La justice espagnole a demandé hier au juge enquêtant sur le dossier de corruption et trafic d’influence visant l’épouse du Premier ministre socialiste, Pedro Sánchez, de s’en tenir au champ de l’investigation prévu, sans toutefois classer le dossier.
Un tribunal de Madrid a jugé «en partie» recevable l’appel déposé à la fois par le parquet et par les avocats de Begoña Gómez, sans accepter toutefois leur demande de classement. Le tribunal a demandé au juge Juan Carlos Peinado de suspendre l’enquête sur un des volets du dossier, «dans la mesure où il n’y avait pas de faits véritablement nouveaux au contenu incriminant», peut-on lire dans la décision judiciaire consultée par l’AFP.
Concrètement, ce volet du dossier concernait Globalia, une société qui a obtenu un contrat d’agence de voyages pour le compte de l’Etat. Begoña Gómez, qui dirige un master de management au sein de l'université Complutense de Madrid, est soupçonnée d’avoir utilisé les fonctions de son mari dans le cadre de ses relations professionnelles – notamment avec Juan Carlos Barrabés, un homme d’affaires espagnol également poursuivi, et dont les entreprises négociaient des aides publiques.
Devant le magistrat, Juan Carlos Barrabés a reconnu avoir rencontré Begoña Gómez plusieurs fois à la Moncloa, la résidence du Premier ministre, en présence de Pedro Sánchez, mais il a affirmé que leurs échanges, lors de ces entretiens, avaient porté sur l’innovation. Le juge Peinado, qui a ouvert cette enquête après une plainte déposée par un collectif proche de l’extrême droite, Manos Limpias (Les mains propres), a décidé de poursuivre son instruction malgré deux rapports de la Garde civile ayant conclu à l’absence d’infractions et une précédente demande de classement émanant du parquet.
Au moment de l’ouverture fin avril de l’enquête, Pedro Sánchez avait créé la surprise en suspendant ses activités pendant cinq jours et en disant songer à démissionner, affirmant que ces accusations étaient une manœuvre politique pour le déstabiliser. Il a lui-même été convoqué par le juge en tant que témoin dans cette affaire, mais Pedro Sánchez a fait valoir son droit au silence, que prévoit le droit espagnol pour une personne interrogée sur des faits visant quelqu’un de sa famille, lors de cette audition qui s’est tenue à la Moncloa. Pedro Sánchez et Begoña Gómez ont tous deux porté plainte contre le juge Peinado.