Quels sont les principaux éléments de preuve que vous avez soumis pour étayer la plainte d’Imane Khelif contre ses harceleurs en ligne ?
Alors principalement, ce sont les publications sur les différentes plateformes et les réseaux sociaux. C’est tout le contenu répété, circonstancié et les attaques sur son physique, sur son genre, sur sa nationalité, sur son apparence en générale et sur sa qualité de femme. Donc tout le contenu en ligne publié dans ce sens sera une preuve tangible de cyberharcèlement. Ce qu’a subi ma cliente est incontestable.
Pouvez-vous préciser les critères qui seront utilisés par les autorités pour identifier les individus responsables de cette campagne de dénigrement contre Imane Khelif ?
Oui, en premier lieu, il y a déjà tous ceux qui ont relayé des contenus agressifs, misogynes et racistes. Les premiers auteurs, ce sont des personnalités politiques et publiques qui ont utilisé leurs propres comptes sur les plateformes sociales dans cette campagne contre ma cliente. Dans ce cas, les problèmes d’identification ne se posent pas. Les auteurs sont connus.
Avez-vous l’intention de poursuivre non seulement les auteurs directs des attaques, mais aussi les plateformes numériques qui ont permis la diffusion de ces contenus haineux ?
Les plateformes sont un autre enjeu. Ce n’est pas un sujet qui concerne ma cliente en particulier. Cette question de modération relève du pouvoir législatif et non du judiciaire. Notre question est dans la responsabilité individuelle de chacun sur ses faits. Dans ce cas, la plateforme a parfois des obligations de modération certes, mais à condition qu’elle soit saisie par les utilisateurs. Le cabinet d’avocat que je représente et qui a été saisie par Imane Khelif est chargé de poursuivre les auteurs pour motif d’harcèlement.
Comment envisagez-vous de surmonter les défis juridiques liés à la nature transnationale de ce cyberharcèlement, étant donné que certaines attaques proviennent de l’étranger ?
Vous avez tout à fait raison de le qualifier de défis. Les plus grandes attaques au départ viennent de l’étranger. C’est incontestable. Je ne pourrais pas entrer trop dans les détails aujourd’hui pour les secrets de l’affaire. Ce que je pourrais dire, c’est que peut-être d’autres actions vont arriver bientôt.
Quels sont les objectifs principaux de Imane Khelif à travers cette action en justice, au-delà de la simple condamnation des coupables ?
Laver son honneur. C’est le message qu’elle a transmis et ce qu’elle attend de la justice.
Propos recueillis par Asma Bersali