Les fournitures scolaires n’ont pas été épargnées par la fièvre des prix que connaît l’Algérie depuis des mois en raison de la dévaluation du dinar et des taux d’inflation élevés, puisqu’elles ont enregistré des bonds de plus de 100%, ce que redoutaient les familles dont les budgets seront confrontés à une nouvelle épreuve.
Le coût élevé des fournitures scolaires est attribué essentiellement à la faiblesse de la production nationale et la baisse des opérations d’importation. La production nationale ne dépasse pas 30% des besoins du marché. Face à cette situation, devenue intenable pour de nombreuses familles, le gouvernement a décidé de créer des marchés spéciaux appelés «Souk Errahma» dans toutes les wilayas où l’approvisionnement se fait du producteur au consommateur directement avec des marges bénéficiaires préétablies, c’est-à-dire sans intermédiaires, ce qui permettra une réduction des prix.
Les dépenses de l’année scolaire nécessitent d’allouer des sommes importantes du budget familial pour acheter des livres et du matériel scolaire et payer les frais de scolarité. Un lourd fardeau de plus en plus difficile à porter, d’autant plus que l’achat des fournitures scolaires n’est pas une option mais une nécessité incontournable.
Dans ce contexte, le Parti des travailleurs (PT) a fait part, dans un communiqué de presse, de son inquiétude, car ayant constaté que les prix sont absolument inabordables et constituent un choc brutal pour les parents d’élèves. «L’augmentation des prix des biens de consommation et des services n’a jamais atteint les proportions actuelles. Annoncée depuis plusieurs semaines, l’envolée des prix des fournitures scolaires a choqué les parents d’élèves déjà confrontés à la vie chère qui touche tous les aspects de la vie (alimentation, habillement, matériaux de construction, produits électroménagers, transport…)», est-il mis en exergue.
Un simple tour dans des magasins de vente de fournitures scolaires donne un aperçu général sur l’insoutenable niveau des prix qui sont affichés. Le cahier le plus utilisé (96 pages) est passé en une année de 30 DA à 100 DA ! Soit une augmentation de 333% ! Le parti cite d’autres prix qui donnent le vertige : «Cahier de 48 pages : le prix est passé de 20 à 55 DA (+275%), cahier de 64 pages, le prix est passé de 25 à 69 DA (+ 276%), cahier de 96 pages, le prix est passé de 30 à 100 DA (+ 333%), cahier de 120 pages, le prix est passé de 40 à 130 DA (+325%), cahier de 192 pages, le prix est passé de 90 à 210 DA (+233%), cahier de 280 pages, le prix est passé de 160 à 340 DA (+212%), cahier de travaux pratique petit format, le prix est passé de 35 à 69 DA (+197%), Cahier de travaux pratiques grand format, le prix est passé de 90 à 198 DA (+220%).
Les prix des tabliers, des cartables ont connu tout aussi des augmentations exponentielles.» Selon le parti de Louisa Hanoune, «la prime de scolarité de 5000 DA destinée aux élèves dont les parents touchent moins de 18 000 DA/mois est loin de répondre aux besoins élémentaires des enfants scolarisés et encore moins prétendre résoudre le problème fondamental de l’égalité de l’accès à l’école pour tous, car l’immense majorité des travailleurs touchent un salaire moyen qui se situe autour de 30 000 DA. Les cantines scolaires sont également en danger, le repas est budgétisé à 45 DA. Un tel montant ne peut évidemment pas assurer une ration alimentaire correcte pour des enfants en pleine croissance».
Selon l’analyse de ce parti, la situation peut avoir des conséquences dramatiques et incalculables. Certaines familles pourraient être contraintes de réduire le nombre de leurs enfants scolarisés, «une régression terrifiante». La solution proposée «se trouve dans la prise en charge de l’Etat de l’ensemble des fournitures scolaires et de tous les moyens pédagogiques, didactique pour tous les élèves scolarisés. La République, c’est l’égalité des chances, c’est l’égalité devant l’accès aux services publics et en premier lieu l’école pour toutes et tous».
Phénomène inquiétant
Malgré leurs difficultés financières, certaines APC ont décidé de s’engager dans la dotation des élèves en fournitures scolaires. L’APC d’Irdjen (14 km au sud-est de Tizi Ouzou) va distribuer 1340 trousseaux scolaires au profit des enfants scolarisés. Elle indique avoir pris cette initiative, eu égard à la cherté des articles scolaires constatée sur le marché et pour soulager un tant soit peu du fardeau qui attend les familles des écoliers. Même initiative de la commune de Makouda.Dans le cadre de la solidarité scolaire, l’APC de Larbâa Nath Irathen a informé les parents d’élèves que «l’octroi de trousseaux scolaires concernera la totalité des élèves de la commune inscrits dans le cycle primaire. La distribution débutera dès la reprise des cours au niveau de chaque école».
La rentrée sociale 2022/2023 sera incontestablement plus chère que les précédentes années, pour plusieurs raisons. La première raison est la pandémie de Covid-19 qui a stoppé les activités commerciales mondiales pendant plus de 3 ans, et la hausse des prix des matières premières, en particulier du papier. Le retard dans l’octroi au ministère du Commerce des licences d’importation de fournitures scolaires, qui a été reporté de février 2022 à juin 2022, a entraîné leur arrivée tardive de Chine. Ce qui a fait flamber leurs prix.
La famille algérienne compte plus de deux écoliers en général, préfère s’approvisionner dans les marchés populaires pour échapper aux prix des librairies, jugés excessivement élevés.