Les cybercriminels sont de plus en plus compétents et les attaques sont de plus en plus sophistiquées. Ils vendent des services que des Etats utilisent dans des conflits géopolitiques.
Le monde d’aujourd’hui et celui de demain est de plus en plus connecté, les données sont au cœur des principaux enjeux de l’évolution numérique qui marque notre époque.
Toutefois, si la numérisation offre une multitude d’opportunités dont nous devons tirer profit comme l’augmentation des revenus et l’amélioration de la qualité de vie des citoyens, elle demeure source de menaces diverses et destructives : espionnage, malveillance, fuite de données, blocages de sites avec exigence de rançon, extorsion de fonds, procédés opaques et menaces industrielles.
C’est ce qui a été mis en exergue lors de la première conférence sur les enjeux de la cybersécurité en Algérie, organisé par Intelligent Network (INET). La présidente Fella Gaouar a affirmé : «La transition numérique soulève de nouvelles problématiques dont nous ne maîtrisons pas tous les contours et la digitalisation est accélérée sous l’impulsion de la crise sanitaire liée à la propagation de la Covid-19.
Cette crise a démontré que pendant que des pans entiers de l’économie mondiale étaient à l’arrêt ou tournaient au ralenti, il ne subsistait que l’économie numérique et qui a permis de maintenir en vie certaines activités grâce aux télécoms».
Selon elle, «le monde et notre pays ont pris conscience de l’importance de la numérisation grâce aux efforts continus par l’Etat et les opérateurs économiques. L’Algérie doit se doter de moyens pour assurer sa transition numérique et arrimer son économie à l’économie mondiale.
Cette transition nécessite cependant pour notre pays le développement d’un écosystème économique et numérique de plus en plus dynamique». Elle nécessite en outre une infrastructure adéquate et des compétences humaines hautement qualifiées.
Lieu d’affrontement entre états
L’actualité nous démontre que le cyberespace est même devenu un lieu d’affrontement entre Etats. Les cybercriminels sont de plus en plus compétents et les attaques sont de plus en plus sophistiquées ; ils se sont professionnalisés et maintenant ils vendent leurs services à des Etats pour les utiliser dans leurs conflits géopolitiques. En moyenne, il y a 200 virus qui apparaissent par jour.
Sur le Dark Net (la face cachée du Net), on peut vendre des produits illicites comme des armes, de la drogue et des organes. Une partie de la criminalité va utiliser le cyberespace pour propager leurs actions.
Il y a plusieurs facettes, on peut avoir des attaques où ils vont chiffrer les données ou les voler et demander une rançon pour les restituer ; ils peuvent également rendre indisponibles les systèmes d’information ou des attaques pour harceler (atteinte à la vie privée ou la liberté individuelle) et touchent principalement les adolescents.
On peut avoir des attaques où ils vont faire en sorte qu’ils touchent à l’intégrité des données sans que la cible soit au courant. La maîtrise du risque cyber doit être une priorité des cadres en situation de responsabilité.
De nos jours, il devient de plus en plus urgent d’anticiper les menaces, prévenir les attaques et se préparer à y faire face. Il s’agit, selon les spécialistes de la question, d’assurer la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité de nos données. D’autres poussent plus loin l’analyse en affirmant que protéger nos données est devenu une question de souveraineté nationale.
L’heure est à la sensibilisation de l’utilisateur final de l’outil numérique qui n’est pas nécessairement un spécialiste des IT, mais auquel on doit enseigner les principes de base de protection : il faut éviter le mot de passe à 4 chiffres, mais favoriser celui à de 8 caractères ou plus, faire attention aux mails qu’on reçoit, tout le monde reçoit des spams et il faut être vigilant vis-à-vis des mails inconnus, il ne faut surtout pas cliquer sur les pièces jointes pour ne pas infecter son ordinateur. Il faut se méfier du courrier qui affirme que vous avez gagné telle ou telle somme d’argent, une manière de vous pousser à saisir votre numéro de carte bancaire.
Services de l’Etat, technologie, santé, notre société repose sur des Opérateurs d’importance vitale (OIV) qui doivent définir les stratégies et les moyens à mettre en œuvre pour optimiser leur sécurité. La cybersécurité est une responsabilité individuelle. Les particuliers doivent adopter de bons réflexes sur leurs mots de passe ou la mise à jour de leurs logiciels pour éviter de se faire piéger.
Les entreprises et les collectivités doivent intégrer la dimension cyber dans tous leurs projets et porter le sujet au niveau de la direction générale. La cybersécurité est une composante de la transformation numérique de l’économie et de la société. L’enjeu est de détecter au plus tôt les agressions pour les éviter ou atténuer leur gravité.