Etat social planifié

14/02/2023 mis à jour: 09:26
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La problématique de la subvention des produits de première nécessité n’est pas près d’être résolue. Son dossier reste ouvert sur les bureaux des ministres en charge de définir les critères de sélection des personnes en droit de bénéficier de l’aide de l’Etat. Le manque de statistiques précises et ciblées complique davantage cette tâche si sensible qui relève beaucoup plus de l’humanitaire que d’une approche purement d’ordre arithmétique. A l’heure où la chute du pouvoir d’achat affecte tous les ménages, il n’est pas aisé de statuer les capacités des chefs de famille à subvenir correctement aux besoins de leurs foyers. Le chômage qui a fini par atteindre les diplômés, y compris universitaires, vient brouiller l’ordre des critères d’appréciation des catégories sociales de la population. Toute cette complexité provient de la volonté des pouvoirs publics à passer d’une subvention universelle à une aide plus ciblée. La nomenclature commune des prix profite aux catégories sociales aisées tout en alourdissant, de manière exagérée, le fardeau de l’aide étatique. A cette aide universelle en vigueur depuis fort longtemps s’ajoute une liste indéfinie de produits couverts par la subvention. Des chiffres rendus officiels font état d’une enveloppe de 640 milliards de dinars annuellement consentis pour soutenir le prix des céréales, des produits laitiers et de l’huile de table. Les autres produits ne sont pas pour autant exclus de cette aide publique du moment qu’ils ne sont pas soumis à la logique économique définie par l’offre et de la demande. Souvent leur prix n’égale même pas leur prix de revient. C’est le cas, entre autres, des tarifs de l’eau et de l’électricité. Le caractère social de notre Etat, sans cesse rappelé comme étant une reconnaissance immuable au sacrifice de nos martyrs, impose donc la prise en charge des besoins vitaux des catégories vulnérables de la population. La diversité des cas sociaux oblige à personnaliser ces aides. Il y va de la revalorisation du salaire minimum, de l’amélioration de l’allocation chômage et de l’augmentation proportionnelle des pensions de retraite. L’enveloppe financière qui couvre la hausse des salaires avoisine, à elle seule, quelque 600 milliards de dinars. Le phénomène de spéculation sur les produits de première nécessité précipite les crises en affectant gravement le pouvoir d’achat du citoyen à revenu modeste.

L’approche du mois sacré du Ramadhan est annonciatrice de ce comportement irrationnel des commerçants. Loin de toute logique économique ou commerciale, les prix connaîtront une hausse que rien ne peut justifier, sinon l’influence du gain rapide et facile. Cette autre particularité ramadanesque impliquera un autre genre de soutien d’urgence aux plus démunis sous forme de «couffin de Ramadhan», généralement traduit en bons d’achat de produits alimentaires. La liste des mérites de la politique sociale de l’Etat peut s’étendre encore à d’autres secteurs de la vie quotidienne du citoyen. C’est bien pour cela qu’elle doit être codifiée et protégée contre tout abus.

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