Éradication de l’habitat précaire et attribution de logement social à Constantine : Un dossier complexe à aborder en profondeur

24/08/2024 mis à jour: 09:08
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Les bidonvilles de Djaballah et Meskine avaient bénéficié de 17 000 logements - Photo : D. R.

Les services de la daïra ont entrepris une opération d’assainissement du fichier des demandeurs, une démarche qui devrait s’étendre sur une période de trois à quatre mois, au terme de laquelle «le nombre de dossiers pourrait être revu à la baisse».

Malgré les efforts constants de l’Etat pour éradiquer l’habitat précaire, ce phénomène persiste à Constantine, notamment au chef-lieu de la wilaya. Autrefois synonyme de conditions de vie difficiles, il est désormais détourné à des fins lucratives et utilisé comme levier pour obtenir des logements sociaux.

Les critiques sont nombreuses et portent sur l’opacité des processus d’attribution, le squat des habitations délaissées et la prolifération des constructions illicites. Constantine est ainsi le théâtre d’une lutte acharnée entre les autorités et les bâtisseurs illégaux, comme en témoigne la récente tentative de suicide collectif de jeunes dont les habitations précaires avaient été démolies.

Cet incident, survenu en pleine campagne présidentielle, a suscité plus d’indignation que de compassion parmi les Constantinois, las de voir ce problème perdurer au détriment de leurs chances d’accéder à des logements sociaux. Bien que de nombreux logements aient été attribués, beaucoup restent inoccupés, vendus ou loués, ce qui incite les citoyens à exiger des solutions plus radicales.

Prévenir la régénération des sites

Pourquoi ce phénomène persiste-t-il ? Le maire de Constantine, Charaf Bensari, adoptant une posture compréhensive face à la colère des citoyens, a expliqué que la question réside principalement dans le quota disponible.

Le nombre de demandes de logements excède largement le nombre d’unités attribuées chaque année. Historiquement, à Constantine, le maire explique que les attributions étaient basées sur des pré-affectations, sans démolition des sites existants, favorisant ainsi leur régénération.

Par exemple, les bidonvilles de Djaballah et Meskine, qui ont bénéficié de 17 000 logements durant les années précédentes, ont vu leurs terrains squattés par des non-résidents de Constantine. Pour pallier ces problèmes, de nombreuses mesures ont été mises en place, notamment l’abandon de toute collaboration avec les comités de quartier, qui avaient parfois détourné les attributions à des fins lucratives.

D’ailleurs, l’attribution des 3500 unités a été faite suite à la réception individuelle de chaque demandeur. Le chef de la daïra de Constantine, Abdelouahab Berkane, a également souligné que les opérations de recasement, souvent longues à se concrétiser, ne correspondent plus à la réalité actuelle. Il a désigné les sites non démolis comme des lieux de régénération continue.

Ce même responsable a cité l’exemple du site de Djaballah 1, où 513 familles avaient été recensées en 2011, 706 relogées en 2015, et 350 restaient encore sur place en 2024. Conformément aux directives du wali, selon ses dires, les nouvelles opérations visent à raser complètement ces sites et à récupérer les terrains pour de nouveaux aménagements, comme cela a été fait à Djeballah et Chaâbani.

Des projets d’utilité publique seront réalisés sur l’ensemble des sites récupérés. M. Berkane a reconnu que la défaillance incombe relativement tant aux pouvoirs publics qu’à l’incivisme des citoyens, soulignant l’impossibilité de surveiller chaque individu.

Malgré l’adoption d’un arsenal juridique et réglementaire pour combattre ces comportements, y compris la loi n°23-18 de 2023 relative à la protection et à la préservation des terres de l’Etat, qui prévoit des sanctions pénales. Les efforts restent insuffisants. Il a rappelé les tentatives de l’Etat pour accompagner et régulariser les constructions illicites via la loi 08-15, mais les démolitions et procédures judiciaires continuent de se multiplier.

144  000 demandes de logement social

M. Berkane a précisé que l’administration ne se concentre pas uniquement sur le logement social, mais oriente chaque citoyen vers le segment qui lui convient. «Depuis 1975, un cadre réglementaire a été mis en place pour la création de lotissements et l’intégration des terrains dans les réserves foncières des communes, qui ont ainsi pu créer plusieurs lotissements», a-t-il dit.

Le chef de daïra a abordé avec prudence la question du logement social, insistant sur la nécessité de ne pas généraliser les comportements négatifs observés chez certaines personnes. «Nous adoptons une approche où le mouvement associatif joue un rôle important dans notre mission d’accompagnement et de promotion de la démocratie participative, en matière d’implication citoyenne dans la gestion des affaires publiques. Cependant, ce n’est pas aux associations de dicter une ligne de conduite.

Elles constituent plutôt un outil d’aide à la décision. L’objectif est d’atteindre un niveau d’information équitable, où la collaboration avec ces acteurs vise à réduire la marge d’erreur. Cela étant, il faut reconnaître qu’il y a du bon et du mauvais», a-t-il souligné.

En évoquant le raccordement des constructions illicites aux réseaux d’électricité, de gaz et d’eau, il a indiqué que le logement social s’inscrit dans une vision globale, intégrant des instruments juridiques destinés à encadrer la gestion de cette nécessité. «Nous ne pouvons pas envisager le logement social de manière isolée, sans prendre en compte cette approche globale», a-t-il souligné.

Concernant les demandes de logement social déposées à ce jour au niveau de la daïra de Constantine, Abdelouahab Berkane a mentionné un total de 144 000 dossiers. Les services de la daïra ont entrepris une opération d’assainissement du fichier des demandeurs, une démarche qui devrait s’étendre sur une période de trois à quatre mois, au terme de laquelle le nombre de dossiers pourrait être revu à la baisse.

«Il est probable qu’il y ait eu des changements dans le statut ou les conditions de vie des demandeurs des années 1990. Avec l’évolution des données sociales, certains pourraient être réorientés vers d’autres segments de logements, tels que le LPA. Nous pourrions ainsi aboutir à un chiffre de 80 000 ou 90 000 demandeurs. Nous espérons en compter un peu moins», a conclu le chef de daïra.

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