une exposition inédite de ces récentes œuvres.

 

Pour Aksouh, de son prénom Mohamed, cela fera plus de soixante ans qu’il expose ses œuvres. Celui qui vit le jour le 1er juin 1934 à Saint Eugène (aujourd’hui Bologhine) fêtera son 90e anniversaire lors d’un vernissage jeudi 30 mai à 18h30 dans la galerie Artbribus de Mustapha Boutadjine dont il est l’invité d’honneur. Il y présentera ses derniers travaux jusqu’au 21 juin.
 

Une des premières fois que la presse parle de lui, c’était au lendemain de l’indépendance, lorsque, âgé de 28 ans, son entrée dans le monde de l’art fit sensation. 

Le 19 juillet 1962, le quotidien La dépêche algérienne titre en gras : «Le premier Salon de l’indépendance connaît un véritable succès. Une révélation parmi les jeunes : Aksouh Mohamed». 

Le rédacteur émoustillé considère déjà que «les compositions abstraites ne sont pas sans sujet ou plutôt un état d’âme qui les inspirent. Son graphisme est coordonné et c’est dans l’harmonie des couleurs qu’il manifeste son sens d’une peinture du meilleur goût».

Celui qui débuta comme forgeron très jeune dans les années 1950 s’initia ensuite en autodidacte à la céramique et la poterie avant de se sentir attiré par la sculpture et la peinture. Il va dès lors faire une entrée remarquable dans l’art, y faisant irruption en dehors des sentiers battus et des codes alors en vigueur. Dans un livre qui lui est consacré, on lit : «Quand Aksouh aborde la peinture, sur la fin des années 1950, son itinéraire s’engage d’emblée, en marge de toute intention représentative, dans le champ d’une abstraction depuis des millénaires familière aux traditions plastiques du Maghreb.» Il n’est pas le seul avec cet état d’esprit parmi les fondateurs de la peinture algérienne, mais ses œuvres se distinguent d’emblée dans cette éclosion de talents que la liberté du pays a suscité. 


PARMI LES PEINTRES ALGERIENS PRESTIGIEUX DÉJÀ EN 1963  
 

En 1963, la toute première exposition véritablement algérienne, préfacée par Jean Sénac, réunit des peintures d’Aksouh, Baya, Hacène Benaboura, Benanteur, Bouzid, Guermaz, Issiakhem, Khadda, Azouaou Mammeri, Mesli, Martinez, Mohamed Racim, Bachir Yellès… Avec Denis Martinez, Aksouh est un des rares survivants de cette époque dont on ne peut que rêver en voyant les noms prestigieux affichés.
En 1965, il s’installe en France, et pour vivre, il reprend son métier de forgeron puis l’art le ronge. 
Mais très vite, il retrouve des amis,  notamment des artistes algériens fixés en France avant lui. De plus, il est déjà connu à l’étranger pour son art, avant et après 1962 et il va rapidement prendre le chemin des cimaises et devenir un grand parmi les grands artistes en France et de par le monde et ses tableaux seront très appréciés. 


Dans un entretien à Tahar Djaout, il confiait au sujet de son exil : «La peinture est partout, il suffit de regarder un caillou, un arbre. Mais si, autour de lui, il n’y a pas d’autres peintres, des musées, des critiques, des échanges, des possibilités de débat – tout l’humus et toute la logistique de la peinture – un peintre s’appauvrit, s’étiole et même s’étouffe. Avant de venir ici, je n’avais pas vu un Braque. Les galeries, le milieu artistique sont un stimulant, une nourriture pour un peintre. Pour vivre en tant que peintre, il faut ce genre de nourriture. Alors, on va la chercher où elle se trouve.»

Dès ses débuts, Jean Sénac écrivait dans un poème, en 1970 : «Mohamed Aksouh, la main émerveillée dans la nuit et les fruits de mer, ramène les contours précis de nos rivages. Malgré leur tentation cosmique, nous voyons bien, ici encore, que ces natures ne peuvent être d’ailleurs.» Bon anniversaire à Aksouh, artiste au long cours en espérant vivement une exposition en Algérie prochainement. 

 

France
De notre correspondant Walid Mebarek

 

(*) Notre journal El Watan est partenaire de cette exposition à Artbribus galerie d’art, 68, rue Brillat-Savarin, 75 013 Paris – 0616404400  

[email protected] 

– Site : artbribus.com
 

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