Espaces squattés sur les plages : Plan de bataille pour mettre fin à l’impunité

22/06/2022 mis à jour: 08:27
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Photo : H. Lyès

Le bras de fer continue entre les pouvoirs publics et les plagistes qui imposent leur diktat, au grand dam des baigneurs en dépit de la loi et les récents rappels à l’ordre des autorités qui insistent sur la gratuité d’accès aux plages.

Comme chaque année, la pagaille sur les plages, avec le phénomène du squat, plante son décor. Il y a aussi les concessions incontrôlées qui font fuir les estivants. Les plages sont supposées être gratuites concernant l’accès, mais il y a toujours des jeunes qui mènent la vie dure aux vacanciers et transforment la moindre sortie en bord de mer en cauchemar.

Pourtant, cette année, les autorités ont assuré qu’elles allaient prendre fermement en charge ce problème et monter au front pour l’éradiquer, du moins minimiser sa présence. Cependant, il faut une forte volonté et beaucoup de persévérance pour le déraciner.

Des jeunes, généralement sans travail, attendent avec impatience la saison estivale pour s’adonner à cette pratique, perçue comme un moyen, certes illicite mais toléré dans certains endroits pour avoir des rentrées financières.

Tout en voulant «remédier aux insuffisances enregistrées durant chaque saison estivale». Yacine Hamadi, ministre du Tourisme, a annoncé qu’une nouvelle gestion des plages, au nombre de 426 ouvertes à la baignade, est envisagée.

Il est prévu que ces plages soient gérées dorénavant par des opérateurs touristiques et agences de voyages, selon un cahier des charges bien défini. Sur ce point, le ministre a rassuré que l’accès à la plage est gratuit, toutefois, les services proposés seront payants avec un tarif raisonnable qui tient en compte le pouvoir d’achat des Algériens.

Ainsi, des administrateurs de plages seront en place pour contrôler les services proposés et garantir un séjour tranquille aux estivants. «Il y aura, certainement, des jeunes qui vont tenter d’imposer leur diktat. Mais les services de sécurité sont là pour appliquer la loi dans toute sa rigueur», précise le ministre.

Lors de la réunion préparatoire de la saison estivale 2022 qui a eu lieu à Alger le 10 mai, il a souligné la détermination de l’Etat à garantir le succès de la saison estivale 2022 à travers la prise de mesures nécessaires permettant de l’ériger en «saison touristique et économique par excellence».

Il a annoncé l’organisation de l’activité des concessions des plages par une gestion adéquate et professionnelle de ces espaces, à travers un cahier des charges qui permet de proposer un service de très bonne qualité aux estivants. Les plages attenantes aux établissements hôteliers classés sont concédées en priorité à ces établissements, conformément à la réglementation en vigueur.

Cette mesure annoncée à chaque saison estivale n’a pas été mise jusque-là réellement en pratique. Il y a des hôtels pieds dans l’eau comme par exemple Les Sables d’Or à Zéralda, qui ne peuvent concrètement bien fonctionner que si on lui donne la plage en concession. Il est difficile d’annoncer à un client que l’établissement n’a pas la main sur la plage et qu’il faut se contenter de la piscine ! Seules les prestations seront payantes.

Ce dossier doit être géré comme une véritable priorité de l’Etat et non comme un simple discours ministériel ou gouvernemental de circonstance pour dissiper définitivement le flou. Il y va même de la crédibilité des institutions. Il faut coûte coûte enlever aux squatteurs cette assurance qui consiste à croire qu’ils sont en «terrain conquis» et qu’ils ont des appuis dans telle ou telle administration.

Certains observateurs ont l’impression qu’il s’agit d’un dossier classé au fond d’un tiroir qu’on ressort à chaque arrivée de ministre, comme si le monde était figé. Quels sont les messages en termes de communication qu’on veut délivrer ? Il faut des stratégies et des études.

Il y a un challenge à gagner. Il faut reconnaître qu’il y a encore des tentatives de squatter les plages et de louer d’une façon illégale aux estivants tables, chaises, transats et parasols. Le bras de fer continue entre les pouvoirs publics et les plagistes qui imposent leur diktat, au grand dam des baigneurs en dépit de la loi et les récents rappels à l’ordre des autorités qui insistent sur la gratuité d’accès aux plages.

Les vacanciers continuent de se plaindre souvent sans gain de cause, puisque les plages sont toujours à la merci de leurs squatteurs. Compte tenu de sa stratégie visant l’amélioration continue des conditions de vacances procurées aux estivants, et dans le cadre de la préparation de la saison estivale, le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire avait entamé les années précédentes une démarche de formation au profit des administrateurs de plages.

L’objectif de cette mesure réside dans la prise en charge effective des estivants, l’éradication des pratiques informelles sur les plages ainsi que le maintien de la sécurité et de l’ordre dans les espaces balnéaires.

Il s’agit aussi de l’organisation et du contrôle de l’usage et de l’exploitation des moyens de détente et de loisirs au sein des plages afin d’éviter tout type d’incident, et ce, en collaboration avec les services de sécurité spécialisés. 

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